Cargo 2015: de Rouen à la Guadeloupe puis de Pointe-à-Pitre à Montoir-de-Bretagne – avril – mai 2015

FSM_PaP_16mai2015Le Fort-Sainte-Marie, le samedi 16 mai 2015, devant la marina de Pointe-à-Pitre en Guadeloupe, avant son entrée dans le port de Jarry. Photo prise vers 7 h du matin depuis le Gold-Express  en provenance de Marie-Galante.

 

 Pour accéder aux différents chapitres de ce carnet de voyage 2015, cliquer sur leur titre

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  1. Le Fort-Sainte-Marie, cargo porte-conteneurs de la Compagnie CMA-CGM
  2. Le voyage – cartes et calendrier
  3. Embarquement à Rouen le mercredi 29 avril 2015
  4. Descente de la Seine le jeudi 30 avril 2015
  5. Escale au Havre le 1er mai 2015
  6. De la Normandie jusqu’en Bretagne samedi 2 et dimanche 3 mai
  7. La traversée de l’Atlantique du 4 au 11 mai 2015»
  8. Petite escale à Marie-Galante 11 au 16 mai 2015»
  9. Retour à bord du Fort-Sainte-Marie le 16 mai 2015
  10. Du Créole au Ch’timi : de Guadeloupe à Dunkerque du 16 au 25 mai 2015
  11. Escale à Dunkerque 25 et 26 mai 2015
  12. Retour à Rouen en remontant la Seine 26 mai 2015
  13. Descente de la Seine avant une nouvelle escale au Havre 27 mai 2015
  14. De la Normandie jusqu’en Bretagne 29 et 30 mai 2015
  15. Fin de ce Voyage

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1 – le Fort-Sainte-Marie, cargo porte-conteneurs de la Compagnie CMA-CGM

Le Fort-Sainte-Marie, Cargo Porte-Conteneurs de la compagnie CMA-CGM, dont le port d’attache est Marseille, est rentré en service sur la ligne des Antilles en 2004.
Long de 197, 70 m et large de 30,20 m, il peut porter jusqu’à 2 200 EVP (Équivalent Vingt Pieds, norme internationale pour désigner la taille des conteneurs soit environ 6 m de long) dont 550 conteneurs réfrigérés.
Affecté à la ligne des Antilles Françaises, ancienne ligne des bananiers, il assure, en compagnie de 3 autres navires (Fort-St-Pierre, Fort-St-Louis et Fort-St-Georges) une desserte hebdomadaire de la Guadeloupe et de la Martinique. Il fait escale en Guadeloupe à Pointe-à-Pitre puis à Fort-de-France en Martinique puis retour à Pointe-à-Pitre avant de regagner l’Europe.
En France métropolitaine, à son retour des Antilles, il marque tout d’abord l’escale de Dunkerque où il décharge la totalité des bananes chargées en Martinique et Guadeloupe. Puis il rejoint Rouen en remontant la Seine pour une courte escale. Redescendant la Seine, il fait escale au Havre avant de rejoindre Montoir de Bretagne, port des conteneurs de St-Nazaire, sa dernière escale avant d’entreprendre la traversée de l’océan Atlantique.
J’ai déjà effectué 2 voyages sur le Fort-Sainte-Marie : en novembre 2012 depuis Pointe-à-Pitre jusqu’à Rouen, puis en octobre 2013 de Rouen jusqu’à Pointe-à-Pitre.

Visite de présentation du Fort-Sainte-Marie

FSM_chateauAccueil à bord :
Après avoir gravi la passerelle menant à la coupée, accueil rapide et efficace à bord avec signature d’une liste d’entrée, photo pour le «trombinoscope», remise de différents documents destinés au commandant (billet de voyage, certificat médical, décharge de responsabilité,présentation de la pièce d’identité) puis rapidement le «garçon passagers» vient prendre en charge les bagages pour les transporter à l’intérieur du bateau. Le  » trombinoscope  » du bord qui contient les photos de tout l’équipage et des passagers, est affiché un peu partout dans le navire et notamment au « Ship’s Office » et à la Passerelle.

La vie à bord:
???????????????????????????????Pour mes deux précédents voyages sur le Fort-Ste-Marie, j’ai occupé la cabine appelée Océan Indien. Les autres cabines du pont E, là où sont notamment logés les passagers,   portent le nom de Tour du Monde, Méditerranée, Amérique du Sud, Transatlantique et Europe-Asie. Une 7ème cabine, bien plus grande est appelée “Cabine Armateur”.
Au moment de la réservation auprès de la CMA-CGM il a été prévu que j’occupe à nouveau la même cabine que précédemment.
Cette Cabine «Océan Indien» est située au milieu du pont E. Après les déchargements et chargements des conteneurs dans les ports d’escale, il est arrivé que la vue soit quelque peu contrariée… par des conteneurs. Ce qui n’a heureusement pas toujours été le cas, la photo ci-dessous en atteste!
???????????????????????????????Elle est spacieuse et confortable, avec un grand lit, un bureau, un canapé, une table basse, un frigo et de nombreux placards, y compris sous le lit. Une salle de bains avec douche, toilettes, lavabo.
???????????????????????????????Juste à côté de la cabine, le grand «salon passagers» meublé de canapés, fauteuils, tables, est équipé de cafetière électrique, bouilloire, thé, café, petits gâteaux. Coin lecture avec quelques journaux laissé par de précédents passagers, une Télé … qui ne marche que dans les ports avec lecteur de DVD.
???????????????????????????????Au pont A, occupant un mur entier de la salle de sport, une importante bibliothèque et au pont F, une DVD-thèque où près de 300 films sont à la disposition des passagers et de l’équipage. A noter aussi une très intéressante BD thèque qui m’a permis de découvrir plusieurs auteurs et/ou séries.

???????????????????????????????Une petite salle de sport est installée au pont A, avec vélo (sans roue), divers “engins de torture” bien connus dans les salles de musculation, et une table de ping-pong. Le tout avec vue sur mer … au travers des hublots.
Et une petite piscine
???????????????????????????????..idéalement située au pont E (celui où résident les passagers). Elle est, chaque jour, vidée puis remplie  d’eau de mer pompée directement dans l’océan… à partir de l’archipel des Açores, en direction des Tropiques.

???????????????????????????????Les repas à bord sont servis de 7 h à 8 h ???????????????????????????????pour le petit déjeuner, de 12 h à 13 h pour le déjeuner et de 19 h à 20 h pour le dîner. Ils sont servis, au pont B, dans la salle à manger des passagers, située dans la même pièce que la salle à manger des officiers. Derrière la table des officiers, 2 hublots permettent d’apercevoir la mer… par intermittence lors des périodes de roulis

La cuisine occupe le milieu du pont B et les salles à manger de l’équipage occupent l’équivalent des salles à manger passagers et officiers. Le chef cuisinier (un breton lors de mes 2 précédentes traversées à bord du Fort Ste Marie) prépare les repas pour environ 30 personnes avec un aide de cuisine et l’appui du “garçon passagers”. Le service à la table des officiers est assuré par le maître d’hôtel et celui à celle des passagers par le “garçon passagers”.
Menu unique pour tout le monde: Commandant, officiers, équipage et passagers, varié et de très bonne qualité … comme j’ai pu le vérifier au cours de mes 5 précédents voyages à bord des navires de cette ligne .

Les communications avec la terre ferme.
Par téléphone:
Dès que le navire a quitté le port et s’est éloigné des côtes, plus de réseau pour les téléphones portables (sauf parfois un court moment à la proximité des iles se situant sur sa route : Guernesey, Jersey et parfois celles de  l’archipel des Açores).
Il est toutefois possible de communiquer par téléphone satellitaire en achetant une carte prépayée.

Par courriel:
Une adresse e-mail est mise à disposition de chaque passager par le commandant. A partir d’un ordinateur situé dans un bureau du pont F, il est possible d’envoyer ou de recevoir des courriels simples sans aucun fichier attaché.

L’information à bord:
La compagnie met à disposition une revue de presse quotidienne mondiale déclinée en plusieurs langues. On y accède sur le même ordinateur que celui permettant d’envoyer et de recevoir des courriels.

Vie pratique:
Au niveau du pont E, juste à proximité de la « cabine armateur », une buanderie équipée d’une machine à laver (très simple à utiliser et avec lessive à disposition) et d’un sèche-linge.

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2 – Le voyage – cartes et calendrier …

Embarquement  mercredi 29 avril  2015 à Rouen sur le Fort-Ste-Marie. Ce navire termine, sur cette traversée aller vers les Antilles, son 153ème voyage depuis son entrée en service en 2004. Au départ de Pointe-à-Pitre vers l’Europe,  il entamera son 154ème voyage sur cette ligne des Antilles, « ancienne ligne des bananiers » de la Compagnie Générale Transatlantique (la Transat ou la French Line), plus connue pour ses paquebots de prestige, Normandie, France, ..(Présentation d’un précédent Fort-Ste-Marie sur les archives de la Transat).

Les cartes et routes de ce voyage

jeudi 30 avril  2015: Rouen –  le Havre
Nav_Rouen_LeHavre
Cartes et routes ci-dessus et ci-dessous du Fort-Ste-Marie :

sources site internet Marine Traffic  et écrans radar du Fort-Ste-marie

samedi 2 mai et dimanche 3 mai 2015:  Le Havre – Montoir de Bretagne

J041Cartes et routes ci-dessous du Fort-Ste-Marie en 2015 :
sources: écrans de la passerelle du navire et site internet Marine Traffic

lundi 4 mai 2015 – Montoir-de-Bretagne – Pointe-à-Pitre lundi 11 mai 2015a_Route_aller_ocean_2015

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samedi 16 mai 2015 – Pointe-à-Pitre – Dunkerque –  lundi 25 mai 2015a_route_FSM_retour2mardi 28 et mercredi 29 mai 2015:    Dunkerque – Rouena_route_CarteDKRouenjeudi 28 mai 2015:   Rouen – le Havrea_route_JR13CarteFSMvendredi 29 mai 2015 – le Havre – Montoir de Bretagne – samedi 30 mai 2015a_route_LH_MdB_30mai2015«Pour revenir à la liste des chapitres»

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3 – Embarquement à Rouen le mercredi 29 avril 2015

 Mercredi 29 avril 2015, 16 h, je viens d’embarquer à bord du Fort Ste Marie. C’est la troisième fois que je vais voyager sur ce navire… avec, comme les fois précédentes, le même commandant.
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Ancré depuis la fin de la matinée dans le port de Rouen, sur le territoire de la commune des Moulineaux, situé entre deux méandres de la Seine, le navire fait l’objet d’une intense activité de chargement des conteneurs. Le quai se vide progressivement des « boîtes » destinées aux cales ou à la pontée du Fort-Ste-Marie sous un beau et chaud soleil. Mais hélas vers 18 heures, la pluie est au rendez-vous et le coucher de soleil espéré sur la Seine restera caché par les nuages.???????????????????????????????Le « Grand Port Maritime » de Rouen fait partie de l’ensemble portuaire HAROPA (Le Havre – Rouen – Paris). Fréquenté par des navires assez imposants, l’espace portuaire est situé à une dizaine de kilomètres en aval de la ville. En regardant le fleuve du côté droit du navire puis du côté gauche, un contraste important différencie les deux berges, contraste souvent rencontré sur la Seine.
Ici, côté gauche en direction de la mer, une berge très industrialisée avec le port des cargos, celui des pétroliers,… l’ancienne raffinerie Pétroplus, la grande usine papetière de la Chapelle d’Arblay, … et en face, à 300 mètres à peine de l’autre côté de l’eau, la campagne verdoyante et boisée ornée de belles maisons, un peu en hauteur et descendant jusqu’au fleuve de vertes pelouses (Normandie oblige !).???????????????????????????????Le chef cuisinier est aussi une «vieille connaissance» car il était déjà aux fourneaux du Fort-St-Pierre lors de mon voyage de 2011 et aussi sur le Fort-Ste-Marie pour une partie de la traversée de 2013 vers les Antilles. Il sera remplacé lors de l’escale du Havre par un autre chef cuisinier (breton lui aussi) qui officiait sur le Fort St Pierre lors du voyage retour de Guadeloupe en 2013.
Changement important à bord, des marins et quelques officiers Philippins ont remplacé, poste pour poste, les Roumains. Tous souriants mais tous anglophones ! Je vais devoir effectuer de grands progrès dans la langue de Shakespeare.
Ce soir, à la table du diner, j’étais le seul passager. Trois autres passagers sont attendus à l’embarquement au cours des prochaines escales au havre et à Montoir-de-Bretagne.
Quant au menu, il est à l’image de la qualité de ceux des précédentes traversées.
Pendant le repas, poursuite du ballet des portiques transportant les conteneurs.
L’escale de Rouen va s’achever dans quelques heures et le Fort-Ste-Marie va appareiller en direction du Havre à 3 heures la nuit prochaine. Il y aura passé moins d’une journée.

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4 – Descente de la Seine le jeudi 30 avril 2015

Le Fort-Ste-Marie a levé l’ancre ce jeudi 30 avril vers 3 h du matin. Il accomplit actuellement son 153ème voyage depuis sa mise en service en 2004.
Dormant profondément, je n’ai rien entendu car comme d’habitude le sommeil se révèle excellent dès que je suis à bord d’un bateau.

???????????????????????????????Réveil vers 6 h, et à ce moment, vers l’amont du fleuve le jour pointe à l’horizon et à la sortie d’un méandre, la silhouette du pont de Brotonne se découpe sur la nuit qui s’estompe. Le temps est frais et pas de navire ni de péniche sur le fleuve à notre proximité.
???????????????????????????????Vers 7 h 15, devant nous à la sortie du méandre apparait le pont de Tancarville et à droite du fleuve, le château du même ???????????????????????????????nom. Juste, un peu en amont, chargement de sable sur un camion garé sur un ponton depuis la péniche joliment nommée « Savane » et à côté, une petite zone portuaire où des conteneurs sont en attente.

Tancarvilleestuairevache_0

Sous le gris du ciel, beaucoup de couleurs entre le vert des prés parsemé de tâches de couleurs (les vaches en train de paître), le jaune des champs de colza, le miroir des étendues d’eau, …???????????????????????????????Plus loin, laissant les méandres du fleuve derrière nous, dans une longue courbe peu accentuée, depuis le pont du navire vers l’arrière vue imprenable sur le pont de Tancarville et vers l’avant sur la silhouette caractéristique du pont de Normandie.???????????????????????????????Un paquebot blanc manœuvre en aval de ce pont pour venir se mettre à quai, avant Honfleur à proximité d’une petite zone portuaire dédiée au bois… dont on sent les odeurs à l’approche.???????????????????????????????
???????????????????????????????Le paquebot ASTOR dont le port d’attache est NASSAU aux Bahamas, à peine amarré à quai, un bus s’en approche, probablement pour aller promener des croisiéristes.

Le pilote de Seine sort de la passerelle à intervalles réguliers pour mieux évaluer la portion de fleuve à venir, il observe aussi l’effet de la vague produite par le déplacement du bateau. Quand nous croisons un autre navire, il sort saluer de la main son collègue pilote qui  guide la navigation de ce navire sur le fleuve.
A l’intérieur de la passerelle, la radio communique à intervalles réguliers des informations utiles pour la navigation notamment la hauteur du niveau de la Seine à différents endroits.
???????????????????????????????Une vedette appartenant aux Pilotes de Seine effectue des ???????????????????????????????sondages dans le chenal, et bientôt, un petit pétrolier à vide, remonte vers l’amont. Il sera le seul navire croisé aux ces deux heures de navigation!

Ici le contraste est aussi important entre la berge côté Honfleur où des promeneurs, avec un chien, arpentent une petite plage et derrière eux des bois et la ville et ses bâtiments où domine la pierre. En face le port du Havre, ses usines, ses cheminées, les grues et les cargos, … seine12,5??????????????????????????????????????????????????????????????A la sortie de l’estuaire une ile artificielle du parc naturel accueille les oiseaux pendant leur période de nidification. L’émission Thalassa, spéciale Estuaire de la Seine a, en février 2015, consacré un long sujet à cette ile et au parc naturel de l’estuaire. Le rendez-vous avec la vedette des pilotes de Seine avait été fixé à 9 h 20 et quelques minutes auparavant, la vedette rapide Phaéton apparait sur la mer se dirigeant vers le point de rencontre. A son bord le pilote du port du Havre qui va servir le Fort-Ste-Marie pour son entrée au port. Une fois celui-ci monté à bord et arrivé à la passerelle, le pilote de Seine va nous quitter pour, à son tour, embarquer sur la vedette.
Le soleil tente timidement de percer la couche nuageuse mais la température reste fraiche malgré le vent léger. La mer est plate.
En rentrant au port, nous laissons à notre gauche le port de plaisance d’où sort un voilier pendant qu’un promeneur arpente la jetée, puis la «tour de contrôle» Le Havre Porte de l’Europe, avec à sa gauche, à quai, le ferry Etretat de la compagnie Brittany Ferries, qui dessert Rosslare en Irlande pour. Plus loin le port à charbon dominé par les hautes cheminées de la centrale thermique EDF.seine18Environ une heure après la «prise du pilote» le porte-conteneurs « se pose » à quai après une manœuvre impeccable qui m’impressionne toujours autant à chaque voyage. Arrivé le long du « Kuala-Lumpur-Express » de la compagnie APAG-LLOYD dont le port d’attache est Hambourg, le Fort-Ste-Marie commence à pivoter pour effectuer un virage à 180° qui va le positionner, en douceur, le long du quai de l’Atlantique, juste derrière le bateau allemand et face à la sortie du port. Les lamaneurs, bien couverts pour se protéger du froid, attachent très vite les aussières sur les bittes d’amarrage.??????????????????????????????????????????????????????????????Pendant ce temps, l’activité est intense sur le quai où la mise en place des conteneurs destinés au Fort-Ste-Marie se poursuit. Le quai est divisé en cases numérotées correspondant aux emplacements de destination à bord, dans les cales ou sur le pont. Seine1Après avoir parcouru 66 milles marins depuis Rouen soit plus de 123 km, le Fort-Ste-Marie doit rester à quai jusqu’à samedi 2 mai où l’appareillage devrait intervenir vers 14 h. Cette escale inhabituellement longue s’explique par le fait que, demain vendredi 1er mai dès 6 h du matin jusqu’à samedi 2 mai à 6 h, les dockers ne travailleront pas.

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5 – Escale au Havre le 1er mai 2015

Étrange sensation, ce matin, en regardant (et en écoutant) le port du Havre  où les bassins n’enregistrent pas un seul mouvement de navire et où aucune activité n’est visible sur les quais. Les portiques et les grues sont à l’arrêt, aucun camion ni aucun tracteur ne sont présents sur le quai de l’Atlantique. Un quasi silence règne sur l’immensité portuaire.
Habituellement, 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, les ports ressemblent à une sorte d’immense fourmilière où tout ne s’arrête jamais de bouger. Depuis ce matin, 1er mai oblige, une parenthèse de calme et de tranquillité s’est installée près des navires immobiles.
Demain matin, cette parenthèse sera refermée et tout va à nouveau s’animer frénétiquement.
Le second passager a embarqué ce matin au Havre. Il s’agit d’un Franco-Suisse, travaillant du côté de Genève et habitant en France. Il va aller passer une quinzaine de jours … à Marie-Galante, ile où il séjourne depuis de nombreuses années et où il a acheté une maison.
Découvrir ici son carnet de voyage pour cette traversée.
Nous serons rejoints à Montoir-de-Bretagne par un couple, Suisses eux-aussi.
Lors de ma dernière traversée vers les Antilles, j’avais déjà voyagé en compagnie d’un jeune Suisse Alémanique.
Aujourd’hui le temps gris et le fort vent du Nord n’incitent pas à rester longtemps à l’extérieur. La météo marine pour les prochains jours est plutôt encourageante.

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6 – De la Normandie jusqu’en Bretagne les 2 et 3 mai 2015

Carte de la route du Fort-Ste-Marie depuis le Havre jusqu’à Montoir de Bretagne (source site Marine Trafic) distance parcourue 478 milles soit 886 km.J041??????????????????????????????? Temps couvert, légèrement pluvieux toute la matinée du ???????????????????????????????samedi 2 mai. Le port retrouve progressivement son activité, le chargement des conteneurs se poursuit et dans le bassin René-Coty, plusieurs navires manœuvrent avec l’aide d’un remorqueur sur leur arrière. Derrière nous en «opérations commerciales» (déchargement et chargement de conteneurs), un navire rouge long de 334m et large de 48m sous pavillon allemand, le CAP SAN AUGUSTIN.
L’appareillage du Fort-Ste-Marie s’est effectué alors même que nous avions débuté le déjeuner. Lorsque nous en avons terminé, le bateau est déjà au large où règne une visibilité réduite.
Le navire est plus chargé qu’au départ de Rouen car il affiche maintenant un tirant ???????????????????????????????d’eau à l’arrière de 10,15 m contre 9,50m au départ de Rouen.
Autour du Fort-Ste-Marie, par tribord, plusieurs navires à l’ancre attendant de rentrer au port et un roulier, le Morning Clara de la compagnie EUKOR en route lente vers le port. Plus tard, toujours à tribord et arrivant à grande vitesse, le ferry Normandie en direction du Havre. Sur bâbord, sortant de la brume le pétrolier San-Esperansa.
Le Fort-Ste-Marie avance maintenant à sa vitesse de croisière de 20 nœuds (plus de 37 km/h) et le sillage est parfaitement rectiligne. Au large de Cherbourg, 65 milles marins ont déjà été parcourus.???????????????????????????????Long séjour à la passerelle (et surtout sur son aileron) de 20h30 jusqu’à 22 h. Le brouillard est très intense, à tel point que par moments la grue d’avant devient presque invisible. Le trafic est important avec non seulement des cargos, des pétroliers, … installés sur le rail mais aussi des navires de pêche qui naviguent parfois à contresens. Ce qui nécessite une vigilance de tous les instants de l’officier de quart et du timonier.
Le brouillard s’épaississant encore, le commandant a fait actionner les cornes de brume, mais si l’on entend bien la nôtre, il est impossible d’entendre celles des navires proches visibles au radar, à cause du bruit ambiant (machine, bruit du vent et de la mer,…). Actionner la corne de brume dans ces conditions fait partie des exigences de la règlementation internationale maritime!
Ce temps très doux, mais très humide, ce brouillard présentent un avantage: la surface de la mer est quasiment plate.

 Dimanche 3 mai en matinée.
J044Temps couvert et contrairement à la veille au soir, la mer s’est formée et le bateau subit un roulis assez important. Le vent moyen souffle à force 5 (20 nœuds) et la mer accuse des creux de 2 m. Le vent souffle par le travers arrière gauche du navire ce qui accentue le roulis.
???????????????????????????????Le ciel, bien que moins bouché que la veille au soir, reste très gris et il faut attendre 10 h avant que le soleil ne perce, très furtivement, la couche nuageuse. Au changement de cap, après Belle-Ile, le vent est moins gênant pour la navigation et le roulis se fait moins ressentir.
Le rendez-vous avec le pilote étant prévu à midi, le??????????????????????????????? Fort-Ste-Marie ralentit son allure.
En arrivant sur zone, plusieurs navires sont en attente dont notamment un navire roulier transportant des pièces d’Airbus. Le Margaretha, petit navire ressemblant à un sablier, fait route vers l’estuaire de la Loire à petite vitesse.
???????????????????????????????La mer étant assez formée, la vedette « la Couronnée IV », bateau pilote du port de St-Nazaire s’est rapprochée du Fort-Ste-Marie afin de limiter le trajet de la petite embarcation rapide qui va venir déposer le pilote au pied de l’échelle dépliée sur notre côté tribord. En quelques minutes le pilote est à bord et la petite embarcation rejoint la « la Couronnée IV » à très vive allure.

J049bArrivé à la passerelle, vers 12h15, le pilote se renseigne sur le tirant d’eau du navire et recueille, auprès de la direction du port de St-Nazaire, toutes les informations actualisées nécessaires notamment le niveau de la marée dans l’estuaire.
J0452Moins d’une heure plus tard, le Fort-Ste-Marie passe sous le pont de St-Nazaire, puis devant l’ancienne base sous-marine qui abritait les U-Boot allemands pendant la Seconde Guerre mondiale, le chantier de construction navale où un nouveau paquebot géant, le futur «Harmony-of-the-Seas» est en cours de construction.???????????????????????????????J04aBomaEnfin il s’approche à vitesse réduite de son poste d’amarrage derrière le pétrolier «Samuel de Champlain» et devant le cargo «Boomar Moon».
Comme à l’arrivée dans le port du Havre, le navire va effectuer un virage à 180° pour présenter son avant vers la sortie de l’estuaire. La manœuvre s’avère délicate car, à cet endroit le lit de la Loire est assez étroit du fait de la présence d’un grand banc de sable et de surcroît le niveau de la marée et donc du fleuve est assez bas. L’aide d’un petit remorqueur «le Croisic» agissant sur l’arrière du porte-conteneurs facilite la bonne exécution de la manœuvre. Un fois cette volte réalisée, le navire se glisse en souplesse le long du quai entre les deux navires cités plus haut. Les lamaneurs sont déjà leur poste et l’amarrage est rapidement réalisé.J0455L’avant du Fort-Ste-Marie est maintenant positionné face au Pont de St-Nazaire, et les portiques vont pouvoir rentrer en action pour décharger et charger des conteneurs.
???????????????????????????????L’escale de Montoir-de-Bretagne permet de «faire le plein» de carburant. La capacité de la« soute » (l’ensemble des réservoirs) s’élève à 1 200 tonnes de fuel lourd.???????????????????????????????

L’appareillage pour la Guadeloupe est fixé à 6 heures, demain matin lundi 4 mai et plus d’une semaine de navigation sera nécessaire pour traverser l’océan Atlantique et atteindre le port de Pointe-à-Pitre.

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7 – La traversée de l’Atlantique …

Lundi 4 mai 2015
6 h 15, le Fort-Ste-Marie est toujours à quai, grue en position port.

Croisé dans les escaliers, le second capitaine annonce un départ envisagé vers 11 h 30 car des grues du port ont été victimes de pannes la nuit dernière. Plusieurs panneaux de cale sont toujours sur le quai.
Vers 8 h le port s’anime et les klaxons, accompagnant le déplacement en marche arrière des engins de levage sur le quai, se font à nouveau entendre.
Températures à 8h : air 13,6°, mer 14,8°. Vent faible à 6 nœuds venant de l’Ouest.
L’officier de quart à la passerelle a affiché sur un des ordinateurs de la passerelle la carte de la route prévue avec la situation météo.j05b09RouteMeteoA priori cela devrait être plutôt sympathique.
L’orthodromie ou presque. La route prévue se rapproche de celle du Fort-St-Pierre en octobre 2012 avec un passage dans l’archipel des Açores.j05b10Route10 h 30 la grue du milieu est rentrée en position mer, ainsi que celles de l’avant et de l’arrière, il bruine sur le quai, un seul portique reste en action sur la partie avant du navire. Seul un tracteur continue à l’alimenter avec l’aide de deux camions.
11 h 20 la passerelle, menant du quai à la coupée, est toujours en place sur le quai, le portique est toujours au travail.
J05b02CroisicArrivée du pilote vers 12 h.et vers 12 h 10 le Fort-Ste-Marie s’est éloigné du quai avec l’aide du remorqueur Croisic, sous un temps exécrable: pluie, vent, mauvaise visibilité. Au gris plomb répond le marron de l’eau du fleuve.
Peu après, nouveau passage en sens inverse de celui réalisé hier, devant le chantier naval où la silhouette du futur paquebot «Harmony of the Seas» apparait clairement, le gros œuvre en bonne voie d’achèvement. Puis à nouveau la base sous-marine dont le gris des bunkers se confond avec le gris du ciel.J05b05PakboJ05b04Pont_LilasEt tout de suite, le passage sous le pont de St-Nazaire, sous J05b06PortSNZlequel s’avance le petit porte-conteneurs « Lilas » navigant vers le fleuve.
A notre tour de passer sous le pont et le remorqueur nous quitte pour rentrer dans le petit port de St-Nazaire.
Prenant la direction du large, tout en progressant dans le chenal, petit salut au passage au cinéaste Jacques Tati, dont le film « Les vacances de M. Hulot » a été tourné à St-Marc-sur-mer, quartier de St Nazaire et dans le célèbre « Hotel de la Plage », aujourd’hui modernisé. La municipalité a rendu hommage à Jacques Tati en installant une statue représentant une de ses attitudes dans le film sur la promenade.J05b07StMarc
Puis un petit bateau de pêche rouge et blanc, le Saint-Laurent  trainant un chalut ou une drague.
En approche du point de rencontre avec la vedette du pilote où celui-ci va quitter le navire..
Deux heures plus tard, le temps s’éclaircit. Le second capitaine, en compagnie du Lieutenant Sécurité, effectue la « séance obligatoire et traditionnelle d’instruction sécurité »  des passagers avec description des différents signaux d’alarme avec leur signification et l’indication du point de ralliement, soit à la passerelle, soit au pont B notamment en cas de décision d’abandon par le commandant. Avec aussi la traditionnelle démonstration «d’enfilage» de la combinaison de survie.
A 18 h 30, «ouverture de la cave» par le commandant où chacun, équipage comme passagers, peut acquérir à des prix hors taxes cigarettes, alcools, bières, Perrier, chocolats, bonbons, dentifrices,…
Le règlement de ces emplettes s’effectue quelques jours plus tard dans le bureau du commandant.
Les emplettes réalisées à la cave nous permettent, (à moi-même et au passager franco-suisse se rendant aussi à Marie-Galante) de faire découvrir le ti-punch à nos deux autres compagnons de voyage Suisses. Subtil et puissant breuvage dont ils ignoraient tout !
Ce premier jour en mer sur l’océan Atlantique est aussi l’occasion de procéder au premier des six changements d’heures qui vont nous permettre d’arriver en Guadeloupe calés sur l’heure locale. Nous allons bénéficier ainsi de la première de nos six journées durant chacune 25 heures !
Le Fort-Ste-Marie, laissant la Bretagne dans son sillage,  s’est élancé en direction des Antilles.J05b14
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Mardi 5 mai 2015
Le temps a changé pendant la nuit. Après les gros orages d’hier soir, ce matin à 6 heures, c’est un peu l’effet «tambour de machine à laver» ! Nous sommes secoués un peu dans tous les sens, tangage et roulis, et au dessus de nous, ciel gris avec très épisodiquement un petit peu de bleu. Le navire traverse une dépression comme le montre sa position sur la carte météo

J06aam1Cap au 220, Sud-Sud-Ouest, ciel dégagé, le soleil, déjà levé à l’est, reste invisible depuis le pont E dont la visibilité est contrariée par les conteneurs installés sur la plage arrière.
A 7 h ciel très dégagé.
Cette nuit entre 23 h et minuit, le vent soufflant très fort (50 nœuds force 10 avec des creux de 9 m) a arraché l’antenne (et son dispositif) d’un des deux radars … qui venaient d’être révisés. Le jour levé, en profitant d’une amélioration de la situation météo, le second capitaine et le maitre électricien ont procédé à une évaluation des dégâts, sous les instructions du commandant dirigeant les opérations depuis la passerelle. Le navire positionné le plus possible à l’abri du vent et évoluant à vitesse réduite. Ce radar se trouve effectivement hors service mais les autres dispositifs, dont le second radar, étant en parfait état de fonctionnement, le navire a repris sa route. Une réparation sérieuse et pérenne est attendue à l’arrivée à l’une des prochaines escales.
Dans l’après-midi alternance de longues périodes ensoleillées et de passages de grains avec un vent fort et froid de Nord-Ouest (force 6) et une mer assez forte (vagues de 3 mètres). Les températures restent basses 13,3° pour l’air et 15,1° pour la mer. Le vent soufflant de ¾ sur l’avant du navire, tangage et roulis restent au menu de l’après-midi.J06aam4En milieu de journée nous avons parcouru 534 milles soit environ 1 000km.

J07am1pLa route prévue conduira le Fort-Ste-Marie au milieu de l’archipel des Açores entre les iles de Terceira et de Sao-Miguel, passage prévu dans la nuit de mercredi à jeudi aux environs de minuit.
A 18 h 30, pot offert aux passagers par le commandant dans le «fumoir des officiers» en présence du Chef Mécanicien, de son adjoint et d’un Lieutenant Machine et du Second Capitaine. Moment de convivialité permettant de faire connaissance.

Mercredi 6 mai 2015
J07am1Réveil à 5 h (décalage horaire de 2 heures oblige), nuit noire. A 6 h15, plus de luminosité, temps exécrable ciel gris noir, pluie mais vent plus calme ou soufflant dans une autre direction car le roulis se montre bien moins gênant. Par contre hier soir et cette nuit fort roulis, … en forme de bercement facilitant l’endormissement.
Vers 8 h 40 UTC et heure du navire (10 h 40 métropole), vent moyen 26 nœuds venant du 97 (Est) à force 6, le navire progresse à 20 nœuds au 246 (Ouest-Sud-Ouest) avec vent de ¾ arrière, le bateau roule un peu mais tangue peu.
Températures fraiches : air = 13,7°, mer = 15,5°. Le baromètre annonce une légère dégradation pour les 3 heures à venir. La position du Fort-Ste-Marie à 40° 35’ Nord et 19°54 Ouest matérialise l’approche des Açores que l’on doit traverser entre l’ile de Terceira et celle de Sao-Miguel ce soir aux alentours de minuit.
Sinon la routine: on retarde nos montres d’une heure tous les soirs et nous bénéficions des journées à 25 heures… et d’une nuit de sommeil rallongée! Il nous reste encore 4 heures à rattraper avant l’heure locale de la Guadeloupe.
Le chef cuisinier embarqué à St-Nazaire nous soigne particulièrement bien. Il prépare assez souvent des gâteaux  ou des crêpes avec chocolat, chantilly, fraises…
Il alterne tous les jours avec soit du poisson le midi et le soir viande ou l’inverse. Mais c’est toujours très bien préparé tout en restant roboratif, car les marins en mer ont besoin de nourriture qui «tienne bien au corps»… surtout quand il fait froid et humide comme ces jours derniers.
Journée à grains
j07pmgrain2Vers 15 h 15, un grain très violent s’abat sur le navire avec des vents de 35 nœuds (force 8) en moyenne avec des rafales de 49 à 55 nœuds (force 10) venant par le travers avant gauche et une pluie très intense.
j07pmgrain3Le bateau bouge beaucoup sous les coups de boutoir du vent sur son avant mais il poursuit sa progression à la même vitesse moyenne proche des 20 nœuds (37 km/h).
Au bout d’un quart d’heure le grain est passé et progressivement le calme revient avec un vent moyen à 11 nœuds (force 4).
j07pmgrain1Ensuite plusieurs autres grains vont défiler sur la gauche du Fort-Ste-Marie sans le perturber vraiment.
Vers 15 h 30 le compteur de distance parcourue affiche 1 000 milles marins soit 1 852 km. Il reste encore 2 500 milles environ avant d’atteindre la Guadeloupe.

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Jeudi 7 mai 2015
A 6 h 15, jour déjà levé, ciel bleu, soleil assez haut sur la mer.j08am1Nos amis Suisses sont déjà installés sur l’aileron de la passerelle et nous nous photographions mutuellement.
Les températures montent un peu: air 16°7, mer 17°4. Le vent reste fort, établi à force 6 et le navire est assez chahuté sur une mer formée.
A 11 h, heure du bateau, 1 292 milles marins parcourus soit 2 393 km.
Après-midi plus agréable avec un chaud soleil, une mer moins forte mais le vent reste important.
j08pm_ (3)Sous le soleil, la mer prend des couleurs d’un bleu profond qui se distingue du bleu du ciel.
j08pm_ FG L’officier de quart insiste pour me prendre en photo à la passerelle assis devant les radars et autres instruments puis à la table à cartes. Cet après-midi, la piscine a été nettoyée, prélude à une mise en eau les jours prochains quand l’eau de mer pour remplir la piscine sera un peu plus chaude et le roulis moins accentué.
Ce soir, peu avant 20 h, heure du bateau, le premier coucher de soleil visible sur la mer. Beau, bien qu’une couche nuageuse basse ait empêché de suivre son plongeon sous la ligne d’horizon. Le bateau bouge moins mais il dégage un vague importante par son déplacement.
j08seol3Les quatre passagers mitraillent le coucher de soleil avec leur appareil, tout comme un membre de l’équipage à partir d’un autre pont.j08seol5Comme nous approchons des Tropiques, la nuit tombe vite sur l’océan.

j08seol6Les températures en ce début de soirée sont agréables 18°9 pour l’air, 19°1 pour la mer mais le vent reste important à 22 nœuds de moyenne soit force 6.

Vendredi 8 mai 2015

j09am1A 6 h 15 soleil déjà installé assez haut dans le ciel.
Après le déjeuner rendez-vous à la passerelle pour le premierj09am5 lancer de ballon de la journée. Les conditions de vent apparent frôlent la limite de lancement fixée à 40 nœuds maximum. Le lancement s’effectue sans problèmes, le ballon s’élève bien dans le ciel, mais au bout de quelques minutes la sonde cesse d’émettre.
La situation climatique s’est bien améliorée par rapport aux jours précédents avec des températures de la mer et de l’air qui frisent les 20°. Le vent moyen s’affiche à 18 nœuds soit force 5 avec des hauteurs de vagues à 2 m. il souffle du secteur Ouest (281°), le Fort-Ste-Marie tenant un cap à 234° soit Ouest Sud-Ouest, le vent arrive par son travers avant.
Très peu de tangage et un roulis modéré se traduisent par une navigation plus confortable pour l’équipage, les passagers et la cargaison.
Quelques heures plus tôt nous avons rattrapé puis dépassé un autre cargo, le «Maritime King» en route pour un port du Venezuela où il est attendu le 14 mai.
L’opération de changement de l’eau des ballasts a débuté en application de la règlementation internationale. L’eau de mer chargée dans les ballasts en Europe pour équilibrer le navire doit avoir été remplacée par de l’eau de mer puisée après les Açores avant d’arriver aux Antilles.
Le Fort-Ste-Marie a parcouru 1 932 milles marins depuis le départ de Montoir de Bretagne soit plus de 3 578 km, soit maintenant plus de la moitié du trajet.
j09pm3En début d’après-midi, la mer a revêtu une couleur bleu profond.. que l’hélice découpe en longues trainées blanches. Les températures montent à 20°8 pour la mer et 21°2 pour l’air, mais le vent reste puissant à force 5. Comme il fait grand soleil, direction l’avant du bateau situé à 150 m du château.
Le second-capitaine prépare l’exercice incendie prévu cet après-midi avec l’équipage. Sur le côté tribord des marins nettoient le pont à grande eau. A l’arrivée sur l’avant, plus de bruit ni de vibrations de la machine, par contre le bruit du vent est entêtant et comme il souffle de face, parfois, sous les rafales, la progression s’avère difficile.
Depuis le petit promontoire situé sur l’avant du navire la vue est impressionnante.
Puis au retour, visite du pont arrière où le vent ne se fait plus sentir, mais par contre la machine par le bruit et les vibrations apparaissent bien toute proches.
j09pm4Séance de photo sur le pont arrière avant le retour à l’intérieurj09pm5 du château.
Ce soir, vers 19 h 20, pour la seconde fois en deux jours, le soleil consent à se coucher en notre présence, même si comme hier, une couche important de nuages empêche de voir la descente sous la ligne d’horizon.
j09s03Ce soir cinquième changement d’horaire en retardant la montre d’une heure à nouveau. Dernier changement d’heure samedi.
Le barbecue de la traversée est prévu demain soir samedi.

 Samedi 9 mai 2015
Réveil à 4 h 30, mon horloge biologique peine à suivre les changements d’horaires.
j10am2A 5 h 15, il fait grand jour et le soleil semble levé. Impression confirmée en rejoignant le pont, le soleil sans doute levé depuis un moment s’affiche à droite du sillage du navire. Il franchit, peu de temps après, la masse nuageuse accumulée au niveau de l’horizon.
Lorsqu’il termine la traversée de cette barrière, le soleil dessine comme un éventail sur les nuages.
j10am4La lune quant à elle est encore visible dans le ciel.
Belle mer dont la température s’affiche ce matin à 22°7, la température de l’air atteint 21°6 à 5 h 40, heure du bateau.
Le vent reste soutenu à 16 nœuds, force 4 provenant du secteur Ouest-Nord-Ouest (292°) de ¾ avant face à la route du Fort-Ste-Marie toujours calée au cap 236° (Ouest-Sud-Ouest).
La navigation reste très confortable sans tangage et presque sans roulis.
j10am2reparEn de matinée, séance de bricolage pour la remise en état de marche des chaises longues. On ne rendra jamais assez hommage aux qualités du « couteau Suisse » !

j10pmmachine0tA 16 h 30, très intéressante visite de la Machine commentée par le Chef Mécanicien.
L’entrée dans la Machine est toujours aussi spectaculaire et impressionnante par le bruit, la chaleur, l’immensité où le regard peine à obtenir une vue d’ensemble.
j10pmmachine1tAprès une descente de plusieurs escaliers, entrée au PC Machine, là où se surveille et se dirige l’ensemble du dispositif. Havre de fraicheur et de quasi tranquillité, troublée par chaque entrée au PC d’un mécanicien car, le bruit rentre avec lui.
j10pmmachine2tLa Machine regroupe plusieurs équipements dont en premier lieu le moteur chargé de la propulsion du navire. Elément le plus imposant et le plus important, il est arrêté lors de chaque escale lorsque le navire est amarré à quai.
D’autres moteurs auxiliaires produisent de l’électricité, de l’eau désalinisée, … Lorsque le moteur est en fonctionnement la chaleur et l’énergie non utilisée  pour la propulsion du navire sont récupérées pour faire fonctionner d’autres dispositifs.
En quelques chiffres et plusieurs photos :
j10pmmachine3tPuissance du moteur 33 000 chevaux, 8 cylindres.
Le moteur, pour fonctionner, a besoin d’air comprimé, de différentes huiles et il peut utiliser des combustibles différents notamment pour respecter les règles internationales ou locales concernant la teneur en soufre.
Suivant la vitesse du navire la consommation du moteur est différente : 90 tonnes par jour à 20 nœuds mais seulement 60 tonnes à 15 nœuds.
Le PC machine dispose du même Chadburn que la passerelle mais à côté il bénéficie d’un second (bleu) plus élaboré.

j10sbarb2Ce soir, grand moment de gastronomie décontractée et convivialité : le barbecue oùj10sbarb0 tous (Officiers, marins, passagers) sont présents … à l’exception de l’équipe de quart qui se charge de faire avancer le bateau.

 

 

 

 

Dimanche 10 mai 2015
A 4 h 45, il fait presque jour. Ayant récupéré les 6 heures de décalage horaire, nous sommes peut être maintenant en avance sur le fuseau horaire !
j11am10j11m1Inauguration de la piscine. Un peu fraiche à l’entrée, l’eau de mer puisée dans l’Atlantique se révèle très agréable par la suite. Le soleil n’est pas encore levé. Le bateau ne roule quasiment pas mais dans la piscine on ressent bien les vibrations de la machine.

j11am11Le soleil est bien établi dans le ciel, les températures sont agréables, le ciel est magnifique. Comme hier la lune reste encore bien accrochée dans le ciel bien que le soleil soit déjà haut.
A la passerelle l’équipe de quart est à son poste et le timonier est en train d’achever le ménage en passant la serpillère sur le sol.
Passage au salon passager pour un bon café bien fort et bien chaud.
Après déjeuner, longs séjours sur les différents ponts, le pont E où se trouvent les cabines passagers mais aussi à la passerelle et sur son aileron.
Les températures deviennent tropicales (25°7 pour l’air et 26°4 pour la mer) mais le souffle très présent de l’alizé rend tout cela très agréable.
Nous avons parcouru 2 901 milles et nous devrions arriver demain à Pointe-à-Pitre aux alentours de midi.
j10skogoEn début d’après-midi, sur notre bâbord, nous rattrapons et dépassons, «Maria Bulders», un vraquier rouge de la compagnie Lauritzen Bulders.
Plus tard nous croisons « Kogo« , un grand yacht, long de 71 m qui se dirige vers la Horta, dans l’archipel des Açores. Toutes ces informations nous sont fournies par le radar.
Ce soir temps très couvert, le soleil s’est couché sans témoins. Par contre la planète Vénus est bien visible.
Lancer de ballon peu avant 19 h (23 h UTC). Comme le vent est très faible le ballon s’est envolé tout droit. Dans le noir, hélas, car la nuit est bien tombée.

Lundi 11 mai 2015
Temps gris et une mer forte gâchent notre arrivée en Guadeloupe ! Avec une visibilité quasiment nulle nous passons à proximité de la Désirade, puis de Petite-Terre et enfin de Marie-Galante sans presque les distinguer dans cette brume opaque.
Lorsque la vedette du port de Pointe-à-Pitre vient accompagner le pilote jusqu’au Fort-Ste-Marie, l’état de la mer rend difficile sa progression.
j12am1L’accès au port donne lieu à un inhabituel slalom, car des travaux de dragage pour approfondir le chenal à plus de 16 m contre 11,50 m éloignent les navires de leurs itinéraires habituels.
j12amsargDurant toute la navigation dans la rade Pointe-à-Pitre les sargasses (algues marines dérivantes constituant de grandes tâches marron) sont très présentes comme elles l’étaient depuis le passage des Açores.
La manœuvre de rentrée au port et de mise à quai est impeccable… comme d’habitude.
j12amportLe Fort-Ste-Marie à quai à 14 h, heure locale, nous (le passager franco suisse demeurant aussi à Marie-Galante et moi) quittons le navire et peu après 15 h le taxi nous dépose à la gare maritime de Bergevin pour embarquer sur le «Gold Express » en direction de Marie-Galante.
j12ampm En mettant le cap sur Marie Galante, nous passons près du Fort-Ste-Marie où les opérations de déchargement des conteneurs va bon train.

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8 – Petite escale à Marie-Galante …

jeansVoyage un peu secoué sur le « Gold Express » une des navettes rapides pouvant dépasser les 30 nœuds (55 km/h) de vitesse.
Pendant la durée du séjour sur l’ile, le temps sera un peu bizarre : très chaud avec un vent fort établi à l’Est, grains violents passagers, brume de sable selon Météo France Guadeloupe…

Mg1fUne partie de l’ile, la région de Capesterre-de-Marie-Galante où je réside, est touchée par une catastrophe écologique (et économique pour le tourisme de la côte au vent) provoquée par l’afflux (depuis plus d’un an) et l’échouage sur les plages d’une immense quantité de sargasses. Par endroits l’odeur dégagée est pestilentielle et ces algues présentent des dangers pour la santé (peau, système respiratoire, …). Un début de solution commence à se mettre en œuvre avec l’intervention de pelleteuses ramassant les algues.
Le paysage sinistré de plusieurs plages fait penser aux plages du Finistère-Nord souillées par le pétrole de l’Amoco-Cadiz en 1978.

MG1d L’activité principale à Marie-Galante reste l’agriculture et particulièrement la culture de la canne à sucre. La topographie assez tourmentée de l’ile interdit le recours massif à la mécanisation, pratique généralisée en agriculture. La coupe de la canne continue à s’effectuer en grande partie manuellement.


MG1aAutre activité l’élevage de chèvres mais surtout de vaches à la couleur particulière… qui apprécient de déguster de la canne à sucre fraiche

MG1Sur l’ile, de très nombreux « Arbres du Voyageur » dont celui du jardin du franco-suisse-marie-galantais!

 MG1cLa tradition de l’ile aux 100 moulins, ses cocotiers et aussi la modernité illustrée par la présence de nombreux  champs d’éoliennes installées sur les hauteurs là ou jadis étaient implantés les moulins à vent.
La semaine prochaine débute la 15ème édition du festival « Terre de Blues » qui verra la population de l’ile doubler. Plus de 15 000 personnes sont attendues pour l’évènement, les rotations de navires transportant les festivaliers sont multipliées… y compris pour des retours en Guadeloupe la nuit car tous les hébergements de l’ile sont complets. La population de Marie-Galante se situe aux alentours de 12 000 habitants. Parmi les têtes d’affiche : Jimmy Clift, Seun Kuti,…

MG1b

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9 – Retour à bord du Fort-Sainte-Marie

jr01mggdeanseDépart du port de Grand Bourg de Marie-Galante à 6 h du matin. Le soleil peine à percer la brume.
Les cheminées de l’usine de Grande-Anse, la dernière sucrerie en activité sur l’ile, produisent une abondante fumée visible depuis la mer. La saison sucrière bat son plein et elle va se poursuivre jusqu’à la fin juin. La sucrerie est un des principaux employeurs de l’ile avec une soixantaine de permanents et plus de 110 saisonniers (6 mois par an). Elle produit en moyenne plus de 10 000 tonnes de sucre par année.
Après une traversée tranquille, à l’approche de Pointe-à-Pitre, l’Express-Gold croise la route du Fort-Ste-Marie qui se présente à l’entrée du port. Le porte-conteneurs réalise un slalom rendu obligatoire par les travaux de dragage en cours. Occasion unique de photographier et de filmer le Fort-Ste-Marie
en mer. Ci-dessous le navire en navigation en pleine mer et une courte vidéo à visionner.jr01FSM Depuis le port de Bergevin à Pointe-à-Pitre le taxi me conduit jusqu’au port des conteneurs à Jarry (commune de Baie-Mahault). Le Fort-Ste-Marie vient tout juste de s’amarrer et la passerelle est en cours d’installation.
Deux passagers sont déjà à bord : l’accompagnateur traditionnel de chevaux qui va s’occuper de 4 chevaux de loisirs pendant leur traversée jusqu’à Rouen et une voyageuse en cargo qui a effectué, il y a deux semaines, la traversée aller sur le Fort-St-Georges.
Jr01Travaux2L’activité de dragage du port ne ralentit pas avec le ballet incessant des dragueurs. Le porte-conteneurs amarré près du Fort-Ste-Marie appareille en fin d’après-midi Un petit remorqueur rouge l’aide dans sa manœuvre.

Après que les panneaux des cales près de la grue aient été reposés à la fin des opérations de déchargement et chargement, installation de l’écurie et du container à foin. Ces containers ne resteront pas isolés très longtemps !

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Pendant ce temps les marins non concernés par les opérations de chargement rafraichissent le bleu de la coque à l’aide de rouleaux placés au bout de longs manches.

Z-utilNouveauté à Pointe-à-Pitre, près de l’entrée de la darse, le nouveau bâtiment inauguré par le Président de la République la semaine dernière: le Mémorial ACTe …. Structure moderne argent sur fond noir dont le musée sera ouvert au public en juillet.
Départ prévu vers 23 h 30, départ auquel je n’assiste pas.
Présents à bord 35 personnes (30 membres de l’équipage et 5 passagers) et 4 chevaux.


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10 – du Créole au Ch’timi : de Guadeloupe à Dunkerque

A Marie-Galante, comme sur le Continent (désignation de la Guadeloupe pour les Marie-Galantais) la langue courante est le Créole. C’est aussi la langue couramment utilisée sur les médias radio et télévision dont Guadeloupe Première.
Au bout de cette traversée, la prochaine escale sera Dunkerque, dans le Département du Nord, où une des langues parlée couramment est le Cht’imi.
Ce voyage constituera aussi une forme de trait d’union entre le Créole et le Cht’imi !
a_route_FSM_retour2
Dimanche 17 mai 2015
5 h 30 , il fait jour et le soleil est déjà levé.
A 6 h 30 le Fort-Ste-Marie, qui a débuté hier soir son 154ème voyage, a parcouru 120 milles marins depuis le départ de Pointe-à-Pitre. Il est plus chargé qu’au départ de Fort-de-France car le tirant d’eau à l’arrière s’affiche à 9,45m contre 9,20m au départ de Martinique.
En quittant le port de Montoir-de-Bretagne, le tirant d’eau du navire atteignait 10,60m. Confirmation concrète que le commerce maritime vers les Antilles Françaises se traduit par un tonnage de marchandises plus important provenant de la métropole que celui concernant les « exportations » vers l’Europe.
Selon les chiffres officiels du Ministère des Transports pour l’année 2013, 4,720 millions de tonnes de marchandises avaient été débarquées en Guadeloupe et en Martinique contre 1,783 millions de tonnes de marchandises embarquées.
Dont une grande part concerne les bananes. Pour ce voyage, ont été chargés à Fort-de-France et à Pointe-à-Pitre 310 containers remplis à ras-bord pour un poids d’environ 7 000 tonnes.
Selon le groupement des producteurs de bananes de Guadeloupe et Martinique il s’agit de la première
culture agricole aux Antilles où un actif sur 20 travaille pour la filière.
Les données officielles du Ministère de l’Agriculture indiquent pour l’année 2009 une production pour La Guadeloupe de 59 3000 tonnes de bananes, tandis que la production de la Martinique s’élevait à 189 500 tonnes. La banane représente en valeur moyenne 20 % de la production agricole de la Guadeloupe et 54 % de celle de la Martinique.
JR03am1aA bord, les températures sont très agréables (26°3 pour l’air et 27°6 pour la mer), le « vent moyen » souffle à 20 nœuds soit force 5, la vitesse moyenne du navire dépasse les 20 nœuds et la navigation est agréable avec très peu de roulis et pas de tangage.
La route choisie par le commandant passe par le Nord de l’archipel des Açores, au-dessus des iles de Florès et de Corvo, avant de prendre la direction de Dunkerque par le chemin le plus court.
A 16 h 30, instruction sécurité pour les passagers organisée par le second-capitaine avec le concours du Lieutenant Sécurité Philippin… qui est toujours le démonstrateur pour revêtir la combinaison de survie. Par rapport au premier essayage, lors du départ du Havre, il s’est montré nettement plus rapide.
Quelques informations sur le voyage :
Vers 17 h, nous croisons le Fort-St-Pierre à moins d’une journée de mer de la Guadeloupe. Croiser est un euphémisme car en fait nous ne l’apercevons que sur l’écran radar où il est signalé à environ 40 milles du Fort-Ste-Marie (soit plus de 70 km). C’est un navire sur lequel j’ai voyagé trois fois entre l’Europe et les Caraïbes.
Au retour le Fort-Ste-Marie transporte 341 conteneurs réfrigérés accueillant chacun environ 22 tonnes de bananes soit un poids de 7 000 tonnes environ.
L’équipage comprend 30 personnes dont 10 Français et 20 Philippins.
Une bordée supplémentaire est présente pendant 4 mois pour effectuer des travaux d’entretien et de peinture, explication des marins effectuant des travaux de peinture  sur la coque depuis le quai à Pointe-à-Pitre.
Si le temps de présence moyen à bord pour les Français se situe aux environs de 2 mois (2 voyages aller et retour) suivis de 2 mois de congés passés à terre, il atteint, chez les Philippins, 6 mois pour les officiers et 9 mois (voire plus) pour les marins. De plus leurs contrats sont des CDD (Contrat à Durée Déterminée) et à l’issue de leur temps à bord ils ne sont plus payés. Leur embarquement suivant, après un temps de repos variable, donnera lieu à la signature d’un nouveau CDD. La gestion de leurs contrats (embarquements, navires, durées est gérée par la CMA-CGM en liaison avec des agences de recrutement des Philippines. Celles-ci, très nombreuses du fait du grand nombre de marins dans ce pays (environ un quart de l’ensemble dans le monde), sont contrôlées par un organisme public des Philippines.
Ce soir premier changement d’heure en avançant la montre d’une heure pour la première de nos six journées à 23 heures.

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 Lundi 18 mai 2015

Réveil après la première nuit raccourcie d’une heure vers 5 h 45, le jour pointe mais le soleil n’est pas encore levé. Direction la piscine pour un second bain, après celui d’hier après 18 heures. Eau fraiche à l’entrée puis très agréable… et toujours aussi salée. Puis petit déjeuner à 7 heures.
JR04am0Temps très agréable avec une température de l’air à 25°8 et celle de la mer à 26°2.
Le Fort-Ste-Marie navigue à la vitesse de 21 nœuds, cap au Nord-Est. Le vent à force 4 vient du Sud et pousse le navire sur son arrière. La mer est peu formée à moins d’un mètre de creux.
JR03am1bA la passerelle, inondée de lumière et où les stores sont baissés, c’est l’heure du changement de quart. Le lieutenant assurant la tranche de 4 h à 8 heures laisse la place à celui qui va assurer la veille et surveiller la marche du navire de 8 h à midi. C’est aussi celui-ci qui va éditer la feuille récapitulant le menu des deux repas et les informations du jour pour l’équipage et les passagers : changements d’heure, exercices pour l’équipage, informations diverses,…
JR03am1TropicA 8 h 40, heure du bateau, nous traversons le Tropique du Cancer à 23°27 de latitude Nord. C’est aussi la latitude de la ville de la Havane. Curieusement les tropiques ne sont pas dessinés sur les cartes marines !
A cette même heure, nous avions parcouru 632 milles marins (1 170 km) depuis le départ de Guadeloupe.

Visite de l’écurie (provisoire) du Fort-Ste-Marie
JR03am1d
L’accompagnateur des chevaux et le propriétaire de l’un des chevaux et présent à bord, comme chaque jour, sont allés servir une petite collation aux chevaux vers 11h15.
Pour accéder à «l’écurie navigante», grande balade à l’intérieur du navire: descente de tous les étages du château, puis d’un niveau supplémentaire pour atteindre le pont, juste au-dessus de la mer, puis emprunter un passage situé entre le bord du navire et les cales sous la première rangée de containers. Enfin escalader une échelle conduisant à l’accès aux chevaux logés près de la grue dans un container jaune aménagé en écurie séparée en deux box.
JR03am2aAu menu de nos amis à quatre pattes des pommes puis des carottes. De préférence dans cet ordre car les chevaux préfèrent les carottes… qu’il faut leur proposer en dernier. L’un d’entre eux, Radva, couché à notre arrivée se lève dès que l’odeur des pommes s’est faite sentir.
Ce repas est aussi le moment idéal pour évaluer l’état de forme des chevaux, vérifier si tous ont bien été couchés à un moment, renouveler les provisions d’eau fraiche, l’état des litières, …
La réserve de nourriture et de litière est stockée dans un autre container à l’immédiate proximité du container écurie.
Présentation des chevaux :
Une jument grise dénommée Unebeauté et son compagnon de box  Tidam occupent le premier box. Dans le second cohabitent Radva le cheval espagnol qui voyage avec son propriétaire et une grande ponette portant le nom de Peggye mais est aussi appelée Papaye.jr03Tidam_Unebeaute_Radva_Peggye_dite_PapayeAujourd’hui une modification apparait dans le changement d’horaire qui s’effectue à 16 h qui devient 17 h. Ainsi l’heure perdue n’affectera pas les heures de sommeil.
Ce soir pot offert par le commandant aux passagers. Atmosphère très sympathique et très conviviale comme d’habitude. Les officiers de la Machine sont arrivés un peu plus tard car il leur fallait achever de résoudre un problème.

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Mardi 19 mai 2015
JR04am3
A 6 h, jour à peine levé, temps clair et assez lumineux, mer d’un beau bleu et le soleil n’est pas encore levé. Les effets de nos deux journées précédentes écourtées à 23 heures chacune commencent à se faire sentir. Direction la piscine.
Après déjeuner, cap sur la passerelle où la relève entre les quarts (4 h à 8 h et 8 h à 12 h) est en train de s’effectuer. Le ciel maintenant très gris où le soleil n’a pas réussi à s’imposer face aux nuages. Plus tard, au moment du premier lancer de ballon de la journée, un fin crachin va s’installer.
Les températures de l’air à 22°7 et de la mer à 23°5 demeurent très agréables. Le vent bien qu’à force 5 (19 nœuds soit 35 km/h) mais soufflant dans le travers arrière tribord ne provoque aucun des inconforts qu’entraîne roulis ou tangage. Le navire ne bouge quasiment pas.
JR04am4Selon les prévisions météo, réactualisées toutes les 12 heures, projetées sur la route que va emprunter le Fort-Ste-Marie, la situation devrait rester agréable jusqu’à Dunkerque.
Ce matin le Fort-Ste-Marie avait parcouru 1 093 milles marins soit un peu plus de 2 000 km. Restent plus de 4 700 km avant d’atteindre Dunkerque.
JR04am1Vers 9 h, heure du bateau, lancement du ballon sonde météo sous le crachin. Envol réussi mais très vite le ballon s’éloigne du navire et prend de l’altitude dans un ciel très gris. Pendant son ascension, la pression atmosphérique diminuant, la taille du ballon s’agrandit.
JR04am6La sonde qui y est accrochée, transmet en permanence, à la station météo du navire mais aussi à Météo-France à Toulouse, toutes les informations captées  pendant l’ascension concernant son altitude, l’heure du relevé, la température, la pression atmosphérique, la direction et la vitesse du vent. Ces données s’affichent en continu sur l’écran d’un ordinateur situé à la passerelle.
Résumé des observations :
Au moment du décollage, la température au sol affiche près de 23 degrés, au bout de 3 000 mètres d’ascension la température a chuté à à 3 degrés. A 3 600 mètres, la température passe sous le zéro degré. A l’altitude du sommet du Mont-Blanc il fait moins 8 degrés et moins 14 degrés à celle du Kilimandjaro. A la même altitude que le sommet de l’Everest la température relevée s’affiche à moins 27 degrés, à 10 500 m, altitude moyenne où circulent les vols transatlantiques, moins 48 degrés et enfin moins 68 degrés à 13 550 mètres. Par contre à l’altitude de 14 200 mètres atteints en 40 minutes, chute de la température à moins 62 degrés et pour la suite de l’ascension la sonde n’a plus affiché de températures cohérentes mais seulement des pressions atmosphériques, des directions et vitesses du vent.
Tous les jours de la semaine, deux navires de cette ligne naviguent sur l’Atlantique et transmettent, plusieurs fois par jour, des informations à Météo France. Informations qui viennent compléter et affiner celles recueillies par les satellites.
Fregate_France_1Ce rôle était jadis dévolu aux frégates météo de la Marine Nationale dont le dernier navire, le «France 1» a été retiré du service en 1985 pour devenir un navire musée à la Rochelle–la Palice son port d’attache. Le premier navire de ce type (un cargo) avait été mis en service par la France en 1938 pour aider à l’observation météo au profit de la navigation aérienne en Atlantique. Elle se développera de manière considérable pendant la seconde guerre mondiale.
Après 1985, des ingénieurs de Météo-France étaient embarqués à bord des navires de la ligne des Antilles et c’est plus tard que les équipages des navires CMA-CGM ont repris en charge ces tâches météo.

Aujourd’hui, à nouveau, le changement d’heure s’effectue à 16 h où nous passons directement à 17 H.
Cette méthode a été choisie car il n’y a pas au cours de cette traversée trop de travail à bord et ceci permet à l’équipage de ne pas rogner sur son temps de sommeil.
Le temps gris et humide s’est prolongé toute la journée avec des températures agréables. De temps en temps, aperçu entre la muraille des containers et le pont supérieur, le soleil tente, en vain, de percer la couche de nuages. La couleur de la mer d’un bleu profond contraste avec celle du ciel gris.

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Mercredi 20 mai 2015
JR05am0
Effet des trois premières heures rattrapées sur le décalage horaire ? Réveil tardif (par rapport aux jours précédents). Il fait grand jour et à 7 h 15, le soleil est levé depuis longtemps.
Après le petit déjeuner, visite à la passerelle.
Temps très agréable avec la température de l’air à 20°7, celle de la mer continue aussi à descendre à 20°8. Le vent toujours établi au secteur Sud, à force 5, nous pousse dans le dos. La mer, avec des creux de 2 mètres, reste calme car le Fort-Ste-Marie ne bouge presque pas. Pour le voilier Léo aperçu à notre proximité hier soir le confort ne semblait pas se situer au même niveau !
Le navire progresse à près de 22 nœuds cap au 50 (Nord-Est) «avalant» 2 932 km depuis la Guadeloupe. Environ 3 900 kilomètres nous séparent encore de Dunkerque. Nous approchons de l’archipel des Açores que nous devrions laisser par le Nord des iles de Florès et de Corvo demain.
Ce matin, une première pour moi, la découverte du souffle d’une baleine. Grâce à la vigilance de notre co-passagère, qui, la première, a aperçu le phénomène ensuite répété à trois reprises. Cela méritait que la position et l’heure de l’évènement soient relevées : 34°50 N – 40°27 W vers 9 h 08, heure du bateau.
JR05am27Comme nous avançons chaque jour notre montre d’une heure, aujourd’hui le premier lancer de ballon météo a lieu peu avant 10 heures. Comme hier sur le côté bâbord, plus à l’abri du vent, le «Reeferman» prépare l’opération. En Français terrien, le «Reeferman» est un marin dont le travail consiste à s’occuper des installations électriques alimentant les containers réfrigérés (Reefers).
JR05am23A la passerelle, préparation du lacement à proximité de l’ordinateur de la station météo, mise ee service du boitier contenant les capteurs et le module de transmission, préparation du ballon…
Sur le pont préparation du berceau (grand cercle métallique siglé Météo-France) où sera gonflé le ballon avec de l’hélium dont les bouteilles sont installés deux ponts plus bas, à proximité de la piscine.
JR06ballon1Le ballon gonfle très rapidement et il ne reste contenu dans le berceau que grâce à la bâche solidement fixée sur sa partie supérieure.
Le « Reeferman » accroche le boitier et en soulevant la bâche tient d’une main le boitier et de l’autre le ballon avant de lâcher l’ensemble qui s’envole très vite dans le ciel gris. Le temps de rentrer à l’intérieur de la passerelle, le ballon a dépassé l’altitude de 500 m.
Les températures baissent très vite: lancé avec 20°6 au sol, la température de l’air n’atteint plus que 16°4 à 1 000 m d’altitude, puis 13°4 à 1 500 m, 9° à 2 000 m, 6°3 à 2 500 m, 3°2 à 3 000 m, 0°7 à 3 500 m avant de devenir négatives. A 4 500 m d’altitude moins 6 degrés, moins 9 degrés à 5 000 mètres, moins 14 degrés à 6 000 mètres. Le niveau le plus bas sera atteint à moins 68 degrés vers les 13 500 mètres d’altitude. Suivant les conditions météo et l’ensoleillement la vitesse d’ascension peut être différente entre 5 et 6 mètres par seconde.
Le reste de la matinée s’est passée à observer le trafic maritime sur les instruments du bord et en visualisation directe ou à la jumelle quand cela était possible… tout en tentant de repérer de nouveaux souffles de baleine ou la présence de dauphins. Vers 20 h, un des passagers présent à la passerelle aura la chance d’apercevoir une baleine en surface pas très loin de la route du navire.
JR05amStiY2Nous sommes voisins proches du STI YORKVILLE, pétrolier de 183m voguant en direction de Cristobal où il est attendu le 28 mai à 10 h UTC, mais aussi du LAUREL, yacht de 73 m en direction de Gibraltar et autre voisin plus éloigné (87 milles) le SERVET ANA.
En cours d’après-midi, le KSL SAPPORO naviguait à 15 milles de nous, le SCHWEIZ REFF à 29 milles et le FAIRCHEM FRIE à 36 milles. Ces informations sont apportées par le système A.I.S. qui permet aux radars de repérer et d’identifier tous les navires à leur proximité, d’indiquer leur cap, leur destination, leur vitesse de croisière, …
Dans l’après-midi les conditions de températures et de couleur du ciel n’évoluent que très peu.
Aujourd’hui nouveau changement d’heure à 16 h qui devient 17 h. Ainsi toute la journée de demain jeudi 21 mai nous serons sur l’heure de Temps Universel (GMT) et nous aurons toujours deux heures de retard sur l’heure de la métropole.
JR05_pm2 (13)Le changement est provoqué depuis l’horloge de la passerelle par l’officier de quart qui lance l’opération une minute avant l’heure choisie. Un mécanisme fait avancer les heures de l’horloge du navire à la même vitesse que l’aiguille des secondes de l’horloge maitresse qui affiche l’heure en temps universel. Ainsi en une minute les deux horloges sont synchrones et aujourd’hui il est 17 heures à la fois, en heure locale du bateau et en heure Temps universel.
Cette nouvelle heure s’affiche instantanément sur toutes les horloges du Fort-Ste-Marie.
Et comme tous les jours, beaucoup de temps passé à la passerelle ou sur le pont autour de la piscine, à regarder la mer qui change tout le temps.

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Jeudi 21 mai 2015
JR06am1
A 7 h 30, nouvelle heure du navire, il fait grand jour et superbe luminosité du ciel. Le Fort-Ste-Marie, parfaitement stable, roulis et tangage inexistants, contourne actuellement l’archipel des Açores par le Nord de Florès et Corvo.
Ce matin à 8 h 24 UTC et heure du bateau, 2 059 milles (3 813 km) nous séparent de la Guadeloupe et le port de Dunkerque reste distant de 3 000 km. Nous devrions y être à quai lundi 25 mai 2015 dans la matinée.
Depuis Pointe-à-Pitre, la température de l’air a chuté de près de 8 degrés et à la place des bermudas, chemisettes,… les vêtements plus chauds sont de sortie.
Aujourd’hui le lancer de ballon s’est effectué dans des conditions de luminosité très satisfaisante. Ce qui a permis d’en filmer le départ et le début de l’ascension. Mais très vite ce gros ballon blanc se perd de vue au milieu des nuages blancs.JR06ballonbCe matin personne n’a aperçu de baleine, par contre pratiquement tous, moi y compris, nous avons vu des dauphins patrouillant en groupe presque à la surface de la mer.
Dans l’après-midi, de nombreux dauphins circulent autour du navire, le plus souvent, arrivant en groupe face à la proue, ils passent, à grande vitesse, soit à gauche soit à droite, dans leur attitude si caractéristique ponctuant leur avancée de bonds successifs hors de la mer.
En soirée, alors que, sur l’aileron de la passerelle, nous sommes trois passagers en attente du coucher du soleil prévu à 22 h 17, heure actualisée du bateau, festival des baleines, se déplaçant deux par deux. Souffles fréquents et quasi simultanés des deux cétacés, et à plusieurs reprises leur dos apparaît furtivement à la surface. Ceci à une distance assez proche du bateau.
Hélas, il n’a pas été possible de photographier ces instants car les apparitions (souffles, dos des baleines, dauphins) si elles sont parfaitement visibles à l’œil nu, elles sont aussi toujours rapides, inattendues et éloignées du navire.
Comme les jours précédents à 16 heures, toutes les horloges du bord vont afficher 17 heures.
JR06scuzeol1Coucher de soleil après 22 h, heure du bateau. Très belle luminosité avec, à l’opposé, vers l’Est, à l’horizon une étonnante bande d’un bleu très clair séparant le ciel de la mer.
Côté Ouest de superbes couleurs, dommage qu’une assez large bande nuageuse noire  masque la descente finale du soleil sous la ligne d’horizon.
A 22 h 30, heure du navire, la nuit n’est pas encore entièrement tombée.
Au total journée magnifique, une des belles parmi celles que j’ai pu passer en mer.JR06synth

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Vendredi 22 mai 2015
JR08am3A 7 h 30, heure du navire, le temps est moins clair que lors de la matinée d’hier avec un brouillard que le soleil peine à percer.
Ciel plus nuageux, se découvrant progressivement dans la matinée. Le vent a changé de direction soufflant maintenant de plein Ouest au lieu du Sud les jours précédents. Mesuré en moyenne à 3 nœuds (force 1) cela se traduit par une mer encore plus calme, presque plate.
Néanmoins les températures continuent à baisser à 16°7 pour l’air et à 17°5 pour la mer.
Le Fort-Ste-Marie est maintenant, en plein Atlantique, à la latitude de Marseille, et il a parcouru 4 643 km depuis Pointe-à-Pitre et, 2 209 km nous séparent encore de Dunkerque. Tout ceci demeure très abstrait car autour de nous, en plein océan, les notions de distances et le temps (très présentes sur la terre ferme notamment au milieu de l’agitation des grandes villes) ont ici perdu beaucoup de leur contenu.
Visite de la machine commentée par le Chef Mécanicien ce matin. Trois passagers y ont participé et sont revenus enchantés du contenu de la visite, impressionnés par la salle des machines, sa taille, la chaleur et le bruit qui y règnent. Comme j’ai déjà effectuée cette très intéressante visite lors du voyage aller je n’y pas participé.
Temps couvert et faible visibilité l’après-midi.
Le vent reste très faible, quant à l’état de la mer il est tout à fait exceptionnel en Atlantique Nord sous ces latitudes : on ne peut la qualifier que de «mer d’huile» !
Dernier changement d’heures cet après-midi et nous serons enfin revenus à l’heure de la France Métropolitaine après avoir perdu 6 heures depuis la Guadeloupe. Dès demain nous vivrons à nouveau des journées de 24 heures.
JR07pm3brumeEn fin d’après-midi, un importante période de brouillard. La veille est assurée à la passerelle par l’officier de quart et le timonier effectuant tous deux de fréquentes observations de la mer à la jumelle.
Le timonier m’indique une baleine, presque en surface, vers l’avant gauche du bateau, mais elle s’éloigne très vite et comme le bateau file à 20 nœuds … pas le temps de réussir une photo.
La zone des Açores est très fréquentée par les baleines en cette période de l’année. Car cet archipel constitue actuellement l´un des plus grands sanctuaires de baleines au monde. Entre les espèces résidentes et migratrices, communes ou rares, il est possible d’observer ici 24 différents genres de cétacés.
Un peu plus tard, un oiseau vole juste au-dessus de la surface de l’eau. La mer est tellement plate qu’il s’y reflète.JR07merhuile

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Samedi 23 mai 2015
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A 8 h du matin, temps couvert, mer calme mais un peu moins plate qu’hier. Beaucoup d’humidité, les températures continuent leur descente à 13°9 pour la mer et 13°5 pour l’air. Le vent qui reste faible (force 1) est maintenant établi  pratiquement au Nord, ce qui ne contrarie pas la marche du Fort-Ste-Marie qui avance, toujours à 20 nœuds de moyenne, au cap 62 (Est-Nord-Est). Le navire se situe sur une position proche en latitude Nord de celle de Montoir-de-Bretagne, mais toujours très à l’Ouest en plein océan Atlantique.
Ayant parcouru près de 5 500 km, 1 400 km restent à accomplir pour rallier Dunkerque.
Deux marins sont présents à la veille à la passerelle : le Lieutenant de quart et le Timonier et comme le brouillard bien installé est maintenant très épais, la corne de brume émet son long son plaintif toutes les deux minutes.
Par moments, le soleil tente une timide percée au cœur du brouillard, mais la visibilité demeure très réduite, à peine la longueur d’un container de 40 pieds !
Sur l’aileron de la passerelle l’humidité règne, aussi les passagers restent volontiers, bien au sec, à l’intérieur de la passerelle sauf pour une courte séquence permettant d’enregistrer le son de la corne de brume
JR08compaileronMais après le brouillard et le Grand Gris du matin, revient, en milieu d’après-midi, le Grand Bleu. Grand Bleu sur la mer, Grand Bleu dans le ciel, superbe luminosité mais de la fraicheur car si le vent reste faible, il nous apporte le frais du Nord et les températures s’en ressentent avec à peine 14 degrés vers 15 h30.
Sur l’horizon se détachant bien sur le bleu de la mer et du ciel, une coque foncée surmontée de quatre grues et d’un château blanc. Le système AIS affiche son identité, sa destination, la distance qui nous sépare: à 12 Milles marins (22 km) le Stamina, cargo de 171 m vogue vers COA au Mexique où il est attendu le 12 juin 2015 à 12 h UTC.
Dauphin_02En fin de journée, deux passagers ont réussi à photographier des dauphins juste vers l’avant du navire.Dauphin_03
Ce soir plus de changement d’heure !

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Dimanche 24 mai 2015
JR09am
Cette nuit a été ponctuée, à plusieurs et longues reprises, par le son de la corne de brume. Ce matin le brouillard règne en maître sur la Manche où le Fort-Ste-Marie est entré depuis quelques heures. Le soleil essaie timidement de s’immiscer… mais sans beaucoup de réussite. La visibilité est mauvaise, voire très mauvaise et la corne de brume ponctue notre navigation.
Il fait frais avec une température de l’air à 10,9 degrés, avec la sensation de froid accentuée par l’humidité. Le vent reste faible à 6 nœuds (force 1) soufflant de l’Ouest favorisant la marche confortable du navire qui file à plus de 19 nœuds (35 km/h) cap à l’Est. Nous sommes maintenant à environ 500 kilomètres de l’arrivée à Dunkerque après déjà parcouru 6 300 km en 7 jours où nous avons perdu 15 degrés de température.
Autour de nous, de très nombreux bateaux dont le nom et la distance qui nous sépare est visible sur l’écran AIS. Le Système d’identification automatique (SIA) ou Automatic Identification System (AIS) en anglais, est un système d’échanges automatisés de messages entre navires par radio VHF qui permet aux navires et aux systèmes de surveillance de trafic (CROSS en France) de connaître l’identité, le statut, la position et la route des navires se situant dans la zone de navigation.
Deux d’entre eux au moins possèdent un nom sympathique : à 7 milles Kelou Mad (Bonnes Nouvelles en breton) et Whiskey Trio … qu’il est inutile de traduire !
JupiterEn fin d’après-midi et en fin de journée, le temps s’est éclairci et de nombreux navires naviguent dans le « rail montant ». La plupart moins rapides que le Fort-Ste-Marie, aussi nous avons rattrapé puis dépassé Jupiter Leader, puis Hornisse, puis BBS Surf….JR09bateauxxLe rendez-vous avec le pilote est fixé à 4 heures du matin et l’arrivée à quai vers 6 h.

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11 –  Escale à Dunkerque

 Lundi 25 mai 2015
JR10amLe bateau ne vibre plus et n’avance plus, il est 7 heures ce matin dans le port des Flandres, assez loin de la ville de Dunkerque, où le Fort-Ste-Marie est amarré depuis maintenant une heure. Vers l’avant du bateau, la verdure de quelques champs, une petite forêt…  et même une petite plage de sable blanc!JR10Dunkerque_portNous sommes arrivés au terme de la traversée océanique après avoir parcouru 3 726 milles marins (un peu moins de 7 000 km) depuis le départ de Guadeloupe.
Temps gris à découvert, les températures sont plus élevées qu’hier sur la Manche. Mais assez rapidement ce soleil qui nous a fait tant défaut tous ces derniers jours sur l’océan Atlantique est ici bien présent dans le Nord. Il ne nous quittera pas (sauf la nuit) durant toute notre escale Dunkerquoise !
Les portiques commencent rapidement à décharger le navire, les containers d’abord, les panneaux de cale ensuite. Une fois ceux-ci enlevés les grutiers ont accès aux conteneurs stockés dans la cale, notamment les frigorifiques.
JR10camionsAu cours du déchargement des surprises se font jour, comme celle de la présence de deux camions vers l’avant du navire qui soudain apparaissent lorsque les conteneurs situés devant eux ont été enlevés par les portiques.
Mardi matin de nombreuses cales sont vides et le ballet des portiques reprend sans le sens du chargement du navire.

Parfois un container étant mal posé, le grutier pose à terre l’imposant système qui accroche les « boites » pour laisser monter un docker et le déposer délicatement sur le container incriminé pour débloquer un verrouillage récalcitrant. Quand l’opération est terminée, opération inverse pour récupérer le docker.dockersGrueCe soir appareillage de Dunkerque pour rejoindre le port de Rouen.

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12 – Retour à Rouen en remontant la Seinea_route_CarteDKRouen

Mardi 26 mai 2015
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A 17 h, le Fort-Ste-Marie appareille et quitte le port des Flandres, à Dunkerque, accompagné d’un beau soleil et d’une température quelque peu fraiche… qui justifie, bien que nous soyons à la fin du mois de mai, de faire appel au ciré et à la casquette de marin.
Magnifique ciel bleu où flotte un pavillon rouge et blanc qui indique que le pilote se trouve à bord.cJR11cielPendant notre manœuvre de départ, un ferry de la compagnie DFDS, venant d’Angleterre, rentre au port et rejoint le terminal de Dunkerque sans que cela ne perturbe les pêcheurs à ligne installés sur le môle.cJR11cportDKDix minutes plus tard, le port est déjà loin. Sitôt au large, nous croisons ou dépassons de très nombreux navires, mais aussi des oiseaux de mer, d’autres pêcheurs à la ligne à l’arrière d’un remorqueur,… au large de Calais qui s’estompe dans la brume.JR11cbateauxUne heure environ après l’appareillage, le pilote va quitter le navire de manière originale. Il va s’envoler à bord de l’hélicoptère de la station de pilotage de Dunkerque, avant d’aller tout aussi prestement servir un autre navire. Tout en décollant du pont du Fort-Ste-Marie il n’oublie pas le traditionnel salut des pilotes au navire (et à son équipage) qu’il vient de quitter.cJR11helicoPour clore en beauté cette superbe sortie de Dunkerque, le soleil nous a gratifié d’un superbe coucher sur la côte Anglaise… avec plein de bateaux sur l’eau, des très gros comme CMA-CGM Alexander-Von-Humboldt (que nous retrouverons au Havre), des plus petits,   et des encore plus petits comme de nombreux bateaux de pêche dont la présence s’explique par la proximité de la côte.Cjr13eolSpectacle magnifique à apprécier aussi depuis l’intérieur de la passerelle.cJR11c_ (155)A 22 h 30, il fait encore très clair, mais la remontée de la Seine nous attend dès demain matin !

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Mercredi 27 mai 2015
Les jours se suivent sans se ressembler ! Peut-être en avions-nous abusé hier au départ de Dunkerque et le soir le long des côtes anglaises car le soleil a été porté absent pendant l’essentiel de la remontée de la Seine vers Rouen. Brouillard quasi permanent avec des séquences où la visibilité était quasi nulle.JR12pave1Malgré tout le pilote et le commandant, suivant la route sur le radar, ont respecté le plan de marche à la vitesse prévue. Navigation tout à fait impressionnante quand la visibilité est nulle et que la Seine, depuis son estuaire jusqu’à Rouen, boucles après méandres, va dérouler son parcours sur 120 km, sans beaucoup de portions droites, avec des largeurs qui varient, des bancs de sable qui changent de place, trois pont sous lesquels passer et environ 20 bacs qui traversent le fleuve de manière régulière. Le train et la route ne vont cumuler que moins de 70 km pour rejoindre Rouen au Havre !
Pendant des périodes assez brèves, le brouillard cède à regret la place à une chiche luminosité qui permet d’apprécier la beauté des maisons, des berges, des cygnes que le passage du navire ne perturbe nullement, … avant de se refermer sur le fleuve et le navire.JR12pave2A quelques encablures de l’arrivée au port des Moulineaux, comme un cadeau de bienvenue, tout s’éclaire et à l’approche de la Bouille le soleil s’installe nous permettant ainsi de constater que de beaux villages bordent le fleuve et que les bacs sont bien là.JR12pave3Manœuvre impeccable, sans l’aide d’un remorqueur, le Fort-Ste-Marie effectue une volte à 180 degrés sur le fleuve et vient se ranger en douceur le long du quai à l’emplacement qui lui est réservé et où l’attend déjà le premier camion apportant les vivres pour l’ensemble du prochain voyage de 28 jours aller aux Antilles et retour à Rouen. Un second camion viendra le rejoindre plus tard.JR12quaiPendant ce temps, sous le soleil et sur le fleuve l’activité ne se dément pas. Un vraquier, le Solidarnosc charge de l’orge un peu en amont au terminal céréalier. Un autre navire de la même compagnie maritime, tiré par deux remorqueurs quitte ce même terminal.
En aval et poursuivant dans la direction de Rouen, le paquebot Japonais Akusa II, navire long de 240 mètres, aménagé en grand luxe car il n’accueille que 800 passagers. Spécialisé dans les croisières « Tour du monde » avec la possibilité de n’y embarquer que pour un mois, trois mois ou plus.JR12akusaDeux de nos compagnons de voyage débarquent dans le port de Rouen dans l’après-midi en compagnie des quatre chevaux qui vont poursuivre leur voyage jusqu’à leur destination finale.
Nous profitons de ce superbe après-midi d’escale pour aller visiter le centre-ville historique de Rouen, la ville aux 100 clochers. Visite rapide autour de la cathédrale, l’abbatiale, les rues du vieux Rouen fortement peuplées de groupes de touristes parlant toutes les langues et encadrés par des guides portant des pancartes de reconnaissance.
Dans la majestueuse cathédrale, pour la première depuis très longtemps sans échafaudage nous précise une habitante du lieu, trône une superbe maquette d’un drakkar comme ceux qui ont fait accoster notamment les guerriers de Rollon, premier Duc de Normandie.JR12RouenAu retour au navire, les opérations de chargement des conteneurs se poursuivent.
Devinette en forme « d’image d’Epinal » :
Sur la photo ci-dessous qui montre bien la taille du bateau, en cherchant bien, entre escaliers et ponts, il est possible d’y découvrir les deux tiers des passagers restant à bord ainsi que le marin de garde à la coupée. Saurez-vous les retrouver?JR12retour

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13 –  Descente de la Seine vers le Havrea_route_JR13CarteFSM

Jeudi 28 mai 2015
Après l’appareillage à 1 h du matin depuis le port de Rouen et plus de 130 kilomètres de navigation sur la Seine, le Fort-Ste-Marie, entré dans le port vers 7 h du matin, vient s’amarrer au bout du quai du bassin Hubert Raoul-Duval dans le port le Havre-Port 2000.
JR13port2000bInauguré en 2006, aujourd’hui ce nouveau port propose un quai long de près de deux kilomètres qui sera bientôt rallongé de plus d’un kilomètre supplémentaire, vers la sortie du port. Ce qui lui permettra d’accueillir simultanément trois porte-conteneurs supplémentaires. L’objectif fixé lors de sa création, était de supprimer toute contrainte de marée, et par là, de supprimer les temps d’attente pour les plus gros porte-conteneurs de dernière génération. Ce port apparait organisé de manière beaucoup plus rationnelle que les ports classiques (comme Rouen, Dunkerque, Montoir-de-Bretagne, Pointe-à-Pitre) car une voie privative, permet le déplacement sans risque des automobiles et des piétons le long du quai car séparée, sur toute sa longueur par une clôture, de la zone de manutention des conteneurs.
Von_HumboldtSous la pluie fine et avec une visibilité très réduite, à l’arrivée face à l’entrée du port, nous croisons un des actuels «géants des mers» le porte-conteneurs CMA-CGM-Alexander-Von-Humboldt en route, avec son impressionnante cargaison, vers l’ile de Malte où il est attendu le dans le port MARSAXLOKK le lundi 1er juin à midi. Ci-dessous des liens permettent de visionner cette brève rencontre entre le Fort-Ste-Marie et le Alexander-Von-Humboldt.
A l’entrée de Port 2000,
Croisement de l’Alexander-Von-Humboldt et du Fort-Ste-Marie
Alexander-Von-Humboldt en route vers Malte
Avec ses deux «navires jumeaux», le Marco-Polo et le Jules-Vernes, il fait partie du cercle restreint des très gros navires avec sa capacité à transporter 16 000 « boites » ou  EVP (Equivalent Vingt Pieds soit environ 6 mètres) de longueur).
Long de 396 mètres (l’équivalent de la longueur de 4 terrains de football !) , large de 54 mètres (environ la largeur d’un seul terrain de football), il vient d’être dépassé en taille par une nouvelle génération de porte-conteneurs dont le CMA-CGM-KERGUELEN, baptisé au Havre le mardi 12 mai 2015, qui, lui, peut porter près de 18 000 « boites ».
Alexander Von Humboldt, était un scientifique et explorateur allemand né en 1769 et décédé en 1859. Il est considéré comme le père de la géographie moderne, celui qui a fondé les bases des explorations scientifiques modernes.

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14 –  – De la Normandie jusqu’en Bretagnea_route_LH_MdB_30mai2015

 Vendredi 29 mai 2015
Partis à 5 passagers et 4 chevaux de Guadeloupe, nous nous sommes retrouvés à 3 passagers et plus aucun cheval à l’escale de Rouen. Poursuite des désertions à l’escale du Havre, et pour poursuivre la route jusqu’à Montoir-de-Bretagne, puisqu’il n’en reste plus qu’un, je suis celui-là.
Appareillage à 11 h 15 avec l’appui du remorqueur « Superenzo » .

JR14bGardavouNous quittons le Havre port 2000 à bonne et allure et comme nous étions le dernier bateau dans la zone des grues de la «Générale de Manutention Portuaire», associée de la compagnie CMA-CGM, tout proches de l’extrémité intérieure du bassin, nous passons en revue les quatre navires (Rafaela, Miami et Uma, porte-conteneurs, St Sara petit pétrolier ravitaillant Uma) et une péniche (Bosphore) amarrés dans le port ainsi que les portiques inactifs dont on pourrait imaginer qu’ils nous présentent les armes !
Le vent souffle  ce qui a pour conséquence de creuser un peu la mer.
JR14bvoiliersEn mer le vent est plus accentué et la mer un peu plus forte. Le brouillard semble vouloir s’installer. De nombreux voiliers sur l’eau dont deux d’entre semblent disputer une régate.
Le Havre et Ste-Adresse s’éloignent sous un ciel gris.
Ste-Adresse, grand sujet d’inspiration pour Claude Monet.

JR14SteAdrMonetSur les hauteurs de Ste-Adresse se situait, il y a encore peu de temps, une école de formation de la Marine Marchande aujourd’hui installée à proximité du port du Havre. Les trois autres écoles sont implantées à St Malo, Nantes et Marseille.
A midi, nous avons parcouru 10 milles marins ( 18 km) et, sa mission terminée, sonne l’heure du départ du pilote. La vedette chargée de le recueillir nous a rejoint dans une gerbe d’écume. En quelques secondes il quitte le Fort-Ste-Marie par « l’échelle du pilote » et, une fois qu’il est à bord, la vedette reprend la direction du Havre.
La mer est maintenant plus creusée et le brouillard se lève. De très nombreux navires (au moins une vingtaine) sont au mouillage, en attente de rentrer à quai. Notamment un imposant navire roulier.
Deux heures plus tard le brouillard est plus épais et le son de la corne de brume se fait entendre. Puis la Normandie arrose notre départ en nous gratifiant d’une pluie drue et froide accompagnée d’une visibilité réduite et d’une mer plus forte que le soleil, malgré plusieurs tentatives, ne réussit guère à rendre moins grise.
Le navire tape dans la mer et nous sommes un peu secoués.
Vers 18 heures, alors que le navire vient de dépasser la pointe de la Hague et se trouve au large d’Alderney ou Aurigny en Français, l’ile Anglo-Normande la plus proche du continent, le soleil revient et s’installe dans le ciel. Il ne nous quittera plus avant son coucher.
Beaucoup de bateaux sur la zone entre ceux qui fréquentent le rail descendant comme le Fort-Ste-Marie et ceux empruntant le rail montant vers le Nord : des cargos, des pétroliers, mais aussi des pêcheurs au travail en plein milieu du rail, comme le Marie-Catherine, petit bateau rouge et blanc immatriculé à Cherbourg qui traîne son chalut entouré d’une nuée d’oiseaux de mer comme on le voit bien sur la vidéo accessible en cliquant sur le lien ci-dessus. Il se situe alors à moins de 1 500 mètres de nous.
JR15Eol1Vers 22 h, à l’Ouest, le soleil descend doucement vers la ligne d’horizon derrière laquelle il ne se cachera que dans plus de 15 minutes. A l’Est nous contournons l’archipel des iles Anglo-Normandes (Guernesey, Sercq, Jersey, …)
A 22 h 30 il fait toujours très clair mais la température incite fortement à se réfugier à l’intérieur du navire.
Notre navigation va se poursuivre cette nuit en direction de Montoir-de-Bretagne que nous devons atteindre samedi 30 mai  après être passés sous le pont de St-Nazaire.

Samedi 30 mai 2015
A 6 h, le jour est déjà bien levé et le soleil ne tarde pas à s’installer dans le ciel sur une mer calme mais où une houle résiduelle provoque un peu de roulis. Le vent a considérablement molli à Force 1, les températures n’ont plus rien de tropical avec 12°3 pour l’air et 14° pour la mer. Le navire file à près de 18 nœuds (33 km/h).
JR15SalleMangerA 7 h la salle à manger est baignée de lumière et la mer est visible depuis la plupart des hublots, car pour cette traversée, aucun conteneur n’a été posé sur la rangée bâbord devant le château laissant libre la vue sur la mer.
Pendant la nuit, le Fort-Ste-Marie a contourné la Bretagne et se trouve déjà dans la Chaussée de Sein, avant un prochain changement de cap qui permettra de longer les côtes et les iles du Morbihan avant de se présenter à l’entrée de l’estuaire de la Loire.
Le trafic maritime de ce matin est beaucoup JR15voilier1moins intense que celui d’hier soir, plus au Nord dans la Manche. Cependant quelques navires sont à notre proximité dont quelques bateaux de pêche.
Au déjeuner, gâteau d’anniversaire du maître mécanicien pour tout le monde.
L’arrivée au port de Montoir-de-Bretagne est prévue vers 22 h et la « prise du pilote » vers 20 h.
A 14 h nous voguons au large de Belle-Ile-en-mer jumelée avec Marie-Galante.
Vers 17 h, le navire qui naviguait à allure réduite (10 nœuds soit 18 km/h) modifie son cap. Plus tard il augmente sa vitesse à près de 16 nœuds et dans la phase d’approche du point de rendez-vous avec le pilote, elle descend à 5 nœuds.
JR15PassrlTemps doux mais brumeux.
Vers 18 h mise en place de l’échelle du pilote côté tribord. Un petit voilier long de 7 m file à 11 nœuds (information AIS) et il traverse notre sillage.
Un roulier de couleur bleu foncé siglé Airbus, le Ciudad-Cadiz sort de St-Nazaire et ne tarde pas à prendre la direction du Sud.
Un second roulier JR15bcadizAirbus, le City of Hamburg, attend au mouillage son tour pour rentrer dans l’estuaire.
Le soleil tente une timide percée au milieu des nuages, à la hauteur du phare du Pilier, juste devant l’ile de Noirmoutier où le sablier Michel DSR remplit sa cale.

JR15pilot2A 19 h, le pilote, venu de St Nazaire sur la vedette rapide Lambarde , est à bord. Le Fort-Ste-Marie entame aussitôt la rentrée dans l’estuaire de la Loire. La vedette Couronnée IV n’est pas présente à son mouillage habituel, ce qui contraint les pilotes à rejoindre ou quitter les navires à servir à bord de vedettes rapides. Quand la Couronnée est à son poste de mouillage, les pilotes dorment à bord. Ils sont ainsi plus proches du lieu où ils embarquent ou débarquent des navires rentrant ou sortant de l’estuaire.
Un pigeon voyageur, bagué et semble t’il épuisé, a trouvé refuge sur le Fort-Ste-Marie. Tout d’abord sur la grue centrale puis ayant récupéré, il se promène sur le navire à la recherche de nourriture.JR15pigeon01

JR15pont0La rentrée au port s’effectue tranquillement (et JR15harmony6traditionnellement) en passant sous le pont de St-Nazaire et en longeant le chantier naval où la construction du paquebot Harmony-of-the-Seas se poursuit.

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15 – Fin de ce Voyage

Dimanche 31 mai 2015
Temps gris et pluie continue sur le port et sur le navire. Pour effectuer le plein de carburant de la soute, la barge, avec sa citerne souple,s’approche du bateau. Dans quelques heures près de 1 200 tonnes de fuel lourd auront été transférés dans les réservoirs.
Un seul portique est à l’œuvre car l’autre, comme il y a un mois, est en panne.
Le taxi arrive sous la pluie et le «garçon passagers» m’aide à descendre mes bagages. Direction la gare de St-Nazaire et le TGV pour Paris Montparnasse… en passant le long du chantier naval où les deux frégates militaires (Vladivostok et Sébastopol) destinées à la Russie, aperçues hier en arrivant,  sont en cours d’achèvement.JR15brusses

En conclusion…
Malgré la coupure constituée par l’escale passée à Marie-Galante je n’ai absolument pas la sensation d’avoir effectué deux voyages mais un seul sur le même navire, avec le même équipage.
Une traversée, la même traversée … qui s’est poursuivie vers une destination, le retour au point de départ. Ce qui ne présente aucune importance car c’est le voyage en lui-même qui importe.

Le voyage en cargo constitue toujours un voyage particulier où, sur l’océan, pour au moins une semaine, nous nous trouvons hors du temps, au milieu de nulle part, entourés d’eau, sans point de repère réel. A chaque instant, s’impose visuellement le constat que le navire avance vers l’horizon mais que celui-ci sans cesse se dérobe… jusqu’à la prochaine escale à terre où là, enfin, l’horizon se stabilise à l’environnement du port.
En mer, seule la progression relevée heure après heure sur la carte à la passerelle permet de constater, virtuellement, cette avancée qui n’est vraiment confirmée qu’à la vue de la terre.
Une traversée océanique en cargo est aussi le partage de lieux et de temps avec des personnes que l’on n’a pas choisies mais qui toutes ont choisi d’être présentes sur ce cargo pour y travailler comme l’équipage ou pour y passer de son temps libre, comme les passagers, … qui sont les seuls à être oisifs à bord.

Fin de ce voyage de près de 15 700 km. A quand le prochain?

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Sur toutes les mers du Globe … ou presque de 1927 à 1945.

Mon père, Félix Guézénoc, comme beaucoup de jeunes « paganiz » de Kerlouan à la fin des années 1920, s’est engagé dans la Marine Nationale, la « Royale » selon le terme consacré.
Sa  carrière lui permettra de  » voir du pays » au travers de la chronologie de ses embarquements sur différents navires de 1927 à 1946.
Le document ci-dessous que vous pouvez ouvrir par un simple clic sur l’image couvre la période allant de 1927 à 1936 au travers d’un récit détaillé agrémenté de photos (en grande partie prises par mon père) , cartes, plans de navire et parfois d’extraits du rôle d’équipage,… D’autres documents, dont des cartes d’époque notamment, proviennent du Service Historique de la Défense (SHD) au Château de Vincennes et des Archives de la Marine à Brest (extraits de Rôles d’équipage).
Enfin, à visionner 2 petits films qui furent présentés en 1934 aux « Actualités Cinématographiques » du Pathé Journal qui précédaient chaque séance de cinéma en salle.
Départ de l’aviso colonial « Rigault de Genouilly » en mars 1934 de Lorient pour une croisière qui va le mener en Chine en passant par le détroit de Magellan, l’ile de Pâques, la Polynésie, …
Reportage sur le séjour du navire à l’ile de Pâques en juillet 1934.

 La suite, 1936 à 1946 , avec notamment sa participation à la Seconde Guerre mondiale, est en cours de rédaction.  YMFG_Couv__P1

 

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Cargo 2013: de Rouen jusqu’en Guadeloupe sur le porte conteneurs Fort Sainte Marie

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Naviguer sur la Seine,  tout en haut d’un porte-containers

2_4Tancarville_ (10)Embarquement mercredi 16 octobre en fin de matinée, dans le port de Rouen, sur le Fort Ste Marie, cargo porte-containers de la Compagnie CMA –CGM de près de 200 m de long et de 30 m de large.
Il pleut beaucoup sur Rouen au moment de l’arrivée du train et tout au long du trajet avec la navette «Interports» jusqu’à l’arrivée au pied du Fort Ste Marie avec un embarquement sous la pluie battante. Formalités d’embarquement rapidement réalisées au « ship-office » et très vite je prends possession de ma cabine « Océan Indien » comme lors de la précédente traversée.
Toutefois, en fin d’après-midi, un beau rayon de soleil éclaire la Seine et demain la météo 1_1Port_Rouen_16oct (3)prévoit un temps agréable pour accompagner notre descente de la Seine. Un seul regret, l’appareillage est prévu avant 5 h du matin en pleine nuit noire!

M. Nédélec commande le navire pour cette traversée. Il était aussi le commandant l’an dernier lors de mon retour des Antilles sur ce même Fort Ste Marie. Je reconnais aussi le Lieutenant de Sécurité de l’an dernier et notre « garçon passager» qui assure maintenant la fonction d’aide de cuisine.
Voyage classique vers la Guadeloupe, après la descente de la Seine, en suivant l’escale du Havre, le contournement du Cotentin et de la Bretagne avant Montoir de Bretagne pour une dernière escale précédant la traversée océanique. Le Fort Ste Marie est attendu à quai au port de Jarry en Guadeloupe, le lundi 28 octobre 2013 à 7 h.
Pour cette traversée nous ne serons que 2 passagers à bord. Mon compagnon de voyage, un Suisse Alémanique est attendu à l’escale du Havre.

Le Fort Ste Marie a fière allure avec sa coque repeinte d’un bleu profond après son escale FSP_rade_Bresttechnique et son passage en cale sèche à Brest au début de l’année 2013. La photo montre une image insolite du navire, en rade de Brest, lors de son départ après l’arrêt technique. En effet le porte-containers, très haut sur l’eau, ne porte encore aucun container !
En ce début d’après-midi, comme dans un ballet bien réglé, les portiques du port placent des containers sur la partie avant du navire.
Sur le fleuve, un peu de trafic et surtout la manœuvre d’un pétrolier qui, avec l’aide d’un remorqueur, effectue un tour complet pour positionner son avant vers l’aval du fleuve et pouvoir ainsi entamer sa descente vers la mer. Quelques petits cargos, des péniches, des navires de plaisance et le bac N°20 qui remonte le courant avec deux voitures à son bord. J’ignore où il va accoster pour débarquer voitures et passagers.11_b7_fin_remontee (29)
Si le navire amarré au quai ne bouge que très peu, les vibrations produites par la machine sont bien sensibles.
Vers 18 h, superbe soleil sur la Seine avec une température douce à 16°8.
J’effectue le tour du navire et nouveauté par rapport à l’an dernier, une plante est apparue à la passerelle du Fort Ste Marie.

Le « menu » du jour présent sur la table de la salle à manger présente comme de coutume le détail de ce qui sera servi à table au cours du déjeuner et du dîner. Il détaille aussi les informations à destination de l’équipage … et des passagers. On peut y lire que le mascaret est annoncé vers 21 h et de ce fait l’équipage sera appelé au « poste de manœuvre ».

Le mascaret de l’estuaire de la Seine

Dans l’estuaire de la Seine, le mascaret augmentait le niveau de l’eau jusqu’à + 2,5 m. La vague remontait vers l’amont a une vitesse de 25 km/h. Elle faisait courir de gros risques aux bateaux restés à quai, rompant leurs amarres et les fracassant sur le quai. Les bacs stationnaient au milieu de la Seine pour éviter tout accident.
mascaret_CaudebecLe point culminant du phénomène se situait à Caudebec-en-Caux. Il attirait de nombreux spectateurs dont certains se faisaient « doucher » par les débordements de la vague. Les accidents n’étaient pas rares et on dit même que la noyade de Léopoldine, la fille de Victor Hugo, serait due au mascaret.
Aujourd’hui, Les travaux d’endiguement successifs dans la Seine pour la construction du Chenal de Rouen ont fait disparaître le mascaret dans ses aspects spectaculaires en 1963.
(source: Université – le Havre)

De fait, le mascaret ne s’est manifesté, ce soir vers 21 h, que sous la forme que d’une petite vague et comme l’équipage se trouvait au poste de manœuvre au moment de son arrivée, la mise en marche en avant de la machine en a totalement contrebalancé l’effet. Dans la cabine, cela n’a été ressenti que comme un petit balancement.
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Carte de la navigation sur la Seine,  17 octobre 2013

source: http://www.marinetraffic.com/

Route_Seine

Résumé de la navigation sur la Seine le jeudi 17 octobre 2013:

4h 30 : Pilote à bord
4h 40 : toutes les amarres sont larguées, l’appareillage est réalisé
5h 50 : bac de Duclair
6h 10 : bac de Yville sur Seine
6h 40 ; bac de Jumièges
6h 50 : bac de Yainville
7h 15 : Pont de la Brotonne
7h 25 : Caudebec
7h 30 : changement de pilote : embarquement du pilote aval (1) et débarquement du pilote amont (2)sur la vedette
Beau temps, bonne visibilité sur cette tranche de 4 h
8h 00 : relève de quart
8h 35 : Quillebeuf sur Seine
9h 00 : Pont de Tancarville
9h 10 : vue vers le marais Vernier
9h 40 : Pont de Normandie
9h 50 : Honfleur
10h 00 : sortie dans le chenal de Rouen
10h 25 : le pilote de Seine débarque
10h 30 : préparatifs d’arrivée au mouillage
10h 55 : mouillage de l’ancre

(1)    Et (2)Surnoms des pilotes de Seine: «margat» pour les pilotes d’aval et «perroquet» pour les pilotes d’amont. Aujourd’hui la tendance est à la polyvalence et les pilotes sont souvent capables d’effectuer le service des navires indifféremment sur les deux parties du fleuve.
Source l’article parue dans la revue  » Chasse-Marée »  numéro 169
lien vers le site internet de la station de « Pilotage sur la Seine » – Rouen – Caen – Dieppe
 

Comme annoncé, le bateau a quitté le port de Rouen-les-Moulineaux peu avant 5 heures ce jeudi matin 17 octobre 2013. À cette heure (bien trop) matinale pour moi, je dormais encore et le léger mouvement de balancement du bateau m’a réveillé un peu plus tard vers 5h30. Du hublot de la cabine, la progression du navire ne se remarque dans la nuit noire que par le défilement, à petite vitesse, des lumières sur la berge.

Après 8 h, la nuit s’efface et le fleuve et le paysage se dévoilent enfin.Beaucoup de monde à la passerelle: le pilote de Seine, le commandant, le second-capitaine, l’officier de quart, un élève officier de la Marine Marchande en stage à bord et le passage d’officiers de la machine venant communiquer des informations au commandant.
Le pilote de Seine, se déplace régulièrement sur toute l’étendue de la passerelle pour évaluer la position des balises, le courant, … mais aussi les instruments du bord : radar, sondeur, …Il annonce les caps successifs (à droite 10, à gauche 5, zéro la barre, ..) consignes que le timonier répète avant de les mettre en application. Et lorsque l’ordre a été mis en application, le timonier annonce la nouvelle position de la barre.Le pilote explique assez régulièrement le sens de la manœuvre par la situation particulière du fleuve à l’endroit où passe le navire : présence de courants, de bancs de sable, profondeur du lit, …Il parle aussi des nombreux bacs présents sur cette partie de la Seine, qui sur les 120 km entre Rouen et le Havre, n’est franchie que par trois ponts. Ces bacs (détail plus bas) sont prioritaires et les gros navires leur doivent le passage. Ce qui ralentit parfois la navigation.
La radio de bord diffuse les échanges du pilote avec les autorités portuaires ainsi que d’autres informations sur la navigation sur le fleuve. On entend aussi les échanges par talkies walkies entre la passerelle et l’équipage.Température frisquette et soleil plutôt discret. Nous laissons maintenant bien loin derrière nous, vers l’amont, une grosse masse nuageuse plutôt menaçante qui poursuit sa route vers Rouen.A condition d’avoir pris la précaution d’être bien couvert, l’endroit où la vue est la plus intéressante se situe à l’extérieur, sur l’aileron de la passerelle à 30 m au-dessus de l’eau.

???????????????????????????????A l’approche du pont de Tancarville nous suivons un bateau de couleur grise qui semble bien moins rapide que le Fort Ste-Marie. Nous le rattrapons d’ailleurs assez rapidement. ???????????????????????????????Dans cette partie du fleuve, les berges de la Seine sont plutôt plates, zones de pâturage où paissent des vaches en grand nombre. Nous passons sous le pont de Tancarville sans aucune difficulté et sur la droite du pont, en regardant vers l’aval, un important canal se divise en deux branches, chacune d’entre elles communiquant avec la Seine par l’intermédiaire d’une importante écluse. Au bout de chaque écluse un bâtiment à la silhouette d’une tour de contrôle.Après le pont, naviguant vers l’amont, un bateau rouge avance à grande vitesse, très haut sur l’eau il doit probablement être vide.
Nous avons maintenant rattrapé le bateau gris l’Emmy-Schulte qui s’est positionné un peu sur la gauche du fleuve pour nous laisser la partie centrale plus profonde. Nous le dépassons très rapidement et un des officiers me confirme que ce bateau est très lent et qu’il navigue actuellement au maximum de sa vitesse. L’an dernier au retour des Antilles sur le même Fort Sainte-Marie, nous avions croisé au milieu de l’Atlantique un autre bateau de la même compagnie l’ Anna-Schulte.

???????????????????????????????Déjà la silhouette particulière du pont de Normandie enjambe le fleuve et barre l’estuaire, sous un soleil maintenant bien installé mais les températures demeurent fraîches.Sur la rive gauche du fleuve, à proximité d’Honfleur, un important port à bois où trois bateaux sont en cours de déchargement et des «montagnes» de planches s’entassent sur le quai. L’odeur de bois parvient jusqu’à nous sur l’aileron de la passerelle.Vers 10 h, passage sous le pont de Normandie et l’allure du bateau est soutenue.
À gauche, Honfleur avec des maisons et des bâtiments plutôt coquets.Selon l’écrivain Tristan Bernard, habitué de Honfleur,: «quand on voit le Havre depuis Honfleur, c’est qu’il ne va pas tarder à pleuvoir. Quand on ne voit plus le Havre, c’est qu’il pleut déjà. »Les habitants du Havre, quant à eux, désignent Honfleur comme   «l’autre côté de l’eau ».

10h15, la vedette qui va venir récupérer le pilote de Seine est en approche et le Fort Sainte-Marie commence à ralentir. Nous sommes maintenant en mer face au Havre et à Sainte-Adresse et le vent a un peu fraîchi. Au large, de très nombreux bateaux attendent leur heure pour entrer dans le port.
Le pilote quitte rapidement le bateau et il a déjà commencé à descendre l’échelle du pilote avant même que la vedette venue le récupérer ne se soit complètement rapprochée de la coque du Fort Ste-Marie. La mer est belle avec une toute petite houle et toujours un grand soleil et comme le veut la tradition le pilote à peine arrivé sur la vedette nous adresse un grand salut de la main.

4__pilote_0Après son départ, vers 10 h 30, le Fort Ste-Marie met le cap sur la haute mer où il va rester à l’ancre jusqu’au début de la soirée, attendant, comme de nombreux autres navires, son tour pour accéder aux quais où les opérations de chargement des containers va s’effectuer toute la nuit et une partie de la journée de vendredi.

 Ce qui impressionne le voyageur perché sur ces gros bateaux lors de la descente de la Seine, en plus des méandres du fleuve, ce sont les contrastes permanents non seulement de reliefs et de paysages mais aussi d’activités. Quillebeuf (2) Des zones de grandes industries se succèdent avec leurs usines, leurs cheminées, les pontons où les navires chargent et déchargent. Parfois sur la berge opposée, de petits villages avec clocher, petites maisons, jardins, prés, … Quillebeuf (1)avec pour lien la navette des bacs. Port Jérôme et Quillebeuf,  Caudebec,…

???????????????????????????????2_6Pont_Normandie_ (2)Autre spectacle étonnant, celui découvert derrière les berges du fleuve et les arbres. Du haut de notre perchoir,  se découvrent sablières, bateaux échoués sur tapis vert et des superbes demeures apparaissent dans leur splendeur.

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3_retour_ (7)

Les bacs de la Seine entre Rouen et le Havre 

???????????????????????????????Chaque année, le service des bacs du Département de Seine-Maritime permet à plus de 10 millions de passagers de traverser la Seine. Sur les huit traversées, six bacs entrent dans la catégorie fluviale (Dieppedalle, Val de la Haye, la Bouille, le Mesnil-sous-Jumièges, Jumièges et Yainville) et deux dans la catégorie maritime (Duclair et Quillebeuf-sur-Seine). C’est la jauge des bateaux, calculée en tonneaux, qui fait toute la différence. En dessous de 50 tonneaux, il s’agit de bacs fluviaux. Ils sont alors armés par un équipage composé d’un capitaine et d’un matelot marinier. Au-delà de 50 tonneaux, leurs équipages se composent obligatoirement d’un capitaine, d’un chef mécanicien et de deux matelots. En cas de panne ou d’arrêt technique programmé, un bac fluvial et un bac maritime assurent la réserve.

???????????????????????????????bac_numSur le fleuve, les gros navires comme le Fort Ste-Marie ne sont pas prioritaire par rapport aux bacs.

 Abordage_bac_Seine_1925

Pour accéder au très intéressant site des usagers des bacs de la Seine, cliquer sur l’image, Une du « Petit journal » d’août 1925, relatant l’abordage du bac de Caudebec.

 

 

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Au mois de novembre 2013,
une remontée de la Seine suivie d’une nouvelle descente

11_b3_Pont_Morm (4)Un mois plus tard, je me retrouve à nouveau à l’embouchure de la Seine à bord du Fort St-Pierre en provenance de Dunkerque et après la traversée océanique du retour en Europe. Pendant deux jours, nous allons à nouveau naviguer sur le fleuve pour atteindre le port de Rouen pour une courte escale et dès le lendemain, une nouvelle descente de la Seine permettra de rejoindre le port du Havre.
???????????????????????????????Partis de Dunkerque, dans le grand froid et l’humidité, le mardi 19 novembre 2013 à la nuit tombée, agréable surprise, ce mercredi ce matin le ciel est totalement dégagé, et, un lever de soleil superbe illumine la mer devant le Havre et l’estuaire de la Seine. Nous naviguons à petite vitesse pour rejoindre le point de rendez-vous avec le pilote.
Vers 8 h 30 le bruit caractéristique de la chaîne de l’ancre pendant opération de mouillage se fait entendre. Ainsi la « pioche » est mise à l’eau en attendant l’heure de l’appareillage qui a été repoussée car la «prise du pilote» a été retardée à 9 h 30.
Pour les navires à fort tirant d’eau, les conditions de la navigation (heures de départ et d’arrivée, passage à certains endroits du fleuve, …) sont déterminées par les pilotes en fonction du niveau de l’eau dépendant des marées. Ce qui explique l’heure de certains départs précédés ou suivis de plusieurs heures au mouillage devant le Havre.

 ???????????????????????????????Aujourd’hui les pilotes de Seine ont décidé d’organiser un «convoi» de 3 navires où le Fort St-Pierre va occuper la deuxième position. Le premier navire nous a précédé et il navigue déjà au-delà du Pont de Normandie. Le troisième navire, un porte-containers bleu va nous suivre d’assez près car il et en train d’embarquer le pilote qui va guider sa remontée du fleuve.

11_b4_Tancarville (10)Quelques bateaux sont en pêche dans l’estuaire, tout près des berges, avec en fond d’image, 11_b4_Tancarville (2)d’importants troupeaux paissant de très vertes prairies.

11_b4_Tancarville (32)

Plus loin, des terrains cultivés jusqu’au bord du fleuve … dont un superbe champ de poireaux.

Et tout au long de la navigation les luxuriantes couleurs automnales de la végétation. Tout a bien changé depuis la descente du fleuve il y a, à peine un mois.

vegeta2vegeta (1)moutonsAu moment de l’appareillage une magnifique remontée de la Seine pouvait être espérée. Pronostic qui va se révéler imprudent car le beau soleil du Havre va assez vite se transformer en pluie froide et dense dès l’abord du pont de Tancarville. Sous l’intensité de l’averse, des moutons se regroupent dans l’abri d’un arbre encore feuillu.

Arrivée au port de Rouen les Moulineaux vers 16 h et, à nouveau une manœuvre impeccable pour «ranger» en douceur le Fort St-Pierre le long du quai, après avoir effectué une rotation à 180° dans le lit du fleuve pourtant pas très large à cet endroit. Ceci sans l’aide du remorqueur. Maintenant une intense activité se développe sur le quai et sur le navire car 500 mouvements (débarquement ou embarquement de containers) sont prévus, car l’appareillage est prévu demain jeudi à 6 h du matin.
Même le ravitaillement en vivres a été reporté à l’escale du Havre… ce qui a entraîné une pénurie de beurre au diner du soir à l’escale et pour le petit déjeuner du matin. Ce qui est proprement “dramatique” pour un breton mangeur de beurre!
Retrouvailles, à l’escale de Rouen, avec mon habituel compagnon de voyage, Joël Serre, qui a embarque cet après-midi avec 7 chevaux de course et 8 moutons. Ce voyage constitue notre troisième traversée commune en direction des Antilles.
???????????????????????????????haut de page

Jumièges :

JumiegesCes navigations, tout en haut du porte-containers bénéficiant d’une vue panoramique et imprenable, m’ont permis de découvrir (et de redécouvrir avec plaisir), navigation après navigation, l’abbaye de Jumièges célèbre dans le monde entier et considérée comme «la plus belle ruine de France». Elle fut un des plus grands monastères bénédictins d’Occident dont l’abbatiale Notre-Dame fut inaugurée par Guillaume le Conquérant en 1067. Ce gigantesque monument est tout particulièrement célèbre par la particularité et les proportions de son architecture, dont les tours jumelles, hautes de 46 mètres, dominent les méandres de la Seine toute proche.Jumieges_ (5)

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 Des ponts au-dessus du fleuve

BrotonneLes bacs de Seine Maritime acheminent de très nombreux voyageurs d’une rive à l’autre du fleuve, car entre Rouen et le Havre, seuls trois ponts franchissent la Seine.
Tout d’abord le pont de Brotonne mis en service en 1997, situé à l’est de Caudebec-en-Caux. Pont à haubans avec structure en éventail, long de 1.278 mètres avec une travée centrale de 320 mètres. Son tablier surplombe la Seine de 50 mètres.
Pour « naviguer » sous chacun de ces ponts cliquer sur leur image

tancarville (2)Puis, vers l’aval, le pont de Tancarville mis en service en 1959, tancarville (1)pont suspendu à haubans, de couleur rouge, qui, avec sa travée centrale longue de 608 mètres, était alors le pont suspendu le plus long d’Europe.

NormandieEt enfin le Pont de Normandie mis en service en 1995 qui relie les deux rives du fleuve sur l’estuaire. D’une longueur totale de 2 141 mètres avec une travée centrale de 856 mètres il surplombe la Seine de plus de 59 mètres.

Et comment ne pas admirer les magnifiques demeures situées tout au long du fleuve !

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 Si j’avais déjà effectué deux descentes de la Seine, par contre la remontée, en plein jour, a été une première et en quelque sorte cela m’a permis de découvrir une autre réalité, presque comme l’envers du décor.

Dommage que la météo ne se soit pas montrée plus sympathique car nous n’avons bénéficié que de courtes périodes de temps ensoleillé ventilées par un vent froid, et pour l’essentiel temps gris et pluies froides… mais nous étions en fin octobre et fin novembre !
L’alternance de périodes de “petit soleil” et de “grand gris” a toutefois permis quelques photos intéressantes mais qui ne peuvent restituer la diversité et l’intérêt des paysages et des réalités du fleuve et de ses alentours « survolés » à 30 m de hauteur… mais à petite vitesse (entre 15 et 20 km/h) et avec la perspective qu’apporte la hauteur de la passerelle.


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Une autre manière de revivre ces navigations sur la Seine, en 2013, au travers d’un diaporama (photos, petits bouts de films, musique) de 11 minutes
en cliquant sur l’image ci-contre.

 

 

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La descente de la Seine de Rouen au Havre en octobre 2012 à bord du Fort St-Pierre, diaporama de 15 minutes à regarder en cliquant sur l’image ci-contre.

 

 

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 ???????????????????????????????Jeudi 21 novembre 2013 – l’escale  du Havre

???????????????????????????????Le Fort Sainte-Marie n’est pas attendu à quai, avant 22 heures ce soir, dans le port du Havre aussi il va mouiller parmi les autres bateaux au «parking» à quelques milles au large. Les deux commandants choisissent soigneusement l’endroit du mouillage en tenant compte des navires déjà à l’ancre alentours, de la profondeur et du courant.
Le bosco communique avec la passerelle et le commandant lui indique qu’il doit prévoir 3 chaînons (un chaînon représente 27,50 m). Au moment choisi le commandant donne de l’ordre de mouiller l’ancre. En fait un peu plus des 3 chaînons prévus initialement vont se révéler nécessaires avant que la « pioche » ne soit bien établie. La position du navire est très soigneusement et très précisément calculée et reportée sur la carte. Elle est aussitôt communiquée par radio à l’autorité portuaire.
Le « stationnement » au mouillage sur cette position est prévu jusqu’à environ 21 heures ce soir.
01_2 (2)Le mouillage au large en attente de rentrer au port constitue une expérience nouvelle car je n’avais encore jamais connu cette situation au cours de mes trois précédentes traversées.
J’ai mis à profit ce « stationnement » en pleine mer, à quelques milles au large, pour ouvrir en grand mon hublot et profiter ainsi de l’air marin tout l’après-midi. J’en ai aussi profité pour aller de prendre l’air sur le pont où la température reste un peu fraîche malgré le soleil. Pendant cette période passée au mouillage, le bateau bouge un peu et à intervalles réguliers comme des bruits de chocs sur la coque se font entendre. La faute en incombe d’une part aux frottements de la chaîne de l’ancre et surtout aux vagues qui viennent taper sur le gouvernail et sur la coque.
Notre « place » dans le port avec les moyens humains et techniques y afférant (grues, dockers, véhicules de transport des containers, …) n’est annoncée qu’à partir de minuit. Dans la quasi-totalité des ports du monde (à quelques exceptions notables dont les Antilles) la règle est maintenant au fonctionnement 7 jours sur 7 et 24 h sur 24. Et les compagnies maritimes qui paient les services des ports (stationnement et services) ne souhaitent y faire demeurer leurs navires que le temps strictement nécessaire.
La soirée s’annonce tranquille car la navigation de rentrée au port du Havre doit s’effectuer de nuit.
Mais tout change vite, et en fin d’après-midi, le commandant annonce sur la sono du bord que le pilote du Havre embarquera à 19h30 au lieu de 21 h. Nous serons donc à quai vers 21 h.
01_2aDevant le cap d’Antifer dans la brume, un des ferries quittant le Havre pour Portsmouth. Plus tard, le brouillard se lève quelque peu et l’on aperçoit bien maintenant la ville du Havre et le long des plages du Havre à Sainte Adresse de nombreuses petites voiles blanches sur la mer.

vendredi 18 octobre 2013

0_carte_1Relève d’une partie de l’équipage qui débarque aujourd’hui au Havre. Vont notamment embarquer  le chef Mécanicien, qui occupait la même fonction l’an dernier lors de mon retour des Antilles sur ce même navire. Changement aussi de chef cuisinier où un Breton remplace un autre Breton : un Finistérien de Crozon embarque et un Morbihannais de l’ile aux Moines débarque.

Le Fort Ste-Marie se trouve à quai à proximité immédiate de l’écluse François 1er,. Ce nom rappelle que la création du port du Havre résulte d’une décision de François 1er en 1517.

Journée d’escale sous une pluie battante dans l’intense activité du port avec du coté du quai avec les portiques et la noria des engins transportant et déplaçant les containers, et, côté bassin des navires qui rentrent et d’autres qui sortent.
Parfois un container qui vient d’être posé est repris quelques secondes plus tard par le portique. Le grutier ne peut pas toujours, du haut de son portique, évaluer si le container qu’il vient de déposer s’est correctement emboîté dans le container situé en dessous. Aussi deux personnes surveillent les opérations pour signaler toute anomalie: un membre de l’équipage et un docker.

 

???????????????????????????????Les «opérations commerciales» sont terminées (en clair,  déchargement et chargement des containers achevés) aussi le navire va pouvoir reprendre la mer. La nuit est déjà bien tombée quand le Fort Ste-Marie se détache du quai, peu avant 19 h et entreprend de remonter vers la sortie du port.

Si la journée a été pluvieuse, la soirée est belle avec un ciel dégagé, une température douce, un vent faible et, surtout, un magnifique clair de lune qui habille le port et la ville du Havre de superbes couleurs où le bleu nuit domine.
Lorsque nous avons dépassé la jetée, le reflet de la lune sur la mer et le sillage du navire se rejoignent juste sur notre arrière. Au revoir le Havre.

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De Normandie en Bretagne

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???????????????????????????????Une longue nuit de navigation commence au cours de laquelle nous allons contourner la presqu’ile du Cotentin, passer au large des iles anglo-normandes, Guernesey puis Jersey avant d’entamer le contournement du Finistère.

02_0_carteUne nuit calme et reposante se profile car la météo est favorable et les mouvements du navire favorisent la qualité du sommeil.

samedi 19 octobre 2013

???????????????????????????????La traversée de 470 milles marins (870 km) séparant le Havre de Montoir de Bretagne s’est passée assez tranquillement. Le vent est resté modéré, sauf en mer d’Iroise, à la pointe du Finistère, entre Ouessant et la Chaussée de Sein, où des vents de force 6 et 7 ont accentué la houle et la hauteur des vagues jusqu’à près de 4 m. Et l’aiguille du baromètre a parfaitement enregistré cette baisse de pressions !

02_1Nous avons navigué dans cette zone dans une situation météo un peu paradoxale: du ciel bleu et un peu de soleil côté droit vers la haute mer et une procession (comme en Bretagne) de grains côté gauche vers la terre avec un ciel gris voire noir par instants.

Pendant les grains, je quitte la partie extérieure de la passerelle pour me réfugier bien au sec et au calme à l’intérieur sur le siège du passager.
???????????????????????????????Vers 11 h, nous nous trouvons à la hauteur de Douarnenez, aussi, ni l’ile de Sein, ni Penmarch, ni la pointe du Raz n’ont été visibles cette année. En 2001 et 2012, à la même période de l’année j’avais eu plus de chance.
L’après-midi, navigation plus tranquille dans le Sud de la Bretagne, à plus de 80 km au large.

02_1_ (1)Depuis la pointe du Cotentin, les officiers qui se sont succédé au quart à la passerelle ont indiqué sur le Livre de Bord : « TRAFIC IMPORTANT ». Dans l’après-midi la mention « TRAFIC FAIBLE » sera de mise. Ce que la carte ci-dessus, issue du site internet « Marine Trafic », permet de bien visualiser.
Les chiffres clés du « Rail d’Ouessant »
Le rail d’Ouessant est le nom communément utilisé pour désigner le dispositif de séparation du trafic (DST) maritime au large de l’île d’Ouessant, île la plus occidentale de la Bretagne.
123 bateaux montent ou descendent chaque jour dans le rail d’Ouessant. 44.000 navires ont emprunté le dispositif de séparation du trafic d’Ouessant en 2012. Ils étaient 53.000 en 2008. Mais le tonnage transporté restant équivalent, ceci confirme que les navires qui croisent devant la Bretagne sont bien plus gros que dans un passé récent.
Le rail d’Ouessant voit passer 1.300.000 passagers par an soit en moyenne 3.500 par jour et même 5.000 en comptant les équipages avec au moins un ou deux paquebots chaque jour dans le flux montant ou descendant. (source le Télégramme de Brest 27 août 2013).

02_1_ (4)Le rendez-vous avec le pilote (la « Prise du Pilote ») étant fixé à ???????????????????????????????20 h à l’entrée de la Loire, le navire a progressé à une vitesse plus réduite et navigue maintenant plus près de la côte. Dans cette zone la route du Fort Ste-Marie a approché, de loin, quelques bateaux de pêche.
L’inflexion de la route pour rentrer vers St Nazaire s’est effectuée au cours d’un virage spectaculaire autour de la bouée «SNA1», la première marquant l’approche vers St Nazaire.
??????????????????????????????????????????????????????????????Le soleil s’est couché en se cachant derrière une barre nuageuse, mais, il faut noter qu’il a fait preuve d’élégance en restant bien visible juste le temps de la photo!

La nuit est maintenant tombée alors que le navire approche du point de rendez-vous avec le pilote. La vedette du pilotage de St Nazaire, la « Couronnée IV » est au mouillage, tous feux allumés, à son emplacement habituel, et à notre arrivée, à l’heure prévue, un petit bateau rapide s’en détache pour porter le pilote à notre bord.

L’entrée dans l’estuaire s’est effectuée à bonne allure dans un environnement lumineux très inhabituel pour une navigation de nuit. Elle présente même un caractère un peu irréel car, la pleine lune, heureusement pas trop longtemps masquée par des nuages, apporte un éclairage étonnant s’ajoutant à la guirlande des bandes lumineuses qui habillent la côte depuis le-Croisic jusqu’au pont de Saint-Nazaire, en passant par la baie de la-Baule, Pornichet, …???????????????????????????????

Hier, vendredi soir, à notre départ, le Havre et l’estuaire de la Seine nous offraient un magnifique clair de lune, et, ce samedi soir, St Nazaire et l’estuaire de la Loire attendent notre arrivée à la lueur d’une Pleine Lune tout aussi belle !

???????????????????????????????Les manœuvres, avant l’accostage, à immédiate proximité du quai et d’autres navires, restent toujours un spectacle étonnant pour le passager spectateur. La précision et la concision des commandements du pilote et du commandant exécutés par les officiers et l’équipage viennent « déposer » le navire exactement à l’emplacement prévu. Manœuvre toute en souplesse mais sans véritable lenteur qui achève de positionner le Fort Ste Marie quelques mètres à peine à l’arrière d’un autre navire déjà à quai.

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dimanche 20 octobre 2013 – Jour d’escale à Montoir de Bretagne

03_0Réveil rythmé par le bruit métallique des containers déposés par les grutiers perchés tout en haut de leurs portiques, et une intense activité accompagnée de bruit règne autour du bateau car trois portiques sont à l’œuvre depuis cette nuit. Le déchargement de la cargaison non destinée aux Antilles n’est pas encore achevé, notamment sur la zone de la cale et du pont proche du château, qui a été totalement vidée. A ce stade des opérations, la vue plongeante jusqu’à fond de cale se révèle particulièrement spectaculaire.
A l’achèvement de cette phase commencera alors le chargement des containers réfrigérés destinés à la Guadeloupe et à la Martinique.
La brume matinale estompe quelque peu la Loire, vers son amont, ses iles de sable et le clocher de Paimboeuf. Plus tard, dans la matinée, nous bénéficierons d’un beau temps ensoleillé avant que la pluie ne s’invite !
Journée qui devrait se passer au port car le chef cuisinier, généralement bien informé, m’a annoncé un départ plutôt en fin de journée.
La fin de l’escale à St Nazaire – Montoir de Bretagne approche… sous une pluie battante. Les grues et les dockers sont toujours à l’œuvre pour charger encore quelques dizaines de containers pour les Antilles. Depuis hier soir, ils en ont débarqué plus de 300 pour en recharger autant. Les enseignes de la grande distribution en Martinique et en Guadeloupe importent presque tout ce qu’elles proposent à leur clientèle depuis la métropole… ???????????????????????????????Mon unique co-passager, embarqué à Montoir de Bretagne est Suisse Alémanique mais avec une ascendance originale : grand-père paternel Norvégien, père est né en Suisse et mère Bolivienne. Comme Tout Suisse qui se respecte, il parle les 4 langues officielles de son pays: l’Allemand car Alémanique, le Français, l’Italien et le Romanche. En plus de l’Espagnol appris avec sa mère et aussi l’Anglais.
Comme je lui proposai de le servir en vin au cours du déjeuner il m’a dit qu’il ne buvait d’alcool qu’au dîner en vertu d’un principe de son pays qui se résume ainsi :” kein bier vor vier”! (Pour les non germanophones, “pas de bière avant 4 heures!”).

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 La traversée océanique vers les Antilles

Départ pour la traversée océanique

???????????????????????????????L’heure du départ est proche et tout l’équipage se trouve au poste de manœuvre. Le pilote et le commandant dirigent les opérations depuis le poste de commande situé sur l’aileron gauche de la passerelle. Le second capitaine répercute les ordres et applique la vitesse commandée sur la manette du chadburn (Avant lente, ou Avant très lente ou Avant demi oo STOP, …) . Le timonier exécute les ordres de barre et annonce chaque nouvelle position de barre exécutée.

03_1Au début de la manœuvre la proue (l’avant) du Fort Ste-Marie est tournée vers l’amont du fleuve, vers Nantes, quant à l’arrière (la poupe) elle tourne le dos au pont de St Nazaire. Il faut faire pivoter le navire à 180° afin de positionner son avant face au large et préparer le passage sous le pont de St Nazaire.
Le navire « est servi » par deux remorqueurs : le Pouliguen qui a passé une amarre sur l’avant et le Bretagne attaché à l’arrière.
Manœuvre délicate car le vent est fort et le courant puissant. De plus l’estuaire de la Loire compte de nombreux bancs de sable dont plusieurs rassemblés constituent une ile au milieu du lit du fleuve.
La combinaison des actions des remorqueurs, l’un tirant l’avant du Fort Ste-Marie vers le milieu du fleuve, l’autre éloignant la poupe du quai, et les actions de la machine et de la barre du navire vont réaliser cette volte en à peine un quart d’heure. Et en 20 minutes, le navire a pris seul et sans assistance la direction de l’océan.
03_1b (1)Il va longer successivement le chantier naval où deux bateaux 03_1b (2)sont en cours de construction dont un, en voie d’achèvement, pour la marine Russe. Puis l’ancienne base sous-marine de la marine allemande où les « U-Boots » venaient se ravitailler pendant la seconde guerre mondiale.

???????????????????????????????Le navire passe sous le pont à 16 h 48.

Le Pont de St Nazaire est un pont à haubans, mis en service en 1975, il franchit l’estuaire de la Loire. D’une longueur de 3 356 mètres avec une portée principale de     404 mètres il surplombe le fleuve de 68 mètres.

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03_1b2 (2)Ensuite le tout petit port de St Nazaire qui ne peut accueillir que 03_1b2des petits navires. Les gros navires, porte-conteneurs, rouliers et pétroliers vont charger et décharger à Montoir de Bretagne ou à Donges. Sur la plage de St Nazaire, à marée haute, un promeneur bien couvert.
03_1e (3)

L’état de la mer au large ne permet pas la récupération du pilote par petit bateau rapide aussi une vedette rapide du port nous suit depuis le départ du port.

03_1d (2)03_1d (1)Trafic important de navires, parfois lourdement chargés,  vers l’entrée de l’estuaire et à la sortie du port et à chaque fois que le Fort Ste Marie croise une autre navire rentrant, notre pilote sort de la passerelle pour saluer son collègue pilote qui fait rentrer l’autre navire. Parfois les croisements s’effectuent assez près dans le chenal.

Arrivé au large, le navire effectue une manœuvre pour permettre à la vedette du pilotage de St Nazaire de se positionner le mieux possible dans l’abri précaire ainsi créé.
Le pilote descend lentement vers la vedette sur le pont de laquelle un marin maintient fermement la base de « l’échelle du pilote » car çà bouge énormément.

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 L’océan Atlantique

 Dès que la vedette emportant le pilote a quitté le Fort Ste-Marie, le commandant donne ses ordres pour positionner le bateau sur la route tracée vers la Guadeloupe.

???????????????????????????????La météo marine s’annonce délicate pour les deux prochains jours. Le bateau devrait rencontrer, dans le golfe de Gascogne et au large de l’Espagne et du Portugal, des conditions de mer bien plus difficiles que celles rencontrées hier autour de la Bretagne. Météo France nous promet lundi et mardi des vents de force 5 à 8 et des vagues de 4 à 6 m, voire plus. A partir de mercredi et l’approche des Açores, amélioration prévue car ensuite s’ouvre la route des Alizés vers les Tropiques.
À partir de demain lundi, nous rattraperons progressivement le décalage horaire avec la Guadeloupe. Changement d’heure pendant 6 jours, mais dans ce sens il s’avère agréable car, nos journées comptent chacune 25 heures… dont une heure de plus pour chacune de nos prochaines nuits.
Notre arrivée à Pointe à Pitre est prévue lundi 28 octobre vers 5 h du matin.

carte_FSM_2013lundi 21 octobre 2013
Premier changement d’heure cette nuit; excellent sommeil avec réveil vers 7 h, heure du bord. Après le petit déjeuner passage à la passerelle au moment du changement de quart. Le ciel est gris, le jour peine à se lever et le soleil n’est pas au rendez-vous. La mer est assez04_01_a forte avec un vent de force 6, des vagues à 3 m et des mouvements de tangage et de roulis assez prononcés. Le navire progresse dans la direction du Sud-Ouest (cap 240) et le vent souffle de Sud Sud-Ouest (207), soit de ¾ face à la progression du bateau. C’est comme si celui-ci encaissait, presque en permanence, des coups sur son avant, tendant à contrarier son avancée. L’action du vent tend à dévier sa route aussi il compense et voilà pourquoi nous sommes secoués !
Un coup d’œil sur la carte confirme que nous approchons du Cap Finisterre, pointe occidentale de la Galice espagnole.
Passage à la cuisine où le chef est en pleine préparation du dessert: une crème caramel et il me souffle un tuyau pour bien la réussir, il faut y mettre une pincée de gros sel.
A mon arrivée à bord, j’avais remis au Commandant NEDELEG deux exemplaires de mon carnet de voyage 2012. Un exemplaire circule parmi l’équipage et le chef cuisinier m’indique avoir beaucoup apprécié.
Jour de lessive et j’ai lancé une machine à laver. Chaque pont est équipé de cette machine en libre-service et à la simplicité de fonctionnement qui met la lessive à la portée du novice que je suis. Je vais pouvoir récupérer le linge séché d’ici une heure environ.

???????????????????????????????A midi le vent moyen souffle à plus de 60 km/h (force 7) avec des rafales à force 10 (plus de 100 km/h). Quand les paquets de mer s’écrasent sur l’avant du bateau, les embruns passent au-dessus de la passerelle et la grue de l’avant du navire devient invisible. Et il pleut très fortement.
Les températures sont douces : 17° pour l’air, 19° pour la mer, le taux d’humidité atteint 89%.
Ce temps devrait durer 2 jours environ.

«Ouverture la «cave» à 18 h 15
Menu_cave
A 18h15, comme prévu, le navire se trouve dans les eaux internationales, et le commandant a ouvert la cave. Beaucoup de monde, au pont A devant l’entrée du local où sont stockés les alcools, les cigarettes, la bière, les barres chocolatées,…Pratiquement tout l’équipage est présent, marins comme officiers … et passagers (sauf les équipes de quart). Une fois servi, chacun remonte à sa cabine les bras chargés de ses emplettes: bières, coca, alcool, cigarettes, mais aussi de la lessive, du dentifrice, des friandises et des bonbons, …Chacun avait pu consulter auparavant la liste des produits disponibles et les tarifs très avantageux qui sont pratiqués ici.
Le règlement s’effectuera, les jours suivants, en espèces dans le bureau du commandant qui aura établi une facture en bonne due forme pour « chacun de ses clients» à partir du bon de commande signé. Cette opération aura été matérialisée dans les informations journalières du bord sous le libellé « Règlement des dettes de caves chez le commandant ».
Ces ventes à bord ont pour conséquence l’établissement par tous (officiers, marins, passagers) d’une déclaration destinée à la douane concernant sa possession en alcools, tabac,… avant l’arrivée dans chaque port.
Lors de chaque voyage, les nouveaux passagers ont quelque difficulté à comprendre le sens de la formule : «ouverture de la cave» et il revient soit au commandant, soit à l’équipage de traduire et d’expliquer ce dont il s’agit.

Combien et qui sommes-nous à bord ?
Deux commandants (M. Nédélec comme l’an dernier sur ce même navire et M. Cazalis de Fondouce en doublure, ancien chef mécanicien, il est appelé à prendre le commandement du Fort Ste-Marie lors du voyage retour dans le port de Dunkerque.
Le chef mécanicien (M. Lartigau comme l’an dernier),.
Un second capitaine et un second mécanicien (MM. LEBLOND et BERTIN).
Cinq Lieutenants et un «Zef» (élève officier de la Marine Marchande).
Un Maître d’équipage (le bosco), un Maître mécanicien (le chouf), un Maître cuisinier (le coq) et un Maître électricien.
Un Maître d’hôtel , un garçon passagers et un aide cuisinier.
Trois Timoniers, deux Reefermen (électriciens en charges des containers frigorifiques), un mécanicien, un marin pont, un soudeur et quatre ouvriers peintres originaires du sous-continent indien.
Enfin un stagiaire lycéen et deux passagers.

Dans les conditions de mer actuelles, je passe beaucoup de temps bien assis dans le fauteuil passager à lire et à regarder la mer, toujours impressionnante. Les photos ci-dessous montrent bien le contraste de la vue depuis le «fauteuil des passagers» à la passerelle par beau temps et par mer assez forte comme aujourd’hui !

04_01bLe lieutenant de quart, rencontré lui aussi sur ce navire l’an dernier, est toujours aussi disponible et pédagogue pour répondre aux questions du béotien que je reste.

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mardi 22 octobre 2013

Réveil à 6h30, heure du bateau. Bien dormi comme d’habitude.
Ces journées à 25 heures offrent du temps supplémentaire offert pour se reposer mais aussi pour lire. Ce qui m’a permis de terminer assez rapidement la lecture du dernier roman d’Arnaldur Indridason «le livre du Roi», auteur islandais que j’apprécie particulièrement. Cette plongée dans l’histoire et dans la riche littérature de ce petit pays donne envie de lire ou relire quelques-unes des Sagas en commençant par exemple par «la Saga des Vörlungar». Dans ce récit écrit vers le XIIe siècle, vivent et agissent des personnages qui se retrouvent quelques siècles plus tard dans les opéras de Wagner, les romans de Tolkien ou ceux de Frank Herbert.
Le ciel semble plus clair et le vent toujours fort mais les mouvements du bateau ont changé.
Déjeuner puis séjour à la passerelle avant le changement d’équipe de quart où le lieutenant confirme que le vent reste fort (force 8) mais que nous le prenons par le travers. Notre route est pour l’instant inchangée (210° au Sud – Sud Ouest) le vent lui est passé au 280 (Ouest – Nord Ouest), hauteur des vagues de 5 à 6 m.

Vers midi nous allons changer de cap en passant au 240 ( Ouest, Sud-Ouest) pour passer dans le Sud des Açores. Nous avons parcouru 700 milles (près de 1.300 km) depuis le départ de Montoir-de-Bretagne et la vitesse du navire se maintient à la moyenne de 19 nœuds (35 km/h).
Le soleil est bien installé et les températures poursuivent leur remontée (20°9 pour la mer, 20° pour l’air). Installation à la passerelle vers 10 h, fauteuil passager, lecture sagas entrecoupée d’observation de la mer et de quelques photos.
???????????????????????????????A 11 h 30 changement de cap à l’heure prévue. Le Lieutenant de quart m’appelle pour que j’assiste à la manœuvre. Il passe en pilotage manuel et il rentre dans le système de navigation le nouveau cap à l’aide du petit cadran noir à 4 touches situé à droite de la barre. La nouvelle direction ne s’active pas immédiatement car le système n’effectue qu’un changement de 8 degrés par minute afin de ne pas déséquilibrer le navire et la cargaison par un virage trop brutal. L’ancien cap était au 211 et le nouveau à 242 soit 31° de différence. Le système prendra 3 minutes pour effectuer le changement de cap.
Le lieutenant de quart m’a aussi décrit les opérations permettant d’intégrer le vent et le courant dans ces calculs. La navigation nécessite une bonne maîtrise des maths. Il m’indique que dans sa formation il a acquis en plus des qualifications d’officier «pont » de la marine marchande, un diplôme d’architecte naval.
Ce soir nouveau changement d’heure .
Le chef cuisinier vient régulièrement nous demander si ce qu’il nous fait servir nous convient.
Le jeune lycéen en stage commence à trouver le temps long : « plus que 20 jours m’a-t-il dit ce matin ». Malgré la « permission » accordée dimanche à Montoir de Bretagne par le commandant, ce qui lui a permis de rendre à Vannes voir sa famille , les copains et surtout la petite copine !
???????????????????????????????Aujourd’hui, du fait des conditions météo, le pont tribord est interdit à l’équipage car c’est de côté que le vent violent pousse les vagues et les fracasse contre la coque et les containers. Quant à nous passagers, il nous est demandé de ne pas nous trouver à l’extérieur. Ce qui désole mon co-passager Suisse qui attend avec impatience de pouvoir enfin passer toute la journée à l’avant du bateau pour lire.
L’exercice sécurité réalisé aujourd’hui consistait à répondre à une alerte à la bombe suivie d’une explosion: victimes, dégâts importants, incendie,… Tout l’équipage mobilisé en tenue de pompier, masques à oxygène, … Impressionnant!
A 18h30, le traditionnel pot des passagers se tient, à l’invitation du commandant, dans le fumoir des officiers tous présents ainsi que le Zef … qui aide au service. A la fin du pot, le commandant nous invite à poursuivre la conversation en dînant à la table des officiers.

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Mercredi 23 octobre

05_a_Réveil vers 6h30, il fait jour et le soleil va se lever parmi les nuages sur l’horizon. Bien dormi comme d’habitude. Le navire bouge beaucoup moins que les jours précédents.
Passage à la passerelle. La route tracée sur la carte indique notre position dans le Sud des Açores à environ la même distance de Madère.
Ce matin tentative de premier lancer de ballon avec un résultat infructueux: le premier ballon a explosé avant le lâcher, quant au second, après un décollage difficile la transmission de données n’a pas fonctionné. Message de Météo France qui s’étonne de ne pas recevoir de transmission. Une réponse du commandant explique ces échecs par la présence d’un vent trop fort.
???????????????????????????????Vers 11h30, 3 navires sont présents dans notre secteur à environ 25 milles: le Minerva Alex qui va se rapprocher (photo) les 2 autres bateaux, le Nordic Gas et l’’Avonborg resteront invisibles.

Embarqué depuis maintenant une semaine à bord du Fort Ste Marie, j’ai, un peu comme tout le monde ici, perdu la notion du temps. Que l’on soit mercredi ou dimanche n’a plus aucune espèce d’importance, toute la vie à bord du bateau tourne autour des quarts à la passerelle ou du travail à la machine ou sur le pont. Et comme actuellement chaque nuit nous gagnons une heure de sommeil, c’est plutôt agréable.
05_b_ (6)Depuis ce matin, navigation bien plus confortable, car le navire ???????????????????????????????est nettement moins secoué, le vent a faibli et surtout, maintenant, on le prend sur le travers. Les deux derniers jours nous avons traversé une grosse dépression avec un fort vent dans le nez du bateau. Le tout accompagné de pluies violentes et pour mieux arroser les containers les paquets de mer passaient régulièrement par-dessus.
Le commandant a choisi la route la moins pénible dans ces conditions de mer en longeant les côtes espagnoles et portugaises avant de repiquer, hier, vers l’Ouest et la descente vers les Tropiques. S’il avait choisi la route directe au travers de la dépression avec un passage au milieu de l’archipel des Açores, nous aurions gagné un jour de « secouage » en plus !
Mais même dans le gros temps, la qualité de l’air est excellente.
Les conditions climatiques s’améliorent jour après jour et ce midi les températures étaient relevées pour la mer à plus de 23° et pour l’air à près de 24°. La piscine devrait être bientôt mise en service.

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jeudi 24 octobre 2013
17_a_navig_ (2)
Réveil à 6h30… sans changement d’horaire, le jour se lève, pas de pluie mais le soleil n’est pas encore levé.
Avant de descendre déjeuner passage sur le pont pour le lever de soleil qui commence à percer la couche nuageuse, mer calme.
Le Fort Ste-Marie se trouve, ce matin à 8 h, heure du bord, à la hauteur de l’archipel des Canaries (et du Sahara Occidental) après avoir parcouru 1.625 milles marins depuis le départ de Montoir de Bretagne (un peu plus de 3.000 km) et nous approchons de la moitié de notre parcours océanique.
17_instrumentsNous sommes dans une zone transitoire entre l’Atlantique Nord et les Tropiques où les températures commencent à devenir vraiment agréables avec 22°7 pour la température de l’air et déjà 25°1 pour celle de la mer. Le vent souffle toujours à force 5 avec des vagues de 2 m de hauteur mais plutôt de travers arrière… ce qui est bien meilleur pour notre confort.
Le tracé sur l’enregistreur barométrique confirme bien  l’amélioration de la situation météo.

Depuis hier après-midi, lorsque le navire a dépassé l’archipel des Açores de 200 milles, l’officier de quart a commencé à changer progressivement l’eau de mer des ballasts, qui comme l’exige la règlementation internationale, devra avoir été totalement remplacée avant l’arrivée aux Antilles.
Les ballasts jouent un rôle essentiel pour assurer l’équilibre et la stabilité du bateau à toutballasts moment notamment au moment du chargement et du déchargement de la cargaison mais aussi au cours de la navigation pour éviter que le bateau ne se plie.
16_c_containers_ (2)Hier après-midi, le commandant Cazalis m’a fait découvrir, depuis la passerelle, beaucoup de particularités à propos des containers. La norme internationale standard est de 20 EVP (20 Equivalents Vingt Pieds soit environ 6 m) mais il existe des containers de tailles différentes. Certains d’une longueur de 40 pieds sont plus haut d’1 pied (30 cm); ce qui explique que certaines rangées de containers apparaissent en ligne brisée. D’autres sont aussi un peu larges ou un peu plus haut, ce qui complique les opérations d’organisation de la cargaison.
Les containers sont inspectés à intervalles réguliers pour détecter leurs défauts et effectuer les réparations nécessaires. Pour repérer les défauts d’étanchéité d’un container il suffit de s’y enfermer, en plein jour et de regarder si la lumière s’infiltre à l’intérieur.
Quand les containers arrivent en fin de période d’utilisation, ils sont réformés et laissés sur le lieu de leur dernière destination.
Mais il existe aussi un phénomène de disparation de containers en bon état malgré le fait que chaque container porte un numéro d’identification peint sur son extérieur. Il porte aussi d’autres indications comme son poids à vide (la tare).
La tendance actuelle vise à l’allègement des containers à vide par l’utilisation de matériaux plus légers pour leur construction. Par exemple, vers l’avant du bateau voisinent un container pesant à vide 3.900kg et un autre pesant 3.860kg, soit 40kg d’écart. Un navire emportant 10.000 EVP allégés gagnerait 400 tonnes… ce qui diminuerait sa consommation de carburant.

coucher_soleilCe soir, à l’Ouest, presque en face de l’avant du navire, enfin un beau coucher de soleil avec un ciel sans trop de nuages sur l’horizon.17_d_coucher_soleil_ (18)

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vendredi 25 octobre 2013

???????????????????????????????Réveil à 5 h 30, il commence à faire clair. Petit café puis direction le pont où le ciel a commencé à prendre des couleurs.
???????????????????????????????Le soleil a pointé sous l’horizon à 6 h 27 locales, il va ensuite s’installer rapidement dans un ciel peu nuageux. Température agréable,  l’air est mesuré à plus de 25 ° par les instruments du bord. La mer, quant à  elle affiche à 27°.
Le vent est modéré (force 3) et les vagues ne dépassent guère 30 cm.
18_a_8hmatinAprès déjeuner, visite à la passerelle où l’équipe de quart termine la rotation de 4 à 8 h. La relève arrive peu après et le «reeferman» en charge du lancer de ballon sonde météo est venu vérifier si les paramètres de vent permettent le lancement. Il commence à préparer le matériel pour le largage du ballon qui aura lieu à 9 h, heure du bord, soit 11 GMT car nous avons à nouveau retardé nos montres d’une heure, hier soir.
Un des écrans de la passerelle est tombé en panne aussi le second capitaine, de passage à la passerelle lui applique le «reset marine marchande»: on éteint, on débranche puis on rebranche et on remet en service. C’est efficace car l’écran redémarre tout de suite.
La piscine sera remise en service aujourd’hui.

Les cargos et porte-containers construits il y a 15 ou 20 ans présentaient un confort bien plus important que ceux d’aujourd’hui : le château était bien plus vaste et à titre d’exemple, la taille des baies vitrées des «emménagements» : salles à manger, cabines, … se rapprochait de celle des vitres de la passerelle, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui, la longueur de la piscine approchait les 20 m.
La construction rapide et en série des navires marchands d’aujourd’hui a fait baisser tous les critères anciens de qualité. A part sans doute sur les navires construits en Norvège qui ont gardé une partie de ce confort.
La durée de service d’un navire est aujourd’hui de 25 ans environ. Chez CMA CGM, les bateaux sont placés hors flotte avant ce délai et ils alors revendus parfois à des filiales et ainsi ils peuvent être réutilisés dans le cadre de location temporaire par exemple pour remplacer des navires en arrêt technique.
Généralement les nouveaux navires sont acquis dans le cadre d’une formule de crédit-bail ou leasing.

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Une vraie station météo à bord du Fort Ste-Marie

???????????????????????????????Une station météo complète fonctionne à bord des 4 navires de la compagnie CMA-CGM qui assurent la liaison avec les Antilles. Elle est équipée d’un poste informatique dédié sur lequel apparaissent en continu les différentes données relevées (vent, températures,…) et les coordonnées en latitude et en longitude. Données transmises en continu par satellite à Météo France à Toulouse.
Deux lancers quotidiens de ballon sonde apportent à Météo France des informations complémentaires transmises directement par satellite à Toulouse. Dans le même temps la station du navire enregistre aussi toutes ces informations qui s’affichent sur l’écran de l’ordinateur dédié.
Meteo (1)Le dispositif est complété par une observation du ciel réalisée toutes les trois heures par l’officier de quart selon un protocole et une grille d’observation du ciel et des nuages établis par Météo France.

Seules les conditions de navigation, et notamment un vent trop fort pour les lancers de ballon, peuvent perturber ces processus.

Tous les jours de la semaine, deux navires de cette ligne naviguent sur l’Atlantique et transmettent, plusieurs fois par jour, des informations à Météo France. Informations qui viennent compléter et affiner celles recueillies par les satellites.
Fregate_France_1Ce rôle était jadis celui des frégates météo de la Marine Nationale dont le dernier navire, le «France 1» a été retiré du service en 1985 pour devenir un navire musée à la Rochelle–la Palice son port d’attache. Le premier navire de ce type (un cargo) avait été mis en service par la France en 1938 pour aider à l’observation météo au profit de la navigation aérienne en Atlantique. Elle se développera de manière considérable pendant la seconde guerre mondiale.
Après 1985, des ingénieurs de météo France étaient embarqués à bord des navires de la ligne des Antilles et c’est plus tard que les équipages des navires CMA-CGM ont repris en charge ces tâches météo.
lancer2013Quant ils naviguent sur l’Atlantique, deux fois par jour, le Fort Ste-Marie (comme le Fort St-Pierre, le Fort St-Georges ou le Fort St-Louis) procède au lancement d’un ballon sonde météo équipé de capteurs mesurant notamment les températures aux altitudes atteintes, ainsi que la force et la direction du vent. Le lancer est assuré (si le vent le permet) par un « Reeferman » (marin électricien en charge de l’alimentation et de la surveillance des containers réfrigérés) à 11 heures et à 23 heures GMT.
Le ballon n’est lancé que si le vent apparent est inférieur à 40 nœuds (74km/h). Dans le cas contraire le lancement est annulé. Ce vent apparent est constitué par le vent réel et celui provoqué par le déplacement et la vitesse du navire.
En 2013, pendant notre traversée vers les Antilles, les conditions météorologiques des premiers jours n’ont pas permis le lancement de ballons, par contre les jours suivants, la situation s’étant améliorée, les deux lancers quotidiens ont été assurés. Il est toutefois arrivé que le lancer de 11 h GMT ne puise être assuré alors que celui de 23h le lancer s’est déroulé normalement. Au total 9 lancers ont été réussis pendant la traversée océanique sur 15 possibles.
Le dispositif comporte un gros ballon gonflé avec de l’hélium dans un «berceau» recouvert d’une bâche solide (pour annihiler ses tentatives d’évasion !). Il lui est adjoint un dispositif de lancement qui comporte un petit ballon rose relié à une cordelette (solide) de plus de 15 m. Ce qui permet de toujours maintenir le boitier contenant le dispositif d’enregistrement à cette distance en dessous du ballon.
Les instruments contenus dans le boitier sont activés par le « Reeferman dans un appareil qui provoque leur mise en service.
Pour suivre le « décollage » et la phase initiale du  vol du ballon, deux vidéos ci-dessous publiées sur dailymotion:
un lancer réalisé en octobre 2012
un autre lancer réalisé en octobre 2013

Après avoir suivi le lancement effectué par le « Reeferman », celui-ci revient à l’intérieur de la passerelle près de la station météo observer le début de la transmission des données. Le ballon atteint déjà 650 m après 1mn 25 de vol et la température est tombée à15°6 contre 25°6 mesurées au niveau de la mer.???????????????????????????????

En moyenne, le ballon monte à raison de 380m toutes les minutes et dans le même temps, la température baisse de 2 degrés environ. Vers la 10ème minute d’ascension le ballon se situe à 4.000 m d’altitude et la température devient négative.
bout d’une demi-heure, le ballon atteint 11.000 m où règne une température de -50°, puis -61°5 à l’altitude de 13.000m atteints 6 mn plus loin. Le point le plus froid va se situer à 17.000m d’altitude à -65°6. Plus haut les températures se stabilisent vers -61°.
Au bout d’une heure le ballon a dépassé les 20.000 m. Il est fréquent qu’il monte jusqu’à plus de 26.000 m avant de commencer à se dégonfler et à redescendre vers l’océan.
Les instruments accrochés au ballon ne se contentent pas de relever, en permanence, les températures aux différentes altitudes atteintes avec indication des positions géographiques, ils mesurent aussi la vitesse et la direction du vent. Toutes ces informations recueillies en différents points de l’océan sont indispensables pour alimenter les modèles informatiques permettant la prévision météo et ses évolutions.
Fin de la séquence météo.

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???????????????????????????????Bain très agréable, eau fraiche au début( pendant à peine 30 secondes) mais très vite excellente température, le soleil sur la ½ piscine avec passage d’un grain.
Petite sieste après déjeuner. Autre bain en fin d’après-midi.
18_e_Venus_ (7)Très beau coucher de soleil et pour la première fois depuis le début de la traversée de l’océan Atlantique.  La planète Vénus est bien visible dans le ciel, à 21 h GMT, vers l’avant du navire, peu de temps après la disparition du soleil sous l’horizon.
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18_d_navig_ (6)Dès que la nuit tombe, afin de ne pas perturber la vision des équipes de quart,   toutes les lampes de la passerelle sont éteintes et le rideau la séparant de la table à cartes est tiré. Seules les écrans projettent une faible lumière.

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samedi 26 octobre 2013

???????????????????????????????Réveil dès 5 h du matin du fait de l’effet de l’avance de nos montres pour rattraper le décalage horaire. Il fait encore nuit. Vers 5 h 30 le ciel commence à s’éclairer mais de nombreux de nuages vers l’Est. Vénus reste invisible car elle est masquée par les nuages. Juste le temps de préparer le café en attente du lever de soleil dont la présence se devine derrière les nuages, le ciel et la mer changeant de couleurs.
Températures très agréables, mer calme. Seul le bruit de la machine vient troubler un peu le spectacle de la mer et du soleil levant.

Le chef cuisinier (le «coq»prend son petit-déjeuner dans la salle à manger de l’équipage en compagnie du maitre mécanicien, le «chouf». Quand je viens leur dire bonjour, nous voilà 3 Finistériens dans la pièce. L’un (le chouf) originaire de Cornouaille (la pointe du Raz), un autre (le coq) habitant la presqu’ile de Crozon et le troisième (le passager) né dans le Léon (à Kerlouan au pays pagan).
Nous rentrons dans la zone tropicale vers 9 h, heure du bateau, en traversant le Tropique du cancer (23,27° de latitude Nord). Les tropiques (Cancer et Capricorne), présents sur toutes les cartes terrestres, sont ignorés par les cartes marines. Pour le marins seuls comptent les lignes qui ont un sens et des applications en termes de positions: les cercles polaires, le méridien de Greenwich qui définit les longitudes Est ou Ouest, l’équateur qui divise le globe terrestre en deux hémisphères Nord et Sud et la ligne de changement de date… compliquée à vivre m’a indiqué l’officier de quart qui l’a souvent franchie lors de navigations dans le Pacifique.
???????????????????????????????Pas beaucoup de trafic sur cette partie de l’océan, mais un navire repéré sur le radar passe à notre (relative) proximité.
La piscine n’a pas été vidée ce matin car le « cadet », le stagiaire lycéen, est en plein travail de peintures des éléments du bateau! Ensuite il a préparé le barbecue pour ce soir en cassant des cageots pour garnir de bois le barbecue. Enfin pour terminer la matinée il a vidé la piscine avant de la remplir à nouveau avec de l’eau de mer mesurée à 28°. Dès qu’elle a été « rechargée », j’y ai barboté près d’une heure !
Dans la journée, le ciel est couvert avec de fréquents passages nuageux parfois accompagnés de grains et bien sûr, par intermittence un grand et chaud soleil.???????????????????????????????
2_b_soleil_couchantEn attendant le coucher du soleil et le début du barbecue, Jossi, l’autre passager réalise quelques tractions de « barre fixe » sur un agrès ???????????????????????????????bricolé, installé sur l’auvent de la porte de la passerelle…  pour s’ouvrir l’appétit.

 

??????????????????????????????????????????????????????????????Au menu du barbecue de cette traversée, plusieurs variantes par rapport aux précédentes traversées. Tout d’abord un cochon de lait cuit au four et servi dans son grand plateau de cuisson, absolument succulent. Le contenu du plateau s’est évaporé à grande vitesse !
Autre variante très appréciée, du maquereau frais, pêché au large du Havre, pendant que nous étions au mouillage, nettoyé et congelé immédiatement.
Des brochettes préparées garnies de poisson, viande de bœuf, mouton, saucisse, poisson (dont une Sole ), des tranches de lard, …
Des gâteaux maison, fruits, vin rouge, rosé, ti’ punch, apéritifs, bière, mais aussi jus de fruits, Perrier, … selon les goûts de chacun.
1barbecue2Comme d’habitude ambiance très sympathique, avec la possibilité de parler, mais aussi de trinquer, avec le tout le monde autour de grandes tables où se retrouvent officiers, marins, machine et pont qui apprécient la table tout en parlant.
Les marins indiens (soudeurs et peintres) ont semblé beaucoup apprécier l’ambiance et le barbecue et leur intégration dans ce moment très convivial.

20_e__Venus (6)Et pendant ce temps là, le navire, avec l’équipe de quart à la passerelle, poursuit sa course vers l’Ouest, avec la planète Vénus, dans le ciel,  juste devant nous.

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dimanche 27 octobre 2013

20_a_matin_ (2)Réveil ce matin à 5 h, il commence à faire déjà clair. Le bateau roule plus que les jours précédents. À 5h50, le soleil commence à se manifester sous l’horizon. Le temps de faire le café et de revenir sur le pont, à 6 h il est déjà bien installé dans le ciel.
Beaucoup de poissons volants ce matin, toujours aussi difficiles à photographier ou à filmer… mais on y arrive parfois!
Déjeuner à 7 h, à part le garçon passager, personne à la salle à manger! Explication par l’équipe de quart à la passerelle: c’est dimanche ! Jour où les viennoiseries figurent systématiquement au menu du petit déjeuner.
Le dimanche, en mer et en plein océan, l’activité se réduit, ce qui permet d’effectuer de nombreux contrôles.
Une heure dans la piscine entre 8 h30 et 9 h 30 avant retour en cabine. Le bain creuse l’appétit car à 11 h j’ai déjà faim !
20_a_matin_ (5)Vent modéré toujours dans l’arrière du navire mais une houle assez forte ce qui provoque ce roulis devenu inhabituel depuis 2 jours.

Route_27oct (1)A moins d’une journée de navigation de la Guadeloupe, soir à moins de 700 km de cet archipel, nous avons gagné 12° en températures de l’air en 6 jours depuis les 17° de St??????????????????????????????? Nazaire à nos 29°d’aujourd’hui. Les vêtements d’hiver ont été rangés au fond de la valise au profit des bermudas et des chemises caraïbes. L’approche de la terre se manifeste, en fin de journée, par la présence d’oiseaux de mer, une frégate sur la photo ci-contre.

???????????????????????????????Quand la nuit tombe sur cette dernière journée sur l’océan, la planète Vénus est à nouveau, toujours face à notre route.

Le Fort Ste-Marie s’enfonce dans la nuit et quand le jour se lèvera demain matin nous serons arrivés à Pointe-à-Pitre !

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lundi 28 octobre 2013
Dernière nuit de navigation. Le rendez-vous du Fort Ste-Marie avec le pilote du Port Autonome de la Guadeloupe est fixé à 6 h, heure locale, face à l’ilet Gosier. Le navire va adapter sa vitesse pour arriver à l’heure en économisant le carburant. Nous devons doubler l’ile de la Désirade, première terre des iles Caraïbes vers 3 h du matin, puis petite Terre, réserve naturelle dont les seuls habitants sont des iguanes et des tortues marines, sans oublier son phare, le plus à l’Est de toutes les Antilles. En laissant Marie-Galante à bâbord, entrée en rade de Pointe-à-Pitre.

PAP_3
21_a_PaP_arriv_ (16)Dès 5 h du matin, le navire navigue à faible allure en rade, la nuit est encore présente percée par les lumières de la Grande-Terre, et en face, celles plus importantes de l’agglomération Pointoise. Un peu plus tard un magnifique lever de soleil enflamme le ciel de la Grande-Terre.
Nous croisons un remorqueur, des bateaux de pêche sortant du port, des voiliers marchant au moteur car le vent est très faible. Plusieurs cargos et pétroliers attendent au mouillage leur tour d’entrée au port. Un des bateaux rapides assurant est encore à quai au port de Bergevin à Pointe-à-Pitre et vers 6h45, « l’Express des iles » (rouge et blanc) en provenance de Marie-Galante va rentrer au port.
???????????????????????????????Tout l’équipage est à son poste et la manœuvre de positionnement du navire et son accostage se déroulent impeccablement. Avant 7 h, le Fort Ste-Marie est amarré au quai et le voyage se termine. Ci-dessous lien vers 2 courtes vidéo.
vidéo 1  –    vidéo 2
Puis le pilote du port autonome de la Guadeloupe quitte le Fort Ste-Marie.

21_a_PaP_arriv_ (18)Je reste à bord jusqu’à 13 h 30 et c’est seulement après le déjeuner que je quitterai le bord pour me rendre au port de St François situé à l’autre bout de la Grande-Terre. J’y embarquerai pour une courte traversée de moins d’une heure pour gagner l’ile de la Désirade, première étape de ma courte escale créole.

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Prochain chapitre:

Chapitre 4 : escale aux Antilles : la Désirade et Marie Galante

 

 

Avril 2011 – Tour de la Norvège sur l’express côtier «Kong-Harald» de la compagnie Hurtigrüten

Hurtigruten_0Chaque jour de la semaine, quelle que soit la saison, un ferry «express côtier» de la compagnie Hurtigrüten quitte le port de Bergen, dans le Sud-ouest du pays, pour rallier, en plus de 6 jours et 34 escales plus tard, le port de Kirkenès, dans le Grand Nord de la Norvège, à la frontière de la Russie et de la Finlande.
De même, chaque jour  de la semaine, un autre « Express côtier » appareille de Kirkenès vers le Sud pour rejoindre Bergen.
Chaque jour, un « Express montant » croise la route d’un « Express descendant » et ils se saluent à grands coups de sirène.

En février et mars 1929, le grand romancier Georges Simenon avait réalisé cette croisière de 2 300 km qu’il avait ensuite racontée dans une série d’articles, parus, sous le titre «Escales Nordiques» dans le «Petit Journal» entre le 6 mars 1931 et le 12 mars 1931. Le premier article débutait ainsi:

« Dans le Sud, la Norvège est assez large. À partir de Trondheim, ce n’est plus qu’une étroite bande de terres le long de la mer. Ou plutôt une bande de roches qui, souvent, surgissent toutes droites, des flots.
Pas de train. La dernière gare est à Trondheim.
Et pourtant, tous les 50, tous les 100 km, on aperçoit un village, où une ville au pied de la montagne. Souvent celle-ci est si escarpée que les habitants n’ont aucun moyen de communication avec l’intérieur.
Et c’est pourquoi un petit vapeur, chaque jour, part de Bergen, avec des marchandises, des passagers et la poste, et s’en va cahin-caha, de port en port, jusqu’à la limite des terres norvégiennes dans l’océan Arctique : Kirkenes. Huit jours aller. Huit jours retour. Une vraie chaîne dont les anneaux se rencontrent et se saluent d’un coup de sirène».

80 ans après, en place du petit vapeur on embarque sur un bateau moderne mais  beaucoup de ce qu’a décrit par Simenon, reste vrai !
Un carnet de voyage et un diaporama  vont décrire cet étonnant voyage d’avril 2011.

Pour ouvrir le carnet de voyages, fichier pdf de 52 pages, cliquer sur l’image ci-dessous.
KH1Pour visionner  le diaporama sur Dailymotion, vidéo de 31 minutes, cliquer sur l’image ci-dessous.
KH2

La Désirade, Gibraltar des îles du vent

??????????????????????????????? La Désirade, petite île, étroite et longue de 11 km, située la plus à l’Est de l’arc Caraïbes, compte environ 1.500 habitants. Vue depuis la mer, elle présente la forme d’un crocodile ou d’une barque renversée selon l’endroit d’où on la regarde.
Desirade_carteLa Désirade est un petit archipel composé de trois iles: la Désirade et les deux iles de Petite-Terre.  Dénommées Terre-de-Haut et Terre-de-Bas, ces deux iles constituent aujourd’hui une réserve naturelle Petite_terre_dont les seuls habitants terrestres sont les iguanes et  le lagon séparant les deux iles constitue un terrain de jeu idéal pour les tortues marines.
???????????????????????????????La Désirade est une île de pêcheurs qui fournit à la Guadeloupe près de la moitié de son poisson frais. Dans le port de Grande-anse, chaque jour,au retour de leur  pêche les marins se rendent à bord des bateaux des mareyeurs. Ceux-ci vont ensuite; à bord de leurs bateaux rapides, aux cales réfrigérées, livrer dans le port de St-François en Guadeloupe.
Barge_cabris (2)La Désirade est desservie tous les jours par deux navires de Barge_Amour_de_Dieutaille moyenne, modernes et confortables, qui en moins d’une heure rejoignent St François en Guadeloupe.
Jusqu’aux années 1950, le voyage long, difficile et parfois périlleux s’effectuait dans des barges que l’on voit ci-contre.

En savoir plus sur ces barges en cliquant ici!

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Desirade_livresextrait de l’ouvrage de Marianne Bosshard

« Quand le ciel est dégagé, on aperçoit les iles voisines du haut du plateau: Marie-Galante, la Dominique, les Saintes au Sud; Montserrat et Antigua au Nord. Cette vue splendide qui à l’époque des guerres maritimes (XVIIe et XVIIIe siècles), permettait d’observer les mouvements des flottes ennemies, lui a valu le surnom de Gibraltar des îles du vent ». Selon le propos d’un amiral de la flotte anglaise de cette époque.

Colomb_MGLa Désirade, pour  les amérindiens était  « Oualiri ». Elle fut découverte en 1493 par Christophe Colomb au cours de sa deuxième traversée. Sa flotte serait restée encalminée plusieurs jours dans la mer des Sargasses et la Désirade fut la première terre aperçue par les équipages depuis leur départ d’Espagne. Aussi fut-elle baptisée « Desirada ».
Les Français qui prirent plus tard possession de l’île la rebaptiseront « La Désirade ».

ThDépendance officielle de la Guadeloupe, domaine royal français depuis 1674, elle connaîtra malgré son si joli nom, un triste destin.
Dont celui d’être choisie pour recevoir les lépreux de Guadeloupe dès 1725. Et ce n’est qu’en 1956 que la léproserie fermera ses portes !

Thèse de doctorat en Médecine, Paris 1903, de Noël Léonard-Ange à découvrir sur le site Gallica de la Bibliothèque nationale de France (BnF) en cliquant sur l’image ci-contre.

 

N8617766_JPEG_1_1DMUn peu plus tard, la Désirade sera également choisie , par ordonnance royale de Louis XV en 1763, pour recevoir les «mauvais sujets des familles de France». (également sur Gallica en cliquant sur l’image ci-contre).
«Lorsque des jeunes gens de famille seront tombés dans des cas de dérangement de conduite, capables d’exposer l’honneur et la tranquillité de leurs familles, ou pour lesquels ils auraient été repris de police,(…) , il sera permis à leurs parents de demander au Secrétaire d’État ayant le département de la guerre et de la marine leur exportation dans l’île de la Désirade».

Plusieurs cyclones, dont ceux de 1899, de 1928 et « Hugo » en 1989  détruiront les habitations de l’île dans leur quasi-totalité…

 Aujourd’hui, la Désirade est une petite île où il est très agréable de séjourner.
Ile que j’apprécie particulièrement car, en 2013, j’y ai effectué mon 8ème séjour.
Et je partage totalement l’avis du « Guide du Routard »  quand il désigne, comme  « meilleure adresse de la Désirade », le « Club Caravelles » où je séjourne maintenant à chacun de mes passages sur l’ile.

Ci-dessous quelques photos qui ne peuvent suffir à montrer le charme et la diversité de l’île, et, « en prime », un diaporama avec vidéos sur les Iguanes, les  plus anciens habitants de  l’ile de la Désirade.

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Couple de « sucriers » à l’assaut du petit bocal de sucre de canne.

Lever de soleil sur l’océan Atlantique.

 

 

??????????????????????????????? HPIM0198.JPGCi-dessus,  des cactus « tête à l’anglais », nommés ainsi à cause de leur haut chapeau rouge. Et ci-dessous l’arbre du voyageur.

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L’habitant le plus ancien de la Désirade
Vidéo de 3 minutes à visionner
en cliquant sur l’image ci-dessous

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Liens

vers le « Club Caravelles« 

vers le site sympa de la gendarmerie de la Désirade

Office Tourisme de la Désirade

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Marie Galante

Colomb_MGMarie Galante a été découverte en 1493 par Christophe Colomb au cours de son deuxième voyage. Il a baptisé l’île du nom de son navire amiral. Située à moins d’une heure de bateau du «Continent» (c’est ainsi que l’on nomme la Guadeloupe à Marie Galante), elle est peuplée d’un peu plus de 11.000 habitants avec pour principale activité l’agriculture et principalement la canne à sucre dont plus de 110.000 tonnes sont traitées par «l’usine» de Grande Anse.

Elle produit 11.000 tonnes de sucre et aussi 5.500 hap (hectolitres équivalent alcool??????????????????????????????? pur) de rhum industriel. Quant au rhum agricole et au rhum vieux ils sont produits par trois distilleries, réparties sur le territoire de la «Grande Galette», chacune dans une des trois communes: Bielle à Grand-Bourg, Père Labat à St-Louis et Bellevue (anciennement Magalda), la plus importante des trois, à Capesterre. Elles produisent près de 7.000 hap d’un superbe rhum agricole qui titre 59°. Les Marie-Galantais Bellevue_Magalda_1prétendent (et ils ont sûrement raison) que c’est le meilleur du monde !

Les agriculteurs pratiquent aussi l’élevage de manière originale car les cochons, les vaches et les chèvres sont le plus souvent attachés individuellement et l’éleveur passe régulièrement déplacer les points d’attache des vaches et ???????????????????????????????chèvres et compléter la provision d’eau.

???????????????????????????????Quant au cochon, élément essentiel du plat des fêtes de Noël avec les pois d’angole, il reste attaché bien à l’ombre de manguiers ou autres arbres fruitiers ou parfois sous les cocotiers à proximité de plages magnifiques.

Le tourisme reste une activité marginale dans cette île.

??????????????????????????????? Marie Galante était aussi appelée l’ile aux 100 moulins. Des moulins qui servaient à broyer la canne à sucre. Deux de ces moulins à vent ont été restaurés: Bézard et Bellevue situé sur le site de la distillerie éponyme. Des vestiges de ces vieux moulins parsèment la campagne, cohabitant parfois dans le paysage avec une des nombreuses éoliennes modernes qui, avec les champs de panneaux solaires, contribuent à assurer à l’ile son autonomie énergétique.

???????????????????????????????Quelques liens pour découvrir Marie-Galante

Office du Tourisme de Marie-Galante

Communauté des Communes

le Soleil-Levant à Capesterre de Marie-Galante

 la Galette.net

 

Arbre généalogique des familles Guézénoc – Guézennec et Aballéa depuis 1675

Arbre_Genea_Felix_Guezenoc_c2L’arbre généalogique complet est consultable en cliquant sur les images ci-dessus et ci-dessous.

Arbre_gene_

Gds_parents_Guezenoc

 

En juin 1906, François Guézénoc a épousé Bernadette Salou à Kerlouan.

 

 

Gds_Parents_Aballea???????????????????????????????En janvier 1897, Hervé Aballéa avait épousé Marie-Jeanne Salou à Kerlouan.

 

 

Mariage_Guezenoc__AbaleaLe 29 avril 1936, mariage à Kerlouan:
Francine Aballéa avec  Félix Guézénoc  à droite, et  Bernardine Guézénoc avec François Roudaut à gauche .

Ci-dessous, quelques années après, la famille Guézénoc au grand complet.
Famille_Guezenoc_complete_r

Les familles Aballéa et Guézénoc ont toujours résidé à Kerlouan, même si quelques rares mariages ont pu être célébrés dans les communes voisines.
Le patronyme Salou est un des plus fréquemment porté à Kerlouan.

Abaléa
Ecrit également Aballéa, c’est un nom breton porté dans le Finistère. Il désigne le fils (préfixe ab-) de Baléa, nom de personne porté par un saint Gallois sur lequel on ne sait pas grand-chose. Selon A. Deshayes, la forme ancienne serait Bachla (gallois bach = petit + lae = fidèle, religieux).

Guézennec ou Guézénoc
Fréquent dans le Finistère, c’est un nom de personne breton (fréquemment mentionné sous la forme Uuetenoc dans le cartulaire de Redon) formé sur la racine « uueten » (= combat). Avec le même sens : Guézénec (22), Guézénoc (29). Voir aussi Guéhenno pour d’autres variantes. »
Un saint breton porte ce nom et l’iconographie représente St Guézennec en homme d’armes dans la chapelle ND de Pontouar à Trégourez. D’autres statues le représentant existaient dans l’église de Mahalon (Finistère) et Ploufragan (département des Côtes-du-Nord). L’église paroissiale de Lanrivoaré (Finistère Nord) possédait encore au XVIIIe siècle le chef reliquaire de St Guézennec. L’église abbatiale de Landévénec possédait des Reliques de ce fils de Ste Gwenn,  frère de saint Guénolé ; plusieurs églises, en particulier la Cathédrale de Quimper, en ont encore des parcelles.
Pardon de St Guezennec 11 septembre à Combrit.
sources: Les vies des saints de la Bretagne Armorique(…) » Albert Legrand

Salou
D’origine bretonne, c’est un diminutif de Salomon (ou Salaun). Le nom de ce roi d’Israël a été en effet très porté en Bretagne. Le sage ou le pacifique.

 

Kerlouan et le pays Pagan

Article en cours de rédaction…

pagan_1 Meneham_il_y_a_longtemps Bi_hag_ar_Bern_Bihin pagan_carte_2

 

 

Pour découvrir 23 éléments du patrimoine de Kerlouan décrits et représentés sur le site du « Patrimoine des communes de France ».

Au début du XXe siècle, des barges à voile transportaient fret et passagers entre la Guadeloupe et Marie-Galante et la Désirade

carte_archipelAujourd’hui rien de plus simple que de se rendre sur les iles de l’archipel de la  Guadeloupe.
DSC00016Pour la Désirade
, pour y séjourner ou simplement la visiter, à partir du port de St François, en Grande-Terre vous embarquez au choix sur le «Babou-One» ou sur l’Archipel pour, moins d’une heure plus tard, débarquer sur le port de Beauséjour (Grande Anse) à la Désirade. Deux allers et retours quotidiens relient l’ile à la Guadeloupe continentale. Rentrés le soir à la Désirade, ces bateaux « dorment sur l’ile » afin d’être prêts au départ le lendemain à 6 h du matin.

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Express_PAPPour Marie-Galante, la liaison avec l’ile est assurée, au départ de Pointe à Pitre en direction du port de Grand-Bourg, par d’imposants et confortables catamarans rapides qui relient trois fois par jour l’ile en moins d’une heure. L’EXPRESS des ILES «dort» lui aussi chaque nuit dans le port de Grand-Bourg de Marie-Galante pour pouvoir quitter l’ile chacun des sept jours de la semaine à 6 h du matin.

Colin_MG_bouquinMais il n’en a pas toujours été ainsi !
C’est ce que racontent deux récits décrivant le voyage maritime  au départ  (ou au retour) de  ces deux iles au début et jusqu’au milieu du XXe siècle.

Ci-dessus à gauche, un document broché, rédigé par M. Emmanuel ROBIN, un ancien maire de la Désirade, n’a été imprimé qu’en nombre d’exemplaires très réduit dont l’un est conservé à l’Office du Tourisme de la Désirade.
et à droite, « Marie Galante, voyage au travers les traditions » d’Evelyne Saint-Martin Lima.

Marie-Galante

source: « Marie Galante, voyage au travers les traditions » d’Evelyne Saint-Martin Lima.

Au début du XXe siècle, la principale ressource de I’ile était l’agriculture et toutes les activités s’y rattachant. Les gens n’éprouvaient le besoin de quitter leur ile qu’en cas d’urgence ou d’obligation (vente de denrées, commerce ou maladie).
La liaison avec la Guadeloupe était assurée par des bateaux à voiles appelés alors des barges à voiles surtout destinées au transport des marchandises dont le sucre produit sur l’ile. Aucun aménagement n’était prévu pour les éventuels passagers contraints de voyager à même le pont, parmi les marchandises, les cordages, les animaux (cabris et poules).
Avec un trafic irrégulier, le voyage pouvait durer de six heures à parfois trois jours ou plus, par calme plat. Dans les années 1940 – 1945, deux voiliers, le Gallieni et le Courbet chargeaient le sucre à la Ferrière où «l’usine» possédait un accès direct à la mer. Au retour de Guadeloupe, les barges transportaient du charbon. Un chargement excessif de charbon causa le naufrage du Gallieni. Le naufrage du Courbet fut provoqué par le terrible cyclone de 1928.
D’autres barges les Max, Golgonda, Jean le Bon, Dieu Protège, Suivez-moi-les marins, Isola Bella assuraient aussi la liaison maritime avec la Guadeloupe. Plus tard, l’arrivée de la goélette Père Labat annonçait déjà une époque de transition.
BombotiersDu fait de la médiocre qualité (voire l’inexistence) d’installations portuaires, les barges n’accostaient pas, elles restaient au large, au-delà de la barrière de corail. Des gabares, lourdes péniches en bois à fond plat, acheminaient les marchandises jusqu’au rivage. Elles étaient manœuvrées par de solides vergues en bois et étaient dirigées à l’aide d’une longue rame-godille située à l’arrière.
Les passagers étaient transbordés sur de lourds canots appelés «bomboats» (de l’anglais bumboat) dont l’équipage, les «bombotiers», était composé de deux rameurs, et d’un « recettier », qui, encaissait le coût de la traversée (1 franc en 1940/45). L’un des derniers «bomboats» «La main de Dieu», assura le service jusque vers les années 1970 – 1971.
Récit d’un voyage :
«On quitta Pointe-à-Pitre sur le Gallieni le jeudi à 11 heures du matin. Pas une brise, calme plat. À midi nous étions encore à Darbousier. À vingt heures, en face du Gosier. Le vendredi, nous étions toujours dans les parages du Gosier, le manque de vent ne nous ayant pas permis d’attaquer le Canal. Le samedi matin on y accédait. Ce n’est que le dimanche, tant bien que mal, que l’on parvint à le traverser, mais on ne put toucher la baie de Saint-Louis. Vers seize heures un bombotier vint à la rame chercher les quelques passagers épuisés par le voyage, et nous déposa à Vieux Fort vers vingt heures. Et là, nous devions attendre la charrette à bœufs de monsieur Louloute MARIE pour nous déposer à Grand-Bourg».
Un ancien Maire de Capesterre, a raconté que quand il était élève au Lycée de Pointe-à-Pitre, il avait voulu venir en famille pour les vacances du mardi-gras. La traversée avait duré trois jours. À peine arrivé, il avait dû repartir pour ne pas être en retard à la reprise des cours.
Mais les voyages continuent… La Régie Maritime apparaît.
Le trafic devenant de plus en plus important, apparait la nécessité d’offrir des bateaux pour passagers. À partir de 1952, l’administration crée la Régie Maritime pour la desserte des Dépendances ce qui conduit à refuser aux barges le droit de transporter des passagers. La traversée est assurée par des bateaux à moteur avec coque en acier appartenant à la Régie Maritime.
L’Ile d’Émeraude, le premier mis en service sur la ligne, est, ancienne barge de débarquement de la Marine Américaine transformée en courrier à passagers. Le trajet ne dure que deux heures, le trafic est assuré le mardi, le jeudi, et le samedi. L’lle d’Émeraude va assurer le service jusqu’au 30 Juin 1958. En Avril 1960, elle est remplacée par le Delgrès ancien chalutier transformé au confort sensiblement amélioré avec une durée de la traversée toujours de deux heures. En même temps que le Delgrès, deux autres navires sont mis en service les Margie et Marianne.
Delgres_MGEn 1968, le Delgrès étant déficitaire, mise en service de la vedette «Marie-Galante» … qui s’arrête à son tour en septembre 1969. Le Delgrès continue à assurer le service jusqu’en 1972.
Une époque est révolue. Le nombre de passagers augmentant considérablement, le trafic vers l’île s’intensifiera. Des vedettes rapides desservent l’ile : Axel, Antoinette, Régina, Madras et Tropic, Agathéa.
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À partir de 1990, une nouvelle race de transporteurs voit le jour les catamarans-jet à réaction, rapides, spacieux, confortables, avec bar, vidéo, air conditionné, baies vitrées panoramiques, toilettes. Ils font la navette entre Pointe-à-Pitre et la Grande Dépendance, assurant un service quotidien d’au moins trois rotations. La traversée ne dure plus que cinquante minutes à la vitesse de croisière est de 38 nœuds, soit 70 km heure.
L’Express d’aujourd’hui
Barges_modernes (1)Et aujourd’hui pour le transport des marchandises : des barges qui ne sont plus les mêmes.
L’apparition des vedettes rapides entraîne la présence sur la ligne de bateaux de fret : Le Danibe en 1981, le Fort Saint-Louis en 1983, le Cachacou à la même époque.
Barges_modernes (2)En 2014, quatre barges, appartenant aux Transports Maritimes Des Dépendances (TMDD) assurent le transport du fret vers les iles. L’une atteint la longueur de 50 m, mais toutes assurent le transport des marchandises, containers, véhicules, matériaux, carburants, animaux vivants, … à destination des iles de l’archipel de la Guadeloupe (Marie-Galante, la Désirade, les Saintes).

 

La Désirade –

texte de M. Emmanuel ROBIN

Les moyens de transport maritimes étaient pratiques mais très lents et dangereux surtout lors des cyclones et des grosses tempêtes. En ce temps, les habitants utilisaient les canots à voiles et les barges vers les destinations suivantes : Saint François, Pointe-à-Pitre, mais aussi le Moule.. Capesterre et les îles du Nord (où les marins faisaient de la contrebande)».
En ce temps-là, il n’y avait pas d’appontement, les bateaux déchargés près de la passe (Coulisse) dans des chaloupes qui elles étaient débarquées à terre; les fats étaient jetés à la mer et flottés jusqu’à la côte.
Desirade_port_ (6)Aujourd’hui les moyens de transports sont plus perfectionnés, car les Désiradiens transportent leurs marchandises sur des péniches et voyagent à bord de vedettes à passagers.

 Les différentes vedettes ayant assuré le service, dans l’ordre chronologique:
Kikali_2le Kikali
la Frégate
le Mistral
l’Impériale
le Colibri
l’Archipel
le Babou One

Les différentes péniches dans l’ordre chronologique :
barge_gwoka (1)le Kachakou
Carib Désir
Désirade
Gwo Ka
le Verseau
Le Transud

 Les vedettes à passagers voyagent vers St François et les péniches, qui transportent le fret, viennent de Bergevin et de Jarry. Lors de leur retour à la Désirade les embarcations accostent à la Marina. Les vedettes à passagers font «le plein» de carburant à St François ravitaillées par un camion-citerne..

Un peu d’histoire
Barge_Amour_de_DieuBarge_Dieu_protege_404Avant les années 1930- 1940, les Désiradiens se rendaient sur le «Continent» en canot à voile. Ils mettaient un ou deux jours pour arriver en Guadeloupe et même parfois cela prenait plus de temps pour arriver si la météo était mauvaise.
Dieu-Protege_tableauarrierreEnsuite les barges ont fait leurs apparitions. Ils y avaient Dieu Protège, L’Amour de Dieu et Surprise.

Barge_en_GwadaLes barges mettaient une journée pour se rendre à Pointe-à-Pitre. Elles partaient le dimanche soir et arrivaient à la darse de Pointe à Pitre le mardi vers 11h00 du matin et ce toujours en fonction de la météo. Les Désiradiens en profitaient pour faire leurs achats.

Le dimanche, les matelots embarquaient les balles de coton, les cabris, les cochons, les poules… et au moment du départ il y avait toujours une quinzaine de Désiradiens qui embarquaient pour une journée de galère. Ils arrivaient la plupart du temps trempés jusqu’aux os. Ensuite il fallait faire vite pour reprendre la barge le mardi.

Barge_cabris (2)Les Désiradiens se rendaient en Guadeloupe uniquement lorsqu’ils en avaient besoin. Pas plus d’une à deux fois par an.
On entendait dire que certaines personnes âgées étaient mortes sans être allées une seul fois en Guadeloupe continentale.
Les voyages duraient parfois plusieurs jours, ce qui les obligeaient à rester loin de chez eux très longtemps et les handicapaient car ils nourrissaient beaucoup d’animaux.

Comme il ‘y avait pas toutes les aides accordées de nos jours (allocations familiales, bourses, RMI…..) les gens n’avaient pas beaucoup d’argent et ne pouvaient pas de ce fait voyager comme ils auraient voulu. Ils se rendaient donc à Pointe à Pitre, seule commune qu’ils connaissaient car c’était là, autour de la place de la victoire, qu’était centrée toute l’économie de la Guadeloupe :
– Pour faire des achats : linge ou souliers pour une cérémonie, matériel de pêche pour les marins, des outils pour les marins, pour les charpentiers, les menuisiers, les maçons.
-Pour aller voir un médecin spécialisé : ophtalmologues (lunettes) par exemple.
– Pour se rendre à l’hôpital (s’il y avait encore le temps).
– Pour faire des démarches administratives : payer le rôle (de pêche) par exemple.
– Pour aller voir la famille et prendre des nouvelles des parents.
– Pour aller au lycée : les élèves qui rentraient en 6ème et qui désiraient continuer l’école.
Les barges ramenaient des denrées non périssables, les fruits et légumes venaient par canots mais ce n’est pas tout le monde qui pouvait en acheter.
Les patrons de barges faisaient les achats pour les commerçants mais aussi pour les particuliers qui leurs passaient la commande leur confiant un peu d’argent On pouvait aussi demander à un parent ou un ami de faire un achat lorsqu’il voyageait. Mais généralement les Désiradiens se contentaient de ce qu’il trouvait sur place dans les «lolos» qui étaient nombreux (la boutique de M. Eulalie Valentin était bien achalandée) et ils pouvaient acheter à crédit ce qu’ils ne pouvaient pas faire en Guadeloupe.
Le courrier arrivait par les barges et mettait plusieurs jours pour arriver de Guadeloupe et plus d’un mois lorsqu’il venait de métropole.
Il n’y avait pas comme de nos jours des liens aussi étroits avec la Guadeloupe continentale et les Désiradiens vivaient repliés sur eux-mêmes.


En novembre  2013, que sont devenues ces barges?
Barge_Fifi_cpaBarge_FifiLa Barge « Dieu protège» a longtemps gardé l’entrée du bourg de Beauséjour, sur la plage à Fifi. Mais faute d’entretien elle s’est délabrée au fil des années. Aujourd’hui, il ne reste à cet endroit que la plate-forme en béton sur laquelle elle reposait.

??????????????????????????????? La Barge « L’Amour de Dieu »existe toujours mais elle se trouve aujourd’hui en état de délabrement très avancé. Elle se trouve à proximité de la plage à Fanfan.  En novembre 2011, (photo ci-contre), elle gardait encore, malgré son mauvais état , belle figure de bateau. Par contre contre en novembre 2013, ce n’est plus qu’une épave effondrée (images ci-dessous).

Barge_Dieu_protege_Plage_a_Fanfan_2013Plusieurs tentatives de sauvegarde ont échoué car, selon les Désiradiens, son propriétaire aujourd’hui très âgé, qui a navigué sur ce bateau, ne veut absolument pas s’en séparer.

Quelle perte pour le patrimoine maritime !

Cargo 2013; Chapitre 3 : la traversée océanique vers les Antilles

carte_FSM_2013Dès que la vedette emportant le pilote a quitté le Fort Ste-Marie, le commandant donne ses ordres pour positionner le bateau sur la route tracée vers la Guadeloupe.
???????????????????????????????La météo marine s’annonce délicate pour les deux prochains jours. Le bateau devrait rencontrer, dans le golfe de Gascogne et au large de l’Espagne et du Portugal, des conditions de mer bien plus difficiles que celles rencontrées hier autour de la Bretagne. Météo France nous promet lundi et mardi des vents de force 5 à 8 et des vagues de 4 à 6 m, voire plus. A partir de mercredi et l’approche des Açores, amélioration prévue car ensuite s’ouvre la route des Alizés vers les Tropiques.
À partir de demain lundi, nous rattraperons progressivement le décalage horaire avec la Guadeloupe. Changement d’heure pendant 6 jours, mais dans ce sens il s’avère agréable car, nos journées comptent chacune 25 heures… dont une heure de plus pour chacune de nos prochaines nuits.
Notre arrivée à Pointe à Pitre est prévue lundi 28 octobre vers 5 h du matin.

lundi 21 octobre 2013
Premier changement d’heure cette nuit; excellent sommeil avec réveil vers 7 h, heure du bord. Après le petit déjeuner passage à la passerelle au moment du changement de quart. Le ciel est gris, le jour peine à se lever et le soleil n’est pas au rendez-vous. La mer est assez04_01_a forte avec un vent de force 6, des vagues à 3 m et des mouvements de tangage et de roulis assez prononcés. Le navire progresse dans la direction du Sud-Ouest (cap 240) et le vent souffle de Sud Sud-Ouest (207), soit de ¾ face à la progression du bateau. C’est comme si celui-ci encaissait, presque en permanence, des coups sur son avant, tendant à contrarier son avancée. L’action du vent tend à dévier sa route aussi il compense et voilà pourquoi nous sommes secoués !
Un coup d’œil sur la carte confirme que nous approchons du Cap Finisterre, pointe occidentale de la Galice espagnole.
Passage à la cuisine où le chef est en pleine préparation du dessert: une crème caramel et il me souffle un tuyau pour bien la réussir, il faut y mettre une pincée de gros sel.
A mon arrivée à bord, j’avais remis au Commandant NEDELEG deux exemplaires de mon carnet de voyage 2012. Un exemplaire circule parmi l’équipage et le chef cuisinier m’indique avoir beaucoup apprécié.
Jour de lessive et j’ai lancé une machine à laver. Chaque pont est équipé de cette machine en libre-service et à la simplicité de fonctionnement qui met la lessive à la portée du novice que je suis. Je vais pouvoir récupérer le linge séché d’ici une heure environ.

???????????????????????????????A midi le vent moyen souffle à plus de 60 km/h (force 7) avec des rafales à force 10 (plus de 100 km/h). Quand les paquets de mer s’écrasent sur l’avant du bateau, les embruns passent au-dessus de la passerelle et la grue de l’avant du navire devient invisible. Et il pleut très fortement.
Les températures sont douces : 17° pour l’air, 19° pour la mer, le taux d’humidité atteint 89%.
Ce temps devrait durer 2 jours environ.

«Ouverture la «cave» à 18 h 15
Menu_cave
A 18h15, comme prévu, le navire se trouve dans les eaux internationales, et le commandant a ouvert la cave. Beaucoup de monde, au pont A devant l’entrée du local où sont stockés les alcools, les cigarettes, la bière, les barres chocolatées,…Pratiquement tout l’équipage est présent, marins comme officiers … et passagers (sauf les équipes de quart). Une fois servi, chacun remonte à sa cabine les bras chargés de ses emplettes: bières, coca, alcool, cigarettes, mais aussi de la lessive, du dentifrice, des friandises et des bonbons, …Chacun avait pu consulter auparavant la liste des produits disponibles et les tarifs très avantageux qui sont pratiqués ici.
Le règlement s’effectuera, les jours suivants, en espèces dans le bureau du commandant qui aura établi une facture en bonne due forme pour « chacun de ses clients» à partir du bon de commande signé. Cette opération aura été matérialisée dans les informations journalières du bord sous le libellé « Règlement des dettes de caves chez le commandant ».
Ces ventes à bord ont pour conséquence l’établissement par tous (officiers, marins, passagers) d’une déclaration destinée à la douane concernant sa possession en alcools, tabac,… avant l’arrivée dans chaque port.
Lors de chaque voyage, les nouveaux passagers ont quelque difficulté à comprendre le sens de la formule : «ouverture de la cave» et il revient soit au commandant, soit à l’équipage de traduire et d’expliquer ce dont il s’agit.

Combien et qui sommes-nous à bord ?
Deux commandants (M. Nédélec comme l’an dernier sur ce même navire et M. Cazalis de Fondouce en doublure, ancien chef mécanicien, il est appelé à prendre le commandement du Fort Ste-Marie lors du voyage retour dans le port de Dunkerque.
Le chef mécanicien (M. Lartigau comme l’an dernier),.
Un second capitaine et un second mécanicien (MM. LEBLOND et BERTIN).
Cinq Lieutenants et un «Zef» (élève officier de la Marine Marchande).
Un Maître d’équipage (le bosco), un Maître mécanicien (le chouf), un Maître cuisinier (le coq) et un Maître électricien.
Un Maître d’hôtel , un garçon passagers et un aide cuisinier.
Trois Timoniers, deux Reefermen (électriciens en charges des containers frigorifiques), un mécanicien, un marin pont, un soudeur et quatre ouvriers peintres originaires du sous-continent indien.
Enfin un stagiaire lycéen et deux passagers.

Dans les conditions de mer actuelles, je passe beaucoup de temps bien assis dans le fauteuil passager à lire et à regarder la mer, toujours impressionnante. Les photos ci-dessous montrent bien le contraste de la vue depuis le «fauteuil des passagers» à la passerelle par beau temps et par mer assez forte comme aujourd’hui !

04_01bLe lieutenant de quart, rencontré lui aussi sur ce navire l’an dernier, est toujours aussi disponible et pédagogue pour répondre aux questions du béotien que je reste.

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mardi 22 octobre 2013

Réveil à 6h30, heure du bateau. Bien dormi comme d’habitude.
Ces journées à 25 heures offrent du temps supplémentaire offert pour se reposer mais aussi pour lire. Ce qui m’a permis de terminer assez rapidement la lecture du dernier roman d’Arnaldur Indridason «le livre du Roi», auteur islandais que j’apprécie particulièrement. Cette plongée dans l’histoire et dans la riche littérature de ce petit pays donne envie de lire ou relire quelques-unes des Sagas en commençant par exemple par «la Saga des Vörlungar». Dans ce récit écrit vers le XIIe siècle, vivent et agissent des personnages qui se retrouvent quelques siècles plus tard dans les opéras de Wagner, les romans de Tolkien ou ceux de Frank Herbert.
Le ciel semble plus clair et le vent toujours fort mais les mouvements du bateau ont changé.
Déjeuner puis séjour à la passerelle avant le changement d’équipe de quart où le lieutenant confirme que le vent reste fort (force 8) mais que nous le prenons par le travers. Notre route est pour l’instant inchangée (210° au Sud – Sud Ouest) le vent lui est passé au 280 (Ouest – Nord Ouest), hauteur des vagues de 5 à 6 m.

Vers midi nous allons changer de cap en passant au 240 ( Ouest, Sud-Ouest) pour passer dans le Sud des Açores. Nous avons parcouru 700 milles (près de 1.300 km) depuis le départ de Montoir-de-Bretagne et la vitesse du navire se maintient à la moyenne de 19 nœuds (35 km/h).
Le soleil est bien installé et les températures poursuivent leur remontée (20°9 pour la mer, 20° pour l’air). Installation à la passerelle vers 10 h, fauteuil passager, lecture sagas entrecoupée d’observation de la mer et de quelques photos.
???????????????????????????????A 11 h 30 changement de cap à l’heure prévue. Le Lieutenant de quart m’appelle pour que j’assiste à la manœuvre. Il passe en pilotage manuel et il rentre dans le système de navigation le nouveau cap à l’aide du petit cadran noir à 4 touches situé à droite de la barre. La nouvelle direction ne s’active pas immédiatement car le système n’effectue qu’un changement de 8 degrés par minute afin de ne pas déséquilibrer le navire et la cargaison par un virage trop brutal. L’ancien cap était au 211 et le nouveau à 242 soit 31° de différence. Le système prendra 3 minutes pour effectuer le changement de cap.
Le lieutenant de quart m’a aussi décrit les opérations permettant d’intégrer le vent et le courant dans ces calculs. La navigation nécessite une bonne maîtrise des maths. Il m’indique que dans sa formation il a acquis en plus des qualifications d’officier «pont » de la marine marchande, un diplôme d’architecte naval.
Ce soir nouveau changement d’heure .
Le chef cuisinier vient régulièrement nous demander si ce qu’il nous fait servir nous convient.
Le jeune lycéen en stage commence à trouver le temps long : « plus que 20 jours m’a-t-il dit ce matin ». Malgré la « permission » accordée dimanche à Montoir de Bretagne par le commandant, ce qui lui a permis de rendre à Vannes voir sa famille , les copains et surtout la petite copine !
???????????????????????????????Aujourd’hui, du fait des conditions météo, le pont tribord est interdit à l’équipage car c’est de côté que le vent violent pousse les vagues et les fracasse contre la coque et les containers. Quant à nous passagers, il nous est demandé de ne pas nous trouver à l’extérieur. Ce qui désole mon co-passager Suisse qui attend avec impatience de pouvoir enfin passer toute la journée à l’avant du bateau pour lire.
L’exercice sécurité réalisé aujourd’hui consistait à répondre à une alerte à la bombe suivie d’une explosion: victimes, dégâts importants, incendie,… Tout l’équipage mobilisé en tenue de pompier, masques à oxygène, … Impressionnant!
A 18h30, le traditionnel pot des passagers se tient, à l’invitation du commandant, dans le fumoir des officiers tous présents ainsi que le Zef … qui aide au service. A la fin du pot, le commandant nous invite à poursuivre la conversation en dînant à la table des officiers.

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Mercredi 23 octobre

05_a_Réveil vers 6h30, il fait jour et le soleil va se lever parmi les nuages sur l’horizon. Bien dormi comme d’habitude. Le navire bouge beaucoup moins que les jours précédents.
Passage à la passerelle. La route tracée sur la carte indique notre position dans le Sud des Açores à environ la même distance de Madère.
Ce matin tentative de premier lancer de ballon avec un résultat infructueux: le premier ballon a explosé avant le lâcher, quant au second, après un décollage difficile la transmission de données n’a pas fonctionné. Message de Météo France qui s’étonne de ne pas recevoir de transmission. Une réponse du commandant explique ces échecs par la présence d’un vent trop fort.
???????????????????????????????Vers 11h30, 3 navires sont présents dans notre secteur à environ 25 milles: le Minerva Alex qui va se rapprocher (photo) les 2 autres bateaux, le Nordic Gas et l’’Avonborg resteront invisibles.

Embarqué depuis maintenant une semaine à bord du Fort Ste Marie, j’ai, un peu comme tout le monde ici, perdu la notion du temps. Que l’on soit mercredi ou dimanche n’a plus aucune espèce d’importance, toute la vie à bord du bateau tourne autour des quarts à la passerelle ou du travail à la machine ou sur le pont. Et comme actuellement chaque nuit nous gagnons une heure de sommeil, c’est plutôt agréable.
05_b_ (6)Depuis ce matin, navigation bien plus confortable, car le navire ???????????????????????????????est nettement moins secoué, le vent a faibli et surtout, maintenant, on le prend sur le travers. Les deux derniers jours nous avons traversé une grosse dépression avec un fort vent dans le nez du bateau. Le tout accompagné de pluies violentes et pour mieux arroser les containers les paquets de mer passaient régulièrement par-dessus.
Le commandant a choisi la route la moins pénible dans ces conditions de mer en longeant les côtes espagnoles et portugaises avant de repiquer, hier, vers l’Ouest et la descente vers les Tropiques. S’il avait choisi la route directe au travers de la dépression avec un passage au milieu de l’archipel des Açores, nous aurions gagné un jour de « secouage » en plus !
Mais même dans le gros temps, la qualité de l’air est excellente.
Les conditions climatiques s’améliorent jour après jour et ce midi les températures étaient relevées pour la mer à plus de 23° et pour l’air à près de 24°. La piscine devrait être bientôt mise en service.

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jeudi 24 octobre 2013
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Réveil à 6h30… sans changement d’horaire, le jour se lève, pas de pluie mais le soleil n’est pas encore levé.
Avant de descendre déjeuner passage sur le pont pour le lever de soleil qui commence à percer la couche nuageuse, mer calme.
Le Fort Ste-Marie se trouve, ce matin à 8 h, heure du bord, à la hauteur de l’archipel des Canaries (et du Sahara Occidental) après avoir parcouru 1.625 milles marins depuis le départ de Montoir de Bretagne (un peu plus de 3.000 km) et nous approchons de la moitié de notre parcours océanique.
17_instrumentsNous sommes dans une zone transitoire entre l’Atlantique Nord et les Tropiques où les températures commencent à devenir vraiment agréables avec 22°7 pour la température de l’air et déjà 25°1 pour celle de la mer. Le vent souffle toujours à force 5 avec des vagues de 2 m de hauteur mais plutôt de travers arrière… ce qui est bien meilleur pour notre confort.
Le tracé sur l’enregistreur barométrique confirme bien  l’amélioration de la situation météo.

Depuis hier après-midi, lorsque le navire a dépassé l’archipel des Açores de 200 milles, l’officier de quart a commencé à changer progressivement l’eau de mer des ballasts, qui comme l’exige la règlementation internationale, devra avoir été totalement remplacée avant l’arrivée aux Antilles.
Les ballasts jouent un rôle essentiel pour assurer l’équilibre et la stabilité du bateau à toutballasts moment notamment au moment du chargement et du déchargement de la cargaison mais aussi au cours de la navigation pour éviter que le bateau ne se plie.
16_c_containers_ (2)Hier après-midi, le commandant Cazalis m’a fait découvrir, depuis la passerelle, beaucoup de particularités à propos des containers. La norme internationale standard est de 20 EVP (20 Equivalents Vingt Pieds soit environ 6 m) mais il existe des containers de tailles différentes. Certains d’une longueur de 40 pieds sont plus haut d’1 pied (30 cm); ce qui explique que certaines rangées de containers apparaissent en ligne brisée. D’autres sont aussi un peu larges ou un peu plus haut, ce qui complique les opérations d’organisation de la cargaison.
Les containers sont inspectés à intervalles réguliers pour détecter leurs défauts et effectuer les réparations nécessaires. Pour repérer les défauts d’étanchéité d’un container il suffit de s’y enfermer, en plein jour et de regarder si la lumière s’infiltre à l’intérieur.
Quand les containers arrivent en fin de période d’utilisation, ils sont réformés et laissés sur le lieu de leur dernière destination.
Mais il existe aussi un phénomène de disparation de containers en bon état malgré le fait que chaque container porte un numéro d’identification peint sur son extérieur. Il porte aussi d’autres indications comme son poids à vide (la tare).
La tendance actuelle vise à l’allègement des containers à vide par l’utilisation de matériaux plus légers pour leur construction. Par exemple, vers l’avant du bateau voisinent un container pesant à vide 3.900kg et un autre pesant 3.860kg, soit 40kg d’écart. Un navire emportant 10.000 EVP allégés gagnerait 400 tonnes… ce qui diminuerait sa consommation de carburant.

coucher_soleilCe soir, à l’Ouest, presque en face de l’avant du navire, enfin un beau coucher de soleil avec un ciel sans trop de nuages sur l’horizon.17_d_coucher_soleil_ (18)

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vendredi 25 octobre 2013

???????????????????????????????Réveil à 5 h 30, il commence à faire clair. Petit café puis direction le pont où le ciel a commencé à prendre des couleurs.
???????????????????????????????Le soleil a pointé sous l’horizon à 6 h 27 locales, il va ensuite s’installer rapidement dans un ciel peu nuageux. Température agréable,  l’air est mesuré à plus de 25 ° par les instruments du bord. La mer, quant à  elle affiche à 27°.
Le vent est modéré (force 3) et les vagues ne dépassent guère 30 cm.
18_a_8hmatinAprès déjeuner, visite à la passerelle où l’équipe de quart termine la rotation de 4 à 8 h. La relève arrive peu après et le «reeferman» en charge du lancer de ballon sonde météo est venu vérifier si les paramètres de vent permettent le lancement. Il commence à préparer le matériel pour le largage du ballon qui aura lieu à 9 h, heure du bord, soit 11 GMT car nous avons à nouveau retardé nos montres d’une heure, hier soir.
Un des écrans de la passerelle est tombé en panne aussi le second capitaine, de passage à la passerelle lui applique le «reset marine marchande»: on éteint, on débranche puis on rebranche et on remet en service. C’est efficace car l’écran redémarre tout de suite.
La piscine sera remise en service aujourd’hui.

Les cargos et porte-containers construits il y a 15 ou 20 ans présentaient un confort bien plus important que ceux d’aujourd’hui : le château était bien plus vaste et à titre d’exemple, la taille des baies vitrées des «emménagements» : salles à manger, cabines, … se rapprochait de celle des vitres de la passerelle, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui, la longueur de la piscine approchait les 20 m.
La construction rapide et en série des navires marchands d’aujourd’hui a fait baisser tous les critères anciens de qualité. A part sans doute sur les navires construits en Norvège qui ont gardé une partie de ce confort.
La durée de service d’un navire est aujourd’hui de 25 ans environ. Chez CMA CGM, les bateaux sont placés hors flotte avant ce délai et ils alors revendus parfois à des filiales et ainsi ils peuvent être réutilisés dans le cadre de location temporaire par exemple pour remplacer des navires en arrêt technique.
Généralement les nouveaux navires sont acquis dans le cadre d’une formule de crédit-bail ou leasing.

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Une vraie station météo à bord du Fort Ste-Marie

???????????????????????????????Une station météo complète fonctionne à bord des 4 navires de la compagnie CMA-CGM qui assurent la liaison avec les Antilles. Elle est équipée d’un poste informatique dédié sur lequel apparaissent en continu les différentes données relevées (vent, températures,…) et les coordonnées en latitude et en longitude. Données transmises en continu par satellite à Météo France à Toulouse.
Deux lancers quotidiens de ballon sonde apportent à Météo France des informations complémentaires transmises directement par satellite à Toulouse. Dans le même temps la station du navire enregistre aussi toutes ces informations qui s’affichent sur l’écran de l’ordinateur dédié.
Meteo (1)Le dispositif est complété par une observation du ciel réalisée toutes les trois heures par l’officier de quart selon un protocole et une grille d’observation du ciel et des nuages établis par Météo France.

Seules les conditions de navigation, et notamment un vent trop fort pour les lancers de ballon, peuvent perturber ces processus.

Tous les jours de la semaine, deux navires de cette ligne naviguent sur l’Atlantique et transmettent, plusieurs fois par jour, des informations à Météo France. Informations qui viennent compléter et affiner celles recueillies par les satellites.
Fregate_France_1Ce rôle était jadis celui des frégates météo de la Marine Nationale dont le dernier navire, le «France 1» a été retiré du service en 1985 pour devenir un navire musée à la Rochelle–la Palice son port d’attache. Le premier navire de ce type (un cargo) avait été mis en service par la France en 1938 pour aider à l’observation météo au profit de la navigation aérienne en Atlantique. Elle se développera de manière considérable pendant la seconde guerre mondiale.
Après 1985, des ingénieurs de météo France étaient embarqués à bord des navires de la ligne des Antilles et c’est plus tard que les équipages des navires CMA-CGM ont repris en charge ces tâches météo.
lancer2013Quant ils naviguent sur l’Atlantique, deux fois par jour, le Fort Ste-Marie (comme le Fort St-Pierre, le Fort St-Georges ou le Fort St-Louis) procède au lancement d’un ballon sonde météo équipé de capteurs mesurant notamment les températures aux altitudes atteintes, ainsi que la force et la direction du vent. Le lancer est assuré (si le vent le permet) par un « Reeferman » (marin électricien en charge de l’alimentation et de la surveillance des containers réfrigérés) à 11 heures et à 23 heures GMT.
Le ballon n’est lancé que si le vent apparent est inférieur à 40 nœuds (74km/h). Dans le cas contraire le lancement est annulé. Ce vent apparent est constitué par le vent réel et celui provoqué par le déplacement et la vitesse du navire.
En 2013, pendant notre traversée vers les Antilles, les conditions météorologiques des premiers jours n’ont pas permis le lancement de ballons, par contre les jours suivants, la situation s’étant améliorée, les deux lancers quotidiens ont été assurés. Il est toutefois arrivé que le lancer de 11 h GMT ne puise être assuré alors que celui de 23h le lancer s’est déroulé normalement. Au total 9 lancers ont été réussis pendant la traversée océanique sur 15 possibles.
Le dispositif comporte un gros ballon gonflé avec de l’hélium dans un «berceau» recouvert d’une bâche solide (pour annihiler ses tentatives d’évasion !). Il lui est adjoint un dispositif de lancement qui comporte un petit ballon rose relié à une cordelette (solide) de plus de 15 m. Ce qui permet de toujours maintenir le boitier contenant le dispositif d’enregistrement à cette distance en dessous du ballon.
Les instruments contenus dans le boitier sont activés par le « Reeferman dans un appareil qui provoque leur mise en service.
Pour suivre le « décollage » et la phase initiale du  vol du ballon, deux vidéos ci-dessous publiées sur dailymotion:
un lancer réalisé en octobre 2012
un autre lancer réalisé en octobre 2013

Après avoir suivi le lancement effectué par le « Reeferman », celui-ci revient à l’intérieur de la passerelle près de la station météo observer le début de la transmission des données. Le ballon atteint déjà 650 m après 1mn 25 de vol et la température est tombée à15°6 contre 25°6 mesurées au niveau de la mer.???????????????????????????????

En moyenne, le ballon monte à raison de 380m toutes les minutes et dans le même temps, la température baisse de 2 degrés environ. Vers la 10ème minute d’ascension le ballon se situe à 4.000 m d’altitude et la température devient négative.
bout d’une demi-heure, le ballon atteint 11.000 m où règne une température de -50°, puis -61°5 à l’altitude de 13.000m atteints 6 mn plus loin. Le point le plus froid va se situer à 17.000m d’altitude à -65°6. Plus haut les températures se stabilisent vers -61°.
Au bout d’une heure le ballon a dépassé les 20.000 m. Il est fréquent qu’il monte jusqu’à plus de 26.000 m avant de commencer à se dégonfler et à redescendre vers l’océan.
Les instruments accrochés au ballon ne se contentent pas de relever, en permanence, les températures aux différentes altitudes atteintes avec indication des positions géographiques, ils mesurent aussi la vitesse et la direction du vent. Toutes ces informations recueillies en différents points de l’océan sont indispensables pour alimenter les modèles informatiques permettant la prévision météo et ses évolutions.
Fin de la séquence météo.

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???????????????????????????????Bain très agréable, eau fraiche au début( pendant à peine 30 secondes) mais très vite excellente température, le soleil sur la ½ piscine avec passage d’un grain.
Petite sieste après déjeuner. Autre bain en fin d’après-midi.
18_e_Venus_ (7)Très beau coucher de soleil et pour la première fois depuis le début de la traversée de l’océan Atlantique.  La planète Vénus est bien visible dans le ciel, à 21 h GMT, vers l’avant du navire, peu de temps après la disparition du soleil sous l’horizon.
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18_d_navig_ (6)Dès que la nuit tombe, afin de ne pas perturber la vision des équipes de quart,   toutes les lampes de la passerelle sont éteintes et le rideau la séparant de la table à cartes est tiré. Seules les écrans projettent une faible lumière.

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samedi 26 octobre 2013

???????????????????????????????Réveil dès 5 h du matin du fait de l’effet de l’avance de nos montres pour rattraper le décalage horaire. Il fait encore nuit. Vers 5 h 30 le ciel commence à s’éclairer mais de nombreux de nuages vers l’Est. Vénus reste invisible car elle est masquée par les nuages. Juste le temps de préparer le café en attente du lever de soleil dont la présence se devine derrière les nuages, le ciel et la mer changeant de couleurs.
Températures très agréables, mer calme. Seul le bruit de la machine vient troubler un peu le spectacle de la mer et du soleil levant.

Le chef cuisinier (le «coq»prend son petit-déjeuner dans la salle à manger de l’équipage en compagnie du maitre mécanicien, le «chouf». Quand je viens leur dire bonjour, nous voilà 3 Finistériens dans la pièce. L’un (le chouf) originaire de Cornouaille (la pointe du Raz), un autre (le coq) habitant la presqu’ile de Crozon et le troisième (le passager) né dans le Léon (à Kerlouan au pays pagan).
Nous rentrons dans la zone tropicale vers 9 h, heure du bateau, en traversant le Tropique du cancer (23,27° de latitude Nord). Les tropiques (Cancer et Capricorne), présents sur toutes les cartes terrestres, sont ignorés par les cartes marines. Pour le marins seuls comptent les lignes qui ont un sens et des applications en termes de positions: les cercles polaires, le méridien de Greenwich qui définit les longitudes Est ou Ouest, l’équateur qui divise le globe terrestre en deux hémisphères Nord et Sud et la ligne de changement de date… compliquée à vivre m’a indiqué l’officier de quart qui l’a souvent franchie lors de navigations dans le Pacifique.
???????????????????????????????Pas beaucoup de trafic sur cette partie de l’océan, mais un navire repéré sur le radar passe à notre (relative) proximité.
La piscine n’a pas été vidée ce matin car le « cadet », le stagiaire lycéen, est en plein travail de peintures des éléments du bateau! Ensuite il a préparé le barbecue pour ce soir en cassant des cageots pour garnir de bois le barbecue. Enfin pour terminer la matinée il a vidé la piscine avant de la remplir à nouveau avec de l’eau de mer mesurée à 28°. Dès qu’elle a été « rechargée », j’y ai barboté près d’une heure !
Dans la journée, le ciel est couvert avec de fréquents passages nuageux parfois accompagnés de grains et bien sûr, par intermittence un grand et chaud soleil.???????????????????????????????
2_b_soleil_couchantEn attendant le coucher du soleil et le début du barbecue, Jossi, l’autre passager réalise quelques tractions de « barre fixe » sur un agrès ???????????????????????????????bricolé, installé sur l’auvent de la porte de la passerelle…  pour s’ouvrir l’appétit.

 

??????????????????????????????????????????????????????????????Au menu du barbecue de cette traversée, plusieurs variantes par rapport aux précédentes traversées. Tout d’abord un cochon de lait cuit au four et servi dans son grand plateau de cuisson, absolument succulent. Le contenu du plateau s’est évaporé à grande vitesse !
Autre variante très appréciée, du maquereau frais, pêché au large du Havre, pendant que nous étions au mouillage, nettoyé et congelé immédiatement.
Des brochettes préparées garnies de poisson, viande de bœuf, mouton, saucisse, poisson (dont une Sole ), des tranches de lard, …
Des gâteaux maison, fruits, vin rouge, rosé, ti’ punch, apéritifs, bière, mais aussi jus de fruits, Perrier, … selon les goûts de chacun.
1barbecue2Comme d’habitude ambiance très sympathique, avec la possibilité de parler, mais aussi de trinquer, avec le tout le monde autour de grandes tables où se retrouvent officiers, marins, machine et pont qui apprécient la table tout en parlant.
Les marins indiens (soudeurs et peintres) ont semblé beaucoup apprécier l’ambiance et le barbecue et leur intégration dans ce moment très convivial.

20_e__Venus (6)Et pendant ce temps là, le navire, avec l’équipe de quart à la passerelle, poursuit sa course vers l’Ouest, avec la planète Vénus, dans le ciel,  juste devant nous.

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dimanche 27 octobre 2013

20_a_matin_ (2)Réveil ce matin à 5 h, il commence à faire déjà clair. Le bateau roule plus que les jours précédents. À 5h50, le soleil commence à se manifester sous l’horizon. Le temps de faire le café et de revenir sur le pont, à 6 h il est déjà bien installé dans le ciel.
Beaucoup de poissons volants ce matin, toujours aussi difficiles à photographier ou à filmer… mais on y arrive parfois!
Déjeuner à 7 h, à part le garçon passager, personne à la salle à manger! Explication par l’équipe de quart à la passerelle: c’est dimanche ! Jour où les viennoiseries figurent systématiquement au menu du petit déjeuner.
Le dimanche, en mer et en plein océan, l’activité se réduit, ce qui permet d’effectuer de nombreux contrôles.
Une heure dans la piscine entre 8 h30 et 9 h 30 avant retour en cabine. Le bain creuse l’appétit car à 11 h j’ai déjà faim !
20_a_matin_ (5)Vent modéré toujours dans l’arrière du navire mais une houle assez forte ce qui provoque ce roulis devenu inhabituel depuis 2 jours.

Route_27oct (1)A moins d’une journée de navigation de la Guadeloupe, soir à moins de 700 km de cet archipel, nous avons gagné 12° en températures de l’air en 6 jours depuis les 17° de St??????????????????????????????? Nazaire à nos 29°d’aujourd’hui. Les vêtements d’hiver ont été rangés au fond de la valise au profit des bermudas et des chemises caraïbes. L’approche de la terre se manifeste, en fin de journée, par la présence d’oiseaux de mer, une frégate sur la photo ci-contre.

???????????????????????????????Quand la nuit tombe sur cette dernière journée sur l’océan, la planète Vénus est à nouveau, toujours face à notre route.

Le Fort Ste-Marie s’enfonce dans la nuit et quand le jour se lèvera demain matin nous serons arrivés à Pointe-à-Pitre !

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lundi 28 octobre 2013
Dernière nuit de navigation. Le rendez-vous du Fort Ste-Marie avec le pilote du Port Autonome de la Guadeloupe est fixé à 6 h, heure locale, face à l’ilet Gosier. Le navire va adapter sa vitesse pour arriver à l’heure en économisant le carburant. Nous devons doubler l’ile de la Désirade, première terre des iles Caraïbes vers 3 h du matin, puis petite Terre, réserve naturelle dont les seuls habitants sont des iguanes et des tortues marines, sans oublier son phare, le plus à l’Est de toutes les Antilles. En laissant Marie-Galante à bâbord, entrée en rade de Pointe-à-Pitre.

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21_a_PaP_arriv_ (16)Dès 5 h du matin, le navire navigue à faible allure en rade, la nuit est encore présente percée par les lumières de la Grande-Terre, et en face, celles plus importantes de l’agglomération Pointoise. Un peu plus tard un magnifique lever de soleil enflamme le ciel de la Grande-Terre.
Nous croisons un remorqueur, des bateaux de pêche sortant du port, des voiliers marchant au moteur car le vent est très faible. Plusieurs cargos et pétroliers attendent au mouillage leur tour d’entrée au port. Un des bateaux rapides assurant est encore à quai au port de Bergevin à Pointe-à-Pitre et vers 6h45, « l’Express des iles » (rouge et blanc) en provenance de Marie-Galante va rentrer au port.
???????????????????????????????Tout l’équipage est à son poste et la manœuvre de positionnement du navire et son accostage se déroulent impeccablement. Avant 7 h, le Fort Ste-Marie est amarré au quai et le voyage se termine. Ci-dessous lien vers 2 courtes vidéo.
vidéo 1  –    vidéo 2
Puis le pilote du port autonome de la Guadeloupe quitte le Fort Ste-Marie.

21_a_PaP_arriv_ (18)Je reste à bord jusqu’à 13 h 30 et c’est seulement après le déjeuner que je quitterai le bord pour me rendre au port de St François situé à l’autre bout de la Grande-Terre. J’y embarquerai pour une courte traversée de moins d’une heure pour gagner l’ile de la Désirade, première étape de ma courte escale créole.

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Prochain chapitre:

Chapitre 4 : escale aux Antilles : la Désirade et Marie Galante