Le Fort-Sainte-Marie, le samedi 16 mai 2015, devant la marina de Pointe-à-Pitre en Guadeloupe, avant son entrée dans le port de Jarry. Photo prise vers 7 h du matin depuis le Gold-Express en provenance de Marie-Galante.
Pour accéder aux différents chapitres de ce carnet de voyage 2015, cliquer sur leur titre
- Le Fort-Sainte-Marie, cargo porte-conteneurs de la Compagnie CMA-CGM
- Le voyage – cartes et calendrier
- Embarquement à Rouen le mercredi 29 avril 2015
- Descente de la Seine le jeudi 30 avril 2015
- Escale au Havre le 1er mai 2015
- De la Normandie jusqu’en Bretagne samedi 2 et dimanche 3 mai
- La traversée de l’Atlantique du 4 au 11 mai 2015»
- Petite escale à Marie-Galante 11 au 16 mai 2015»
- Retour à bord du Fort-Sainte-Marie le 16 mai 2015
- Du Créole au Ch’timi : de Guadeloupe à Dunkerque du 16 au 25 mai 2015
- Escale à Dunkerque 25 et 26 mai 2015
- Retour à Rouen en remontant la Seine 26 mai 2015
- Descente de la Seine avant une nouvelle escale au Havre 27 mai 2015
- De la Normandie jusqu’en Bretagne 29 et 30 mai 2015
- Fin de ce Voyage
1 – le Fort-Sainte-Marie, cargo porte-conteneurs de la Compagnie CMA-CGM
Le Fort-Sainte-Marie, Cargo Porte-Conteneurs de la compagnie CMA-CGM, dont le port d’attache est Marseille, est rentré en service sur la ligne des Antilles en 2004.
Long de 197, 70 m et large de 30,20 m, il peut porter jusqu’à 2 200 EVP (Équivalent Vingt Pieds, norme internationale pour désigner la taille des conteneurs soit environ 6 m de long) dont 550 conteneurs réfrigérés.
Affecté à la ligne des Antilles Françaises, ancienne ligne des bananiers, il assure, en compagnie de 3 autres navires (Fort-St-Pierre, Fort-St-Louis et Fort-St-Georges) une desserte hebdomadaire de la Guadeloupe et de la Martinique. Il fait escale en Guadeloupe à Pointe-à-Pitre puis à Fort-de-France en Martinique puis retour à Pointe-à-Pitre avant de regagner l’Europe.
En France métropolitaine, à son retour des Antilles, il marque tout d’abord l’escale de Dunkerque où il décharge la totalité des bananes chargées en Martinique et Guadeloupe. Puis il rejoint Rouen en remontant la Seine pour une courte escale. Redescendant la Seine, il fait escale au Havre avant de rejoindre Montoir de Bretagne, port des conteneurs de St-Nazaire, sa dernière escale avant d’entreprendre la traversée de l’océan Atlantique.
J’ai déjà effectué 2 voyages sur le Fort-Sainte-Marie : en novembre 2012 depuis Pointe-à-Pitre jusqu’à Rouen, puis en octobre 2013 de Rouen jusqu’à Pointe-à-Pitre.
Visite de présentation du Fort-Sainte-Marie
Accueil à bord :
Après avoir gravi la passerelle menant à la coupée, accueil rapide et efficace à bord avec signature d’une liste d’entrée, photo pour le «trombinoscope», remise de différents documents destinés au commandant (billet de voyage, certificat médical, décharge de responsabilité,présentation de la pièce d’identité) puis rapidement le «garçon passagers» vient prendre en charge les bagages pour les transporter à l’intérieur du bateau. Le » trombinoscope » du bord qui contient les photos de tout l’équipage et des passagers, est affiché un peu partout dans le navire et notamment au « Ship’s Office » et à la Passerelle.
La vie à bord:
Pour mes deux précédents voyages sur le Fort-Ste-Marie, j’ai occupé la cabine appelée Océan Indien. Les autres cabines du pont E, là où sont notamment logés les passagers, portent le nom de Tour du Monde, Méditerranée, Amérique du Sud, Transatlantique et Europe-Asie. Une 7ème cabine, bien plus grande est appelée “Cabine Armateur”.
Au moment de la réservation auprès de la CMA-CGM il a été prévu que j’occupe à nouveau la même cabine que précédemment.
Cette Cabine «Océan Indien» est située au milieu du pont E. Après les déchargements et chargements des conteneurs dans les ports d’escale, il est arrivé que la vue soit quelque peu contrariée… par des conteneurs. Ce qui n’a heureusement pas toujours été le cas, la photo ci-dessous en atteste!
Elle est spacieuse et confortable, avec un grand lit, un bureau, un canapé, une table basse, un frigo et de nombreux placards, y compris sous le lit. Une salle de bains avec douche, toilettes, lavabo.
Juste à côté de la cabine, le grand «salon passagers» meublé de canapés, fauteuils, tables, est équipé de cafetière électrique, bouilloire, thé, café, petits gâteaux. Coin lecture avec quelques journaux laissé par de précédents passagers, une Télé … qui ne marche que dans les ports avec lecteur de DVD.
Au pont A, occupant un mur entier de la salle de sport, une importante bibliothèque et au pont F, une DVD-thèque où près de 300 films sont à la disposition des passagers et de l’équipage. A noter aussi une très intéressante BD thèque qui m’a permis de découvrir plusieurs auteurs et/ou séries.
Une petite salle de sport est installée au pont A, avec vélo (sans roue), divers “engins de torture” bien connus dans les salles de musculation, et une table de ping-pong. Le tout avec vue sur mer … au travers des hublots.
Et une petite piscine
..idéalement située au pont E (celui où résident les passagers). Elle est, chaque jour, vidée puis remplie d’eau de mer pompée directement dans l’océan… à partir de l’archipel des Açores, en direction des Tropiques.
Les repas à bord sont servis de 7 h à 8 h
pour le petit déjeuner, de 12 h à 13 h pour le déjeuner et de 19 h à 20 h pour le dîner. Ils sont servis, au pont B, dans la salle à manger des passagers, située dans la même pièce que la salle à manger des officiers. Derrière la table des officiers, 2 hublots permettent d’apercevoir la mer… par intermittence lors des périodes de roulis
La cuisine occupe le milieu du pont B et les salles à manger de l’équipage occupent l’équivalent des salles à manger passagers et officiers. Le chef cuisinier (un breton lors de mes 2 précédentes traversées à bord du Fort Ste Marie) prépare les repas pour environ 30 personnes avec un aide de cuisine et l’appui du “garçon passagers”. Le service à la table des officiers est assuré par le maître d’hôtel et celui à celle des passagers par le “garçon passagers”.
Menu unique pour tout le monde: Commandant, officiers, équipage et passagers, varié et de très bonne qualité … comme j’ai pu le vérifier au cours de mes 5 précédents voyages à bord des navires de cette ligne .
Les communications avec la terre ferme.
Par téléphone:
Dès que le navire a quitté le port et s’est éloigné des côtes, plus de réseau pour les téléphones portables (sauf parfois un court moment à la proximité des iles se situant sur sa route : Guernesey, Jersey et parfois celles de l’archipel des Açores).
Il est toutefois possible de communiquer par téléphone satellitaire en achetant une carte prépayée.
Par courriel:
Une adresse e-mail est mise à disposition de chaque passager par le commandant. A partir d’un ordinateur situé dans un bureau du pont F, il est possible d’envoyer ou de recevoir des courriels simples sans aucun fichier attaché.
L’information à bord:
La compagnie met à disposition une revue de presse quotidienne mondiale déclinée en plusieurs langues. On y accède sur le même ordinateur que celui permettant d’envoyer et de recevoir des courriels.
Vie pratique:
Au niveau du pont E, juste à proximité de la « cabine armateur », une buanderie équipée d’une machine à laver (très simple à utiliser et avec lessive à disposition) et d’un sèche-linge.
2 – Le voyage – cartes et calendrier …
Embarquement mercredi 29 avril 2015 à Rouen sur le Fort-Ste-Marie. Ce navire termine, sur cette traversée aller vers les Antilles, son 153ème voyage depuis son entrée en service en 2004. Au départ de Pointe-à-Pitre vers l’Europe, il entamera son 154ème voyage sur cette ligne des Antilles, « ancienne ligne des bananiers » de la Compagnie Générale Transatlantique (la Transat ou la French Line), plus connue pour ses paquebots de prestige, Normandie, France, ..(Présentation d’un précédent Fort-Ste-Marie sur les archives de la Transat).
Les cartes et routes de ce voyage
jeudi 30 avril 2015: Rouen – le Havre
Cartes et routes ci-dessus et ci-dessous du Fort-Ste-Marie :
sources site internet Marine Traffic et écrans radar du Fort-Ste-marie
samedi 2 mai et dimanche 3 mai 2015: Le Havre – Montoir de Bretagne
Cartes et routes ci-dessous du Fort-Ste-Marie en 2015 :
sources: écrans de la passerelle du navire et site internet Marine Traffic
lundi 4 mai 2015 – Montoir-de-Bretagne – Pointe-à-Pitre lundi 11 mai 2015
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samedi 16 mai 2015 – Pointe-à-Pitre – Dunkerque – lundi 25 mai 2015
mardi 28 et mercredi 29 mai 2015: Dunkerque – Rouen
jeudi 28 mai 2015: Rouen – le Havre
vendredi 29 mai 2015 – le Havre – Montoir de Bretagne – samedi 30 mai 2015
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3 – Embarquement à Rouen le mercredi 29 avril 2015
Mercredi 29 avril 2015, 16 h, je viens d’embarquer à bord du Fort Ste Marie. C’est la troisième fois que je vais voyager sur ce navire… avec, comme les fois précédentes, le même commandant.
Ancré depuis la fin de la matinée dans le port de Rouen, sur le territoire de la commune des Moulineaux, situé entre deux méandres de la Seine, le navire fait l’objet d’une intense activité de chargement des conteneurs. Le quai se vide progressivement des « boîtes » destinées aux cales ou à la pontée du Fort-Ste-Marie sous un beau et chaud soleil. Mais hélas vers 18 heures, la pluie est au rendez-vous et le coucher de soleil espéré sur la Seine restera caché par les nuages.
Le « Grand Port Maritime » de Rouen fait partie de l’ensemble portuaire HAROPA (Le Havre – Rouen – Paris). Fréquenté par des navires assez imposants, l’espace portuaire est situé à une dizaine de kilomètres en aval de la ville. En regardant le fleuve du côté droit du navire puis du côté gauche, un contraste important différencie les deux berges, contraste souvent rencontré sur la Seine.
Ici, côté gauche en direction de la mer, une berge très industrialisée avec le port des cargos, celui des pétroliers,… l’ancienne raffinerie Pétroplus, la grande usine papetière de la Chapelle d’Arblay, … et en face, à 300 mètres à peine de l’autre côté de l’eau, la campagne verdoyante et boisée ornée de belles maisons, un peu en hauteur et descendant jusqu’au fleuve de vertes pelouses (Normandie oblige !).
Le chef cuisinier est aussi une «vieille connaissance» car il était déjà aux fourneaux du Fort-St-Pierre lors de mon voyage de 2011 et aussi sur le Fort-Ste-Marie pour une partie de la traversée de 2013 vers les Antilles. Il sera remplacé lors de l’escale du Havre par un autre chef cuisinier (breton lui aussi) qui officiait sur le Fort St Pierre lors du voyage retour de Guadeloupe en 2013.
Changement important à bord, des marins et quelques officiers Philippins ont remplacé, poste pour poste, les Roumains. Tous souriants mais tous anglophones ! Je vais devoir effectuer de grands progrès dans la langue de Shakespeare.
Ce soir, à la table du diner, j’étais le seul passager. Trois autres passagers sont attendus à l’embarquement au cours des prochaines escales au havre et à Montoir-de-Bretagne.
Quant au menu, il est à l’image de la qualité de ceux des précédentes traversées.
Pendant le repas, poursuite du ballet des portiques transportant les conteneurs.
L’escale de Rouen va s’achever dans quelques heures et le Fort-Ste-Marie va appareiller en direction du Havre à 3 heures la nuit prochaine. Il y aura passé moins d’une journée.
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4 – Descente de la Seine le jeudi 30 avril 2015
Le Fort-Ste-Marie a levé l’ancre ce jeudi 30 avril vers 3 h du matin. Il accomplit actuellement son 153ème voyage depuis sa mise en service en 2004.
Dormant profondément, je n’ai rien entendu car comme d’habitude le sommeil se révèle excellent dès que je suis à bord d’un bateau.
Réveil vers 6 h, et à ce moment, vers l’amont du fleuve le jour pointe à l’horizon et à la sortie d’un méandre, la silhouette du pont de Brotonne se découpe sur la nuit qui s’estompe. Le temps est frais et pas de navire ni de péniche sur le fleuve à notre proximité.
Vers 7 h 15, devant nous à la sortie du méandre apparait le pont de Tancarville et à droite du fleuve, le château du même
nom. Juste, un peu en amont, chargement de sable sur un camion garé sur un ponton depuis la péniche joliment nommée « Savane » et à côté, une petite zone portuaire où des conteneurs sont en attente.
Sous le gris du ciel, beaucoup de couleurs entre le vert des prés parsemé de tâches de couleurs (les vaches en train de paître), le jaune des champs de colza, le miroir des étendues d’eau, …
Plus loin, laissant les méandres du fleuve derrière nous, dans une longue courbe peu accentuée, depuis le pont du navire vers l’arrière vue imprenable sur le pont de Tancarville et vers l’avant sur la silhouette caractéristique du pont de Normandie.
Un paquebot blanc manœuvre en aval de ce pont pour venir se mettre à quai, avant Honfleur à proximité d’une petite zone portuaire dédiée au bois… dont on sent les odeurs à l’approche.
Le paquebot ASTOR dont le port d’attache est NASSAU aux Bahamas, à peine amarré à quai, un bus s’en approche, probablement pour aller promener des croisiéristes.
Le pilote de Seine sort de la passerelle à intervalles réguliers pour mieux évaluer la portion de fleuve à venir, il observe aussi l’effet de la vague produite par le déplacement du bateau. Quand nous croisons un autre navire, il sort saluer de la main son collègue pilote qui guide la navigation de ce navire sur le fleuve.
A l’intérieur de la passerelle, la radio communique à intervalles réguliers des informations utiles pour la navigation notamment la hauteur du niveau de la Seine à différents endroits.
Une vedette appartenant aux Pilotes de Seine effectue des
sondages dans le chenal, et bientôt, un petit pétrolier à vide, remonte vers l’amont. Il sera le seul navire croisé aux ces deux heures de navigation!
Ici le contraste est aussi important entre la berge côté Honfleur où des promeneurs, avec un chien, arpentent une petite plage et derrière eux des bois et la ville et ses bâtiments où domine la pierre. En face le port du Havre, ses usines, ses cheminées, les grues et les cargos, … 

A la sortie de l’estuaire une ile artificielle du parc naturel accueille les oiseaux pendant leur période de nidification. L’émission Thalassa, spéciale Estuaire de la Seine a, en février 2015, consacré un long sujet à cette ile et au parc naturel de l’estuaire. Le rendez-vous avec la vedette des pilotes de Seine avait été fixé à 9 h 20 et quelques minutes auparavant, la vedette rapide Phaéton apparait sur la mer se dirigeant vers le point de rencontre. A son bord le pilote du port du Havre qui va servir le Fort-Ste-Marie pour son entrée au port. Une fois celui-ci monté à bord et arrivé à la passerelle, le pilote de Seine va nous quitter pour, à son tour, embarquer sur la vedette.
Le soleil tente timidement de percer la couche nuageuse mais la température reste fraiche malgré le vent léger. La mer est plate.
En rentrant au port, nous laissons à notre gauche le port de plaisance d’où sort un voilier pendant qu’un promeneur arpente la jetée, puis la «tour de contrôle» Le Havre Porte de l’Europe, avec à sa gauche, à quai, le ferry Etretat de la compagnie Brittany Ferries, qui dessert Rosslare en Irlande pour. Plus loin le port à charbon dominé par les hautes cheminées de la centrale thermique EDF.
Environ une heure après la «prise du pilote» le porte-conteneurs « se pose » à quai après une manœuvre impeccable qui m’impressionne toujours autant à chaque voyage. Arrivé le long du « Kuala-Lumpur-Express » de la compagnie APAG-LLOYD dont le port d’attache est Hambourg, le Fort-Ste-Marie commence à pivoter pour effectuer un virage à 180° qui va le positionner, en douceur, le long du quai de l’Atlantique, juste derrière le bateau allemand et face à la sortie du port. Les lamaneurs, bien couverts pour se protéger du froid, attachent très vite les aussières sur les bittes d’amarrage.
Pendant ce temps, l’activité est intense sur le quai où la mise en place des conteneurs destinés au Fort-Ste-Marie se poursuit. Le quai est divisé en cases numérotées correspondant aux emplacements de destination à bord, dans les cales ou sur le pont.
Après avoir parcouru 66 milles marins depuis Rouen soit plus de 123 km, le Fort-Ste-Marie doit rester à quai jusqu’à samedi 2 mai où l’appareillage devrait intervenir vers 14 h. Cette escale inhabituellement longue s’explique par le fait que, demain vendredi 1er mai dès 6 h du matin jusqu’à samedi 2 mai à 6 h, les dockers ne travailleront pas.
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5 – Escale au Havre le 1er mai 2015
Étrange sensation, ce matin, en regardant (et en écoutant) le port du Havre où les bassins n’enregistrent pas un seul mouvement de navire et où aucune activité n’est visible sur les quais. Les portiques et les grues sont à l’arrêt, aucun camion ni aucun tracteur ne sont présents sur le quai de l’Atlantique. Un quasi silence règne sur l’immensité portuaire.
Habituellement, 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, les ports ressemblent à une sorte d’immense fourmilière où tout ne s’arrête jamais de bouger. Depuis ce matin, 1er mai oblige, une parenthèse de calme et de tranquillité s’est installée près des navires immobiles.
Demain matin, cette parenthèse sera refermée et tout va à nouveau s’animer frénétiquement.
Le second passager a embarqué ce matin au Havre. Il s’agit d’un Franco-Suisse, travaillant du côté de Genève et habitant en France. Il va aller passer une quinzaine de jours … à Marie-Galante, ile où il séjourne depuis de nombreuses années et où il a acheté une maison.
Découvrir ici son carnet de voyage pour cette traversée.
Nous serons rejoints à Montoir-de-Bretagne par un couple, Suisses eux-aussi.
Lors de ma dernière traversée vers les Antilles, j’avais déjà voyagé en compagnie d’un jeune Suisse Alémanique.
Aujourd’hui le temps gris et le fort vent du Nord n’incitent pas à rester longtemps à l’extérieur. La météo marine pour les prochains jours est plutôt encourageante.
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6 – De la Normandie jusqu’en Bretagne les 2 et 3 mai 2015
Carte de la route du Fort-Ste-Marie depuis le Havre jusqu’à Montoir de Bretagne (source site Marine Trafic) distance parcourue 478 milles soit 886 km.
Temps couvert, légèrement pluvieux toute la matinée du
samedi 2 mai. Le port retrouve progressivement son activité, le chargement des conteneurs se poursuit et dans le bassin René-Coty, plusieurs navires manœuvrent avec l’aide d’un remorqueur sur leur arrière. Derrière nous en «opérations commerciales» (déchargement et chargement de conteneurs), un navire rouge long de 334m et large de 48m sous pavillon allemand, le CAP SAN AUGUSTIN.
L’appareillage du Fort-Ste-Marie s’est effectué alors même que nous avions débuté le déjeuner. Lorsque nous en avons terminé, le bateau est déjà au large où règne une visibilité réduite.
Le navire est plus chargé qu’au départ de Rouen car il affiche maintenant un tirant
d’eau à l’arrière de 10,15 m contre 9,50m au départ de Rouen.
Autour du Fort-Ste-Marie, par tribord, plusieurs navires à l’ancre attendant de rentrer au port et un roulier, le Morning Clara de la compagnie EUKOR en route lente vers le port. Plus tard, toujours à tribord et arrivant à grande vitesse, le ferry Normandie en direction du Havre. Sur bâbord, sortant de la brume le pétrolier San-Esperansa.
Le Fort-Ste-Marie avance maintenant à sa vitesse de croisière de 20 nœuds (plus de 37 km/h) et le sillage est parfaitement rectiligne. Au large de Cherbourg, 65 milles marins ont déjà été parcourus.
Long séjour à la passerelle (et surtout sur son aileron) de 20h30 jusqu’à 22 h. Le brouillard est très intense, à tel point que par moments la grue d’avant devient presque invisible. Le trafic est important avec non seulement des cargos, des pétroliers, … installés sur le rail mais aussi des navires de pêche qui naviguent parfois à contresens. Ce qui nécessite une vigilance de tous les instants de l’officier de quart et du timonier.
Le brouillard s’épaississant encore, le commandant a fait actionner les cornes de brume, mais si l’on entend bien la nôtre, il est impossible d’entendre celles des navires proches visibles au radar, à cause du bruit ambiant (machine, bruit du vent et de la mer,…). Actionner la corne de brume dans ces conditions fait partie des exigences de la règlementation internationale maritime!
Ce temps très doux, mais très humide, ce brouillard présentent un avantage: la surface de la mer est quasiment plate.
Dimanche 3 mai en matinée.
Temps couvert et contrairement à la veille au soir, la mer s’est formée et le bateau subit un roulis assez important. Le vent moyen souffle à force 5 (20 nœuds) et la mer accuse des creux de 2 m. Le vent souffle par le travers arrière gauche du navire ce qui accentue le roulis.
Le ciel, bien que moins bouché que la veille au soir, reste très gris et il faut attendre 10 h avant que le soleil ne perce, très furtivement, la couche nuageuse. Au changement de cap, après Belle-Ile, le vent est moins gênant pour la navigation et le roulis se fait moins ressentir.
Le rendez-vous avec le pilote étant prévu à midi, le
Fort-Ste-Marie ralentit son allure.
En arrivant sur zone, plusieurs navires sont en attente dont notamment un navire roulier transportant des pièces d’Airbus. Le Margaretha, petit navire ressemblant à un sablier, fait route vers l’estuaire de la Loire à petite vitesse.
La mer étant assez formée, la vedette « la Couronnée IV », bateau pilote du port de St-Nazaire s’est rapprochée du Fort-Ste-Marie afin de limiter le trajet de la petite embarcation rapide qui va venir déposer le pilote au pied de l’échelle dépliée sur notre côté tribord. En quelques minutes le pilote est à bord et la petite embarcation rejoint la « la Couronnée IV » à très vive allure.
Arrivé à la passerelle, vers 12h15, le pilote se renseigne sur le tirant d’eau du navire et recueille, auprès de la direction du port de St-Nazaire, toutes les informations actualisées nécessaires notamment le niveau de la marée dans l’estuaire.
Moins d’une heure plus tard, le Fort-Ste-Marie passe sous le pont de St-Nazaire, puis devant l’ancienne base sous-marine qui abritait les U-Boot allemands pendant la Seconde Guerre mondiale, le chantier de construction navale où un nouveau paquebot géant, le futur «Harmony-of-the-Seas» est en cours de construction.
Enfin il s’approche à vitesse réduite de son poste d’amarrage derrière le pétrolier «Samuel de Champlain» et devant le cargo «Boomar Moon».
Comme à l’arrivée dans le port du Havre, le navire va effectuer un virage à 180° pour présenter son avant vers la sortie de l’estuaire. La manœuvre s’avère délicate car, à cet endroit le lit de la Loire est assez étroit du fait de la présence d’un grand banc de sable et de surcroît le niveau de la marée et donc du fleuve est assez bas. L’aide d’un petit remorqueur «le Croisic» agissant sur l’arrière du porte-conteneurs facilite la bonne exécution de la manœuvre. Un fois cette volte réalisée, le navire se glisse en souplesse le long du quai entre les deux navires cités plus haut. Les lamaneurs sont déjà leur poste et l’amarrage est rapidement réalisé.
L’avant du Fort-Ste-Marie est maintenant positionné face au Pont de St-Nazaire, et les portiques vont pouvoir rentrer en action pour décharger et charger des conteneurs.
L’escale de Montoir-de-Bretagne permet de «faire le plein» de carburant. La capacité de la« soute » (l’ensemble des réservoirs) s’élève à 1 200 tonnes de fuel lourd.
L’appareillage pour la Guadeloupe est fixé à 6 heures, demain matin lundi 4 mai et plus d’une semaine de navigation sera nécessaire pour traverser l’océan Atlantique et atteindre le port de Pointe-à-Pitre.
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7 – La traversée de l’Atlantique …
Lundi 4 mai 2015
6 h 15, le Fort-Ste-Marie est toujours à quai, grue en position port.
Croisé dans les escaliers, le second capitaine annonce un départ envisagé vers 11 h 30 car des grues du port ont été victimes de pannes la nuit dernière. Plusieurs panneaux de cale sont toujours sur le quai.
Vers 8 h le port s’anime et les klaxons, accompagnant le déplacement en marche arrière des engins de levage sur le quai, se font à nouveau entendre.
Températures à 8h : air 13,6°, mer 14,8°. Vent faible à 6 nœuds venant de l’Ouest.
L’officier de quart à la passerelle a affiché sur un des ordinateurs de la passerelle la carte de la route prévue avec la situation météo.
A priori cela devrait être plutôt sympathique.
L’orthodromie ou presque. La route prévue se rapproche de celle du Fort-St-Pierre en octobre 2012 avec un passage dans l’archipel des Açores.
10 h 30 la grue du milieu est rentrée en position mer, ainsi que celles de l’avant et de l’arrière, il bruine sur le quai, un seul portique reste en action sur la partie avant du navire. Seul un tracteur continue à l’alimenter avec l’aide de deux camions.
11 h 20 la passerelle, menant du quai à la coupée, est toujours en place sur le quai, le portique est toujours au travail.
Arrivée du pilote vers 12 h.et vers 12 h 10 le Fort-Ste-Marie s’est éloigné du quai avec l’aide du remorqueur Croisic, sous un temps exécrable: pluie, vent, mauvaise visibilité. Au gris plomb répond le marron de l’eau du fleuve.
Peu après, nouveau passage en sens inverse de celui réalisé hier, devant le chantier naval où la silhouette du futur paquebot «Harmony of the Seas» apparait clairement, le gros œuvre en bonne voie d’achèvement. Puis à nouveau la base sous-marine dont le gris des bunkers se confond avec le gris du ciel.
Et tout de suite, le passage sous le pont de St-Nazaire, sous
lequel s’avance le petit porte-conteneurs « Lilas » navigant vers le fleuve.
A notre tour de passer sous le pont et le remorqueur nous quitte pour rentrer dans le petit port de St-Nazaire.
Prenant la direction du large, tout en progressant dans le chenal, petit salut au passage au cinéaste Jacques Tati, dont le film « Les vacances de M. Hulot » a été tourné à St-Marc-sur-mer, quartier de St Nazaire et dans le célèbre « Hotel de la Plage », aujourd’hui modernisé. La municipalité a rendu hommage à Jacques Tati en installant une statue représentant une de ses attitudes dans le film sur la promenade.
Puis un petit bateau de pêche rouge et blanc, le Saint-Laurent trainant un chalut ou une drague.
En approche du point de rencontre avec la vedette du pilote où celui-ci va quitter le navire..
Deux heures plus tard, le temps s’éclaircit. Le second capitaine, en compagnie du Lieutenant Sécurité, effectue la « séance obligatoire et traditionnelle d’instruction sécurité » des passagers avec description des différents signaux d’alarme avec leur signification et l’indication du point de ralliement, soit à la passerelle, soit au pont B notamment en cas de décision d’abandon par le commandant. Avec aussi la traditionnelle démonstration «d’enfilage» de la combinaison de survie.
A 18 h 30, «ouverture de la cave» par le commandant où chacun, équipage comme passagers, peut acquérir à des prix hors taxes cigarettes, alcools, bières, Perrier, chocolats, bonbons, dentifrices,…
Le règlement de ces emplettes s’effectue quelques jours plus tard dans le bureau du commandant.
Les emplettes réalisées à la cave nous permettent, (à moi-même et au passager franco-suisse se rendant aussi à Marie-Galante) de faire découvrir le ti-punch à nos deux autres compagnons de voyage Suisses. Subtil et puissant breuvage dont ils ignoraient tout !
Ce premier jour en mer sur l’océan Atlantique est aussi l’occasion de procéder au premier des six changements d’heures qui vont nous permettre d’arriver en Guadeloupe calés sur l’heure locale. Nous allons bénéficier ainsi de la première de nos six journées durant chacune 25 heures !
Le Fort-Ste-Marie, laissant la Bretagne dans son sillage, s’est élancé en direction des Antilles.
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Mardi 5 mai 2015
Le temps a changé pendant la nuit. Après les gros orages d’hier soir, ce matin à 6 heures, c’est un peu l’effet «tambour de machine à laver» ! Nous sommes secoués un peu dans tous les sens, tangage et roulis, et au dessus de nous, ciel gris avec très épisodiquement un petit peu de bleu. Le navire traverse une dépression comme le montre sa position sur la carte météo
Cap au 220, Sud-Sud-Ouest, ciel dégagé, le soleil, déjà levé à l’est, reste invisible depuis le pont E dont la visibilité est contrariée par les conteneurs installés sur la plage arrière.
A 7 h ciel très dégagé.
Cette nuit entre 23 h et minuit, le vent soufflant très fort (50 nœuds force 10 avec des creux de 9 m) a arraché l’antenne (et son dispositif) d’un des deux radars … qui venaient d’être révisés. Le jour levé, en profitant d’une amélioration de la situation météo, le second capitaine et le maitre électricien ont procédé à une évaluation des dégâts, sous les instructions du commandant dirigeant les opérations depuis la passerelle. Le navire positionné le plus possible à l’abri du vent et évoluant à vitesse réduite. Ce radar se trouve effectivement hors service mais les autres dispositifs, dont le second radar, étant en parfait état de fonctionnement, le navire a repris sa route. Une réparation sérieuse et pérenne est attendue à l’arrivée à l’une des prochaines escales.
Dans l’après-midi alternance de longues périodes ensoleillées et de passages de grains avec un vent fort et froid de Nord-Ouest (force 6) et une mer assez forte (vagues de 3 mètres). Les températures restent basses 13,3° pour l’air et 15,1° pour la mer. Le vent soufflant de ¾ sur l’avant du navire, tangage et roulis restent au menu de l’après-midi.
En milieu de journée nous avons parcouru 534 milles soit environ 1 000km.
La route prévue conduira le Fort-Ste-Marie au milieu de l’archipel des Açores entre les iles de Terceira et de Sao-Miguel, passage prévu dans la nuit de mercredi à jeudi aux environs de minuit.
A 18 h 30, pot offert aux passagers par le commandant dans le «fumoir des officiers» en présence du Chef Mécanicien, de son adjoint et d’un Lieutenant Machine et du Second Capitaine. Moment de convivialité permettant de faire connaissance.
Mercredi 6 mai 2015
Réveil à 5 h (décalage horaire de 2 heures oblige), nuit noire. A 6 h15, plus de luminosité, temps exécrable ciel gris noir, pluie mais vent plus calme ou soufflant dans une autre direction car le roulis se montre bien moins gênant. Par contre hier soir et cette nuit fort roulis, … en forme de bercement facilitant l’endormissement.
Vers 8 h 40 UTC et heure du navire (10 h 40 métropole), vent moyen 26 nœuds venant du 97 (Est) à force 6, le navire progresse à 20 nœuds au 246 (Ouest-Sud-Ouest) avec vent de ¾ arrière, le bateau roule un peu mais tangue peu.
Températures fraiches : air = 13,7°, mer = 15,5°. Le baromètre annonce une légère dégradation pour les 3 heures à venir. La position du Fort-Ste-Marie à 40° 35’ Nord et 19°54 Ouest matérialise l’approche des Açores que l’on doit traverser entre l’ile de Terceira et celle de Sao-Miguel ce soir aux alentours de minuit.
Sinon la routine: on retarde nos montres d’une heure tous les soirs et nous bénéficions des journées à 25 heures… et d’une nuit de sommeil rallongée! Il nous reste encore 4 heures à rattraper avant l’heure locale de la Guadeloupe.
Le chef cuisinier embarqué à St-Nazaire nous soigne particulièrement bien. Il prépare assez souvent des gâteaux ou des crêpes avec chocolat, chantilly, fraises…
Il alterne tous les jours avec soit du poisson le midi et le soir viande ou l’inverse. Mais c’est toujours très bien préparé tout en restant roboratif, car les marins en mer ont besoin de nourriture qui «tienne bien au corps»… surtout quand il fait froid et humide comme ces jours derniers.
Journée à grains
Vers 15 h 15, un grain très violent s’abat sur le navire avec des vents de 35 nœuds (force 8) en moyenne avec des rafales de 49 à 55 nœuds (force 10) venant par le travers avant gauche et une pluie très intense.
Le bateau bouge beaucoup sous les coups de boutoir du vent sur son avant mais il poursuit sa progression à la même vitesse moyenne proche des 20 nœuds (37 km/h).
Au bout d’un quart d’heure le grain est passé et progressivement le calme revient avec un vent moyen à 11 nœuds (force 4).
Ensuite plusieurs autres grains vont défiler sur la gauche du Fort-Ste-Marie sans le perturber vraiment.
Vers 15 h 30 le compteur de distance parcourue affiche 1 000 milles marins soit 1 852 km. Il reste encore 2 500 milles environ avant d’atteindre la Guadeloupe.
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Jeudi 7 mai 2015
A 6 h 15, jour déjà levé, ciel bleu, soleil assez haut sur la mer.
Nos amis Suisses sont déjà installés sur l’aileron de la passerelle et nous nous photographions mutuellement.
Les températures montent un peu: air 16°7, mer 17°4. Le vent reste fort, établi à force 6 et le navire est assez chahuté sur une mer formée.
A 11 h, heure du bateau, 1 292 milles marins parcourus soit 2 393 km.
Après-midi plus agréable avec un chaud soleil, une mer moins forte mais le vent reste important.
Sous le soleil, la mer prend des couleurs d’un bleu profond qui se distingue du bleu du ciel.
L’officier de quart insiste pour me prendre en photo à la passerelle assis devant les radars et autres instruments puis à la table à cartes. Cet après-midi, la piscine a été nettoyée, prélude à une mise en eau les jours prochains quand l’eau de mer pour remplir la piscine sera un peu plus chaude et le roulis moins accentué.
Ce soir, peu avant 20 h, heure du bateau, le premier coucher de soleil visible sur la mer. Beau, bien qu’une couche nuageuse basse ait empêché de suivre son plongeon sous la ligne d’horizon. Le bateau bouge moins mais il dégage un vague importante par son déplacement.
Les quatre passagers mitraillent le coucher de soleil avec leur appareil, tout comme un membre de l’équipage à partir d’un autre pont.
Comme nous approchons des Tropiques, la nuit tombe vite sur l’océan.
Les températures en ce début de soirée sont agréables 18°9 pour l’air, 19°1 pour la mer mais le vent reste important à 22 nœuds de moyenne soit force 6.
Vendredi 8 mai 2015
A 6 h 15 soleil déjà installé assez haut dans le ciel.
Après le déjeuner rendez-vous à la passerelle pour le premier
lancer de ballon de la journée. Les conditions de vent apparent frôlent la limite de lancement fixée à 40 nœuds maximum. Le lancement s’effectue sans problèmes, le ballon s’élève bien dans le ciel, mais au bout de quelques minutes la sonde cesse d’émettre.
La situation climatique s’est bien améliorée par rapport aux jours précédents avec des températures de la mer et de l’air qui frisent les 20°. Le vent moyen s’affiche à 18 nœuds soit force 5 avec des hauteurs de vagues à 2 m. il souffle du secteur Ouest (281°), le Fort-Ste-Marie tenant un cap à 234° soit Ouest Sud-Ouest, le vent arrive par son travers avant.
Très peu de tangage et un roulis modéré se traduisent par une navigation plus confortable pour l’équipage, les passagers et la cargaison.
Quelques heures plus tôt nous avons rattrapé puis dépassé un autre cargo, le «Maritime King» en route pour un port du Venezuela où il est attendu le 14 mai.
L’opération de changement de l’eau des ballasts a débuté en application de la règlementation internationale. L’eau de mer chargée dans les ballasts en Europe pour équilibrer le navire doit avoir été remplacée par de l’eau de mer puisée après les Açores avant d’arriver aux Antilles.
Le Fort-Ste-Marie a parcouru 1 932 milles marins depuis le départ de Montoir de Bretagne soit plus de 3 578 km, soit maintenant plus de la moitié du trajet.
En début d’après-midi, la mer a revêtu une couleur bleu profond.. que l’hélice découpe en longues trainées blanches. Les températures montent à 20°8 pour la mer et 21°2 pour l’air, mais le vent reste puissant à force 5. Comme il fait grand soleil, direction l’avant du bateau situé à 150 m du château.
Le second-capitaine prépare l’exercice incendie prévu cet après-midi avec l’équipage. Sur le côté tribord des marins nettoient le pont à grande eau. A l’arrivée sur l’avant, plus de bruit ni de vibrations de la machine, par contre le bruit du vent est entêtant et comme il souffle de face, parfois, sous les rafales, la progression s’avère difficile.
Depuis le petit promontoire situé sur l’avant du navire la vue est impressionnante.
Puis au retour, visite du pont arrière où le vent ne se fait plus sentir, mais par contre la machine par le bruit et les vibrations apparaissent bien toute proches.
Séance de photo sur le pont arrière avant le retour à l’intérieur
du château.
Ce soir, vers 19 h 20, pour la seconde fois en deux jours, le soleil consent à se coucher en notre présence, même si comme hier, une couche important de nuages empêche de voir la descente sous la ligne d’horizon.
Ce soir cinquième changement d’horaire en retardant la montre d’une heure à nouveau. Dernier changement d’heure samedi.
Le barbecue de la traversée est prévu demain soir samedi.
Samedi 9 mai 2015
Réveil à 4 h 30, mon horloge biologique peine à suivre les changements d’horaires.
A 5 h 15, il fait grand jour et le soleil semble levé. Impression confirmée en rejoignant le pont, le soleil sans doute levé depuis un moment s’affiche à droite du sillage du navire. Il franchit, peu de temps après, la masse nuageuse accumulée au niveau de l’horizon.
Lorsqu’il termine la traversée de cette barrière, le soleil dessine comme un éventail sur les nuages.
La lune quant à elle est encore visible dans le ciel.
Belle mer dont la température s’affiche ce matin à 22°7, la température de l’air atteint 21°6 à 5 h 40, heure du bateau.
Le vent reste soutenu à 16 nœuds, force 4 provenant du secteur Ouest-Nord-Ouest (292°) de ¾ avant face à la route du Fort-Ste-Marie toujours calée au cap 236° (Ouest-Sud-Ouest).
La navigation reste très confortable sans tangage et presque sans roulis.
En de matinée, séance de bricolage pour la remise en état de marche des chaises longues. On ne rendra jamais assez hommage aux qualités du « couteau Suisse » !
A 16 h 30, très intéressante visite de la Machine commentée par le Chef Mécanicien.
L’entrée dans la Machine est toujours aussi spectaculaire et impressionnante par le bruit, la chaleur, l’immensité où le regard peine à obtenir une vue d’ensemble.
Après une descente de plusieurs escaliers, entrée au PC Machine, là où se surveille et se dirige l’ensemble du dispositif. Havre de fraicheur et de quasi tranquillité, troublée par chaque entrée au PC d’un mécanicien car, le bruit rentre avec lui.
La Machine regroupe plusieurs équipements dont en premier lieu le moteur chargé de la propulsion du navire. Elément le plus imposant et le plus important, il est arrêté lors de chaque escale lorsque le navire est amarré à quai.
D’autres moteurs auxiliaires produisent de l’électricité, de l’eau désalinisée, … Lorsque le moteur est en fonctionnement la chaleur et l’énergie non utilisée pour la propulsion du navire sont récupérées pour faire fonctionner d’autres dispositifs.
En quelques chiffres et plusieurs photos :
Puissance du moteur 33 000 chevaux, 8 cylindres.
Le moteur, pour fonctionner, a besoin d’air comprimé, de différentes huiles et il peut utiliser des combustibles différents notamment pour respecter les règles internationales ou locales concernant la teneur en soufre.
Suivant la vitesse du navire la consommation du moteur est différente : 90 tonnes par jour à 20 nœuds mais seulement 60 tonnes à 15 nœuds.
Le PC machine dispose du même Chadburn que la passerelle mais à côté il bénéficie d’un second (bleu) plus élaboré.
Ce soir, grand moment de gastronomie décontractée et convivialité : le barbecue où
tous (Officiers, marins, passagers) sont présents … à l’exception de l’équipe de quart qui se charge de faire avancer le bateau.
Dimanche 10 mai 2015
A 4 h 45, il fait presque jour. Ayant récupéré les 6 heures de décalage horaire, nous sommes peut être maintenant en avance sur le fuseau horaire !

Inauguration de la piscine. Un peu fraiche à l’entrée, l’eau de mer puisée dans l’Atlantique se révèle très agréable par la suite. Le soleil n’est pas encore levé. Le bateau ne roule quasiment pas mais dans la piscine on ressent bien les vibrations de la machine.
Le soleil est bien établi dans le ciel, les températures sont agréables, le ciel est magnifique. Comme hier la lune reste encore bien accrochée dans le ciel bien que le soleil soit déjà haut.
A la passerelle l’équipe de quart est à son poste et le timonier est en train d’achever le ménage en passant la serpillère sur le sol.
Passage au salon passager pour un bon café bien fort et bien chaud.
Après déjeuner, longs séjours sur les différents ponts, le pont E où se trouvent les cabines passagers mais aussi à la passerelle et sur son aileron.
Les températures deviennent tropicales (25°7 pour l’air et 26°4 pour la mer) mais le souffle très présent de l’alizé rend tout cela très agréable.
Nous avons parcouru 2 901 milles et nous devrions arriver demain à Pointe-à-Pitre aux alentours de midi.
En début d’après-midi, sur notre bâbord, nous rattrapons et dépassons, «Maria Bulders», un vraquier rouge de la compagnie Lauritzen Bulders.
Plus tard nous croisons « Kogo« , un grand yacht, long de 71 m qui se dirige vers la Horta, dans l’archipel des Açores. Toutes ces informations nous sont fournies par le radar.
Ce soir temps très couvert, le soleil s’est couché sans témoins. Par contre la planète Vénus est bien visible.
Lancer de ballon peu avant 19 h (23 h UTC). Comme le vent est très faible le ballon s’est envolé tout droit. Dans le noir, hélas, car la nuit est bien tombée.
Lundi 11 mai 2015
Temps gris et une mer forte gâchent notre arrivée en Guadeloupe ! Avec une visibilité quasiment nulle nous passons à proximité de la Désirade, puis de Petite-Terre et enfin de Marie-Galante sans presque les distinguer dans cette brume opaque.
Lorsque la vedette du port de Pointe-à-Pitre vient accompagner le pilote jusqu’au Fort-Ste-Marie, l’état de la mer rend difficile sa progression.
L’accès au port donne lieu à un inhabituel slalom, car des travaux de dragage pour approfondir le chenal à plus de 16 m contre 11,50 m éloignent les navires de leurs itinéraires habituels.
Durant toute la navigation dans la rade Pointe-à-Pitre les sargasses (algues marines dérivantes constituant de grandes tâches marron) sont très présentes comme elles l’étaient depuis le passage des Açores.
La manœuvre de rentrée au port et de mise à quai est impeccable… comme d’habitude.
Le Fort-Ste-Marie à quai à 14 h, heure locale, nous (le passager franco suisse demeurant aussi à Marie-Galante et moi) quittons le navire et peu après 15 h le taxi nous dépose à la gare maritime de Bergevin pour embarquer sur le «Gold Express » en direction de Marie-Galante.
En mettant le cap sur Marie Galante, nous passons près du Fort-Ste-Marie où les opérations de déchargement des conteneurs va bon train.
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8 – Petite escale à Marie-Galante …
Voyage un peu secoué sur le « Gold Express » une des navettes rapides pouvant dépasser les 30 nœuds (55 km/h) de vitesse.
Pendant la durée du séjour sur l’ile, le temps sera un peu bizarre : très chaud avec un vent fort établi à l’Est, grains violents passagers, brume de sable selon Météo France Guadeloupe…
Une partie de l’ile, la région de Capesterre-de-Marie-Galante où je réside, est touchée par une catastrophe écologique (et économique pour le tourisme de la côte au vent) provoquée par l’afflux (depuis plus d’un an) et l’échouage sur les plages d’une immense quantité de sargasses. Par endroits l’odeur dégagée est pestilentielle et ces algues présentent des dangers pour la santé (peau, système respiratoire, …). Un début de solution commence à se mettre en œuvre avec l’intervention de pelleteuses ramassant les algues.
Le paysage sinistré de plusieurs plages fait penser aux plages du Finistère-Nord souillées par le pétrole de l’Amoco-Cadiz en 1978.
L’activité principale à Marie-Galante reste l’agriculture et particulièrement la culture de la canne à sucre. La topographie assez tourmentée de l’ile interdit le recours massif à la mécanisation, pratique généralisée en agriculture. La coupe de la canne continue à s’effectuer en grande partie manuellement.
Autre activité l’élevage de chèvres mais surtout de vaches à la couleur particulière… qui apprécient de déguster de la canne à sucre fraiche
Sur l’ile, de très nombreux « Arbres du Voyageur » dont celui du jardin du franco-suisse-marie-galantais!
La tradition de l’ile aux 100 moulins, ses cocotiers et aussi la modernité illustrée par la présence de nombreux champs d’éoliennes installées sur les hauteurs là ou jadis étaient implantés les moulins à vent.
La semaine prochaine débute la 15ème édition du festival « Terre de Blues » qui verra la population de l’ile doubler. Plus de 15 000 personnes sont attendues pour l’évènement, les rotations de navires transportant les festivaliers sont multipliées… y compris pour des retours en Guadeloupe la nuit car tous les hébergements de l’ile sont complets. La population de Marie-Galante se situe aux alentours de 12 000 habitants. Parmi les têtes d’affiche : Jimmy Clift, Seun Kuti,…
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9 – Retour à bord du Fort-Sainte-Marie
Départ du port de Grand Bourg de Marie-Galante à 6 h du matin. Le soleil peine à percer la brume.
Les cheminées de l’usine de Grande-Anse, la dernière sucrerie en activité sur l’ile, produisent une abondante fumée visible depuis la mer. La saison sucrière bat son plein et elle va se poursuivre jusqu’à la fin juin. La sucrerie est un des principaux employeurs de l’ile avec une soixantaine de permanents et plus de 110 saisonniers (6 mois par an). Elle produit en moyenne plus de 10 000 tonnes de sucre par année.
Après une traversée tranquille, à l’approche de Pointe-à-Pitre, l’Express-Gold croise la route du Fort-Ste-Marie qui se présente à l’entrée du port. Le porte-conteneurs réalise un slalom rendu obligatoire par les travaux de dragage en cours. Occasion unique de photographier et de filmer le Fort-Ste-Marie en mer. Ci-dessous le navire en navigation en pleine mer et une courte vidéo à visionner.
Depuis le port de Bergevin à Pointe-à-Pitre le taxi me conduit jusqu’au port des conteneurs à Jarry (commune de Baie-Mahault). Le Fort-Ste-Marie vient tout juste de s’amarrer et la passerelle est en cours d’installation.
Deux passagers sont déjà à bord : l’accompagnateur traditionnel de chevaux qui va s’occuper de 4 chevaux de loisirs pendant leur traversée jusqu’à Rouen et une voyageuse en cargo qui a effectué, il y a deux semaines, la traversée aller sur le Fort-St-Georges.
L’activité de dragage du port ne ralentit pas avec le ballet incessant des dragueurs. Le porte-conteneurs amarré près du Fort-Ste-Marie appareille en fin d’après-midi Un petit remorqueur rouge l’aide dans sa manœuvre.
Après que les panneaux des cales près de la grue aient été reposés à la fin des opérations de déchargement et chargement, installation de l’écurie et du container à foin. Ces containers ne resteront pas isolés très longtemps !
Pendant ce temps les marins non concernés par les opérations de chargement rafraichissent le bleu de la coque à l’aide de rouleaux placés au bout de longs manches.
Nouveauté à Pointe-à-Pitre, près de l’entrée de la darse, le nouveau bâtiment inauguré par le Président de la République la semaine dernière: le Mémorial ACTe …. Structure moderne argent sur fond noir dont le musée sera ouvert au public en juillet.
Départ prévu vers 23 h 30, départ auquel je n’assiste pas.
Présents à bord 35 personnes (30 membres de l’équipage et 5 passagers) et 4 chevaux.
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10 – du Créole au Ch’timi : de Guadeloupe à Dunkerque
A Marie-Galante, comme sur le Continent (désignation de la Guadeloupe pour les Marie-Galantais) la langue courante est le Créole. C’est aussi la langue couramment utilisée sur les médias radio et télévision dont Guadeloupe Première.
Au bout de cette traversée, la prochaine escale sera Dunkerque, dans le Département du Nord, où une des langues parlée couramment est le Cht’imi.
Ce voyage constituera aussi une forme de trait d’union entre le Créole et le Cht’imi !
Dimanche 17 mai 2015
5 h 30 , il fait jour et le soleil est déjà levé.
A 6 h 30 le Fort-Ste-Marie, qui a débuté hier soir son 154ème voyage, a parcouru 120 milles marins depuis le départ de Pointe-à-Pitre. Il est plus chargé qu’au départ de Fort-de-France car le tirant d’eau à l’arrière s’affiche à 9,45m contre 9,20m au départ de Martinique.
En quittant le port de Montoir-de-Bretagne, le tirant d’eau du navire atteignait 10,60m. Confirmation concrète que le commerce maritime vers les Antilles Françaises se traduit par un tonnage de marchandises plus important provenant de la métropole que celui concernant les « exportations » vers l’Europe.
Selon les chiffres officiels du Ministère des Transports pour l’année 2013, 4,720 millions de tonnes de marchandises avaient été débarquées en Guadeloupe et en Martinique contre 1,783 millions de tonnes de marchandises embarquées.
Dont une grande part concerne les bananes. Pour ce voyage, ont été chargés à Fort-de-France et à Pointe-à-Pitre 310 containers remplis à ras-bord pour un poids d’environ 7 000 tonnes.
Selon le groupement des producteurs de bananes de Guadeloupe et Martinique il s’agit de la première culture agricole aux Antilles où un actif sur 20 travaille pour la filière.
Les données officielles du Ministère de l’Agriculture indiquent pour l’année 2009 une production pour La Guadeloupe de 59 3000 tonnes de bananes, tandis que la production de la Martinique s’élevait à 189 500 tonnes. La banane représente en valeur moyenne 20 % de la production agricole de la Guadeloupe et 54 % de celle de la Martinique.
A bord, les températures sont très agréables (26°3 pour l’air et 27°6 pour la mer), le « vent moyen » souffle à 20 nœuds soit force 5, la vitesse moyenne du navire dépasse les 20 nœuds et la navigation est agréable avec très peu de roulis et pas de tangage.
La route choisie par le commandant passe par le Nord de l’archipel des Açores, au-dessus des iles de Florès et de Corvo, avant de prendre la direction de Dunkerque par le chemin le plus court.
A 16 h 30, instruction sécurité pour les passagers organisée par le second-capitaine avec le concours du Lieutenant Sécurité Philippin… qui est toujours le démonstrateur pour revêtir la combinaison de survie. Par rapport au premier essayage, lors du départ du Havre, il s’est montré nettement plus rapide.
Quelques informations sur le voyage :
Vers 17 h, nous croisons le Fort-St-Pierre à moins d’une journée de mer de la Guadeloupe. Croiser est un euphémisme car en fait nous ne l’apercevons que sur l’écran radar où il est signalé à environ 40 milles du Fort-Ste-Marie (soit plus de 70 km). C’est un navire sur lequel j’ai voyagé trois fois entre l’Europe et les Caraïbes.
Au retour le Fort-Ste-Marie transporte 341 conteneurs réfrigérés accueillant chacun environ 22 tonnes de bananes soit un poids de 7 000 tonnes environ.
L’équipage comprend 30 personnes dont 10 Français et 20 Philippins.
Une bordée supplémentaire est présente pendant 4 mois pour effectuer des travaux d’entretien et de peinture, explication des marins effectuant des travaux de peinture sur la coque depuis le quai à Pointe-à-Pitre.
Si le temps de présence moyen à bord pour les Français se situe aux environs de 2 mois (2 voyages aller et retour) suivis de 2 mois de congés passés à terre, il atteint, chez les Philippins, 6 mois pour les officiers et 9 mois (voire plus) pour les marins. De plus leurs contrats sont des CDD (Contrat à Durée Déterminée) et à l’issue de leur temps à bord ils ne sont plus payés. Leur embarquement suivant, après un temps de repos variable, donnera lieu à la signature d’un nouveau CDD. La gestion de leurs contrats (embarquements, navires, durées est gérée par la CMA-CGM en liaison avec des agences de recrutement des Philippines. Celles-ci, très nombreuses du fait du grand nombre de marins dans ce pays (environ un quart de l’ensemble dans le monde), sont contrôlées par un organisme public des Philippines.
Ce soir premier changement d’heure en avançant la montre d’une heure pour la première de nos six journées à 23 heures.
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Lundi 18 mai 2015
Réveil après la première nuit raccourcie d’une heure vers 5 h 45, le jour pointe mais le soleil n’est pas encore levé. Direction la piscine pour un second bain, après celui d’hier après 18 heures. Eau fraiche à l’entrée puis très agréable… et toujours aussi salée. Puis petit déjeuner à 7 heures.
Temps très agréable avec une température de l’air à 25°8 et celle de la mer à 26°2.
Le Fort-Ste-Marie navigue à la vitesse de 21 nœuds, cap au Nord-Est. Le vent à force 4 vient du Sud et pousse le navire sur son arrière. La mer est peu formée à moins d’un mètre de creux.
A la passerelle, inondée de lumière et où les stores sont baissés, c’est l’heure du changement de quart. Le lieutenant assurant la tranche de 4 h à 8 heures laisse la place à celui qui va assurer la veille et surveiller la marche du navire de 8 h à midi. C’est aussi celui-ci qui va éditer la feuille récapitulant le menu des deux repas et les informations du jour pour l’équipage et les passagers : changements d’heure, exercices pour l’équipage, informations diverses,…
A 8 h 40, heure du bateau, nous traversons le Tropique du Cancer à 23°27 de latitude Nord. C’est aussi la latitude de la ville de la Havane. Curieusement les tropiques ne sont pas dessinés sur les cartes marines !
A cette même heure, nous avions parcouru 632 milles marins (1 170 km) depuis le départ de Guadeloupe.
Visite de l’écurie (provisoire) du Fort-Ste-Marie
L’accompagnateur des chevaux et le propriétaire de l’un des chevaux et présent à bord, comme chaque jour, sont allés servir une petite collation aux chevaux vers 11h15.
Pour accéder à «l’écurie navigante», grande balade à l’intérieur du navire: descente de tous les étages du château, puis d’un niveau supplémentaire pour atteindre le pont, juste au-dessus de la mer, puis emprunter un passage situé entre le bord du navire et les cales sous la première rangée de containers. Enfin escalader une échelle conduisant à l’accès aux chevaux logés près de la grue dans un container jaune aménagé en écurie séparée en deux box.
Au menu de nos amis à quatre pattes des pommes puis des carottes. De préférence dans cet ordre car les chevaux préfèrent les carottes… qu’il faut leur proposer en dernier. L’un d’entre eux, Radva, couché à notre arrivée se lève dès que l’odeur des pommes s’est faite sentir.
Ce repas est aussi le moment idéal pour évaluer l’état de forme des chevaux, vérifier si tous ont bien été couchés à un moment, renouveler les provisions d’eau fraiche, l’état des litières, …
La réserve de nourriture et de litière est stockée dans un autre container à l’immédiate proximité du container écurie.
Présentation des chevaux :
Une jument grise dénommée Unebeauté et son compagnon de box Tidam occupent le premier box. Dans le second cohabitent Radva le cheval espagnol qui voyage avec son propriétaire et une grande ponette portant le nom de Peggye mais est aussi appelée Papaye.
Aujourd’hui une modification apparait dans le changement d’horaire qui s’effectue à 16 h qui devient 17 h. Ainsi l’heure perdue n’affectera pas les heures de sommeil.
Ce soir pot offert par le commandant aux passagers. Atmosphère très sympathique et très conviviale comme d’habitude. Les officiers de la Machine sont arrivés un peu plus tard car il leur fallait achever de résoudre un problème.
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Mardi 19 mai 2015
A 6 h, jour à peine levé, temps clair et assez lumineux, mer d’un beau bleu et le soleil n’est pas encore levé. Les effets de nos deux journées précédentes écourtées à 23 heures chacune commencent à se faire sentir. Direction la piscine.
Après déjeuner, cap sur la passerelle où la relève entre les quarts (4 h à 8 h et 8 h à 12 h) est en train de s’effectuer. Le ciel maintenant très gris où le soleil n’a pas réussi à s’imposer face aux nuages. Plus tard, au moment du premier lancer de ballon de la journée, un fin crachin va s’installer.
Les températures de l’air à 22°7 et de la mer à 23°5 demeurent très agréables. Le vent bien qu’à force 5 (19 nœuds soit 35 km/h) mais soufflant dans le travers arrière tribord ne provoque aucun des inconforts qu’entraîne roulis ou tangage. Le navire ne bouge quasiment pas.
Selon les prévisions météo, réactualisées toutes les 12 heures, projetées sur la route que va emprunter le Fort-Ste-Marie, la situation devrait rester agréable jusqu’à Dunkerque.
Ce matin le Fort-Ste-Marie avait parcouru 1 093 milles marins soit un peu plus de 2 000 km. Restent plus de 4 700 km avant d’atteindre Dunkerque.
Vers 9 h, heure du bateau, lancement du ballon sonde météo sous le crachin. Envol réussi mais très vite le ballon s’éloigne du navire et prend de l’altitude dans un ciel très gris. Pendant son ascension, la pression atmosphérique diminuant, la taille du ballon s’agrandit.
La sonde qui y est accrochée, transmet en permanence, à la station météo du navire mais aussi à Météo-France à Toulouse, toutes les informations captées pendant l’ascension concernant son altitude, l’heure du relevé, la température, la pression atmosphérique, la direction et la vitesse du vent. Ces données s’affichent en continu sur l’écran d’un ordinateur situé à la passerelle.
Résumé des observations :
Au moment du décollage, la température au sol affiche près de 23 degrés, au bout de 3 000 mètres d’ascension la température a chuté à à 3 degrés. A 3 600 mètres, la température passe sous le zéro degré. A l’altitude du sommet du Mont-Blanc il fait moins 8 degrés et moins 14 degrés à celle du Kilimandjaro. A la même altitude que le sommet de l’Everest la température relevée s’affiche à moins 27 degrés, à 10 500 m, altitude moyenne où circulent les vols transatlantiques, moins 48 degrés et enfin moins 68 degrés à 13 550 mètres. Par contre à l’altitude de 14 200 mètres atteints en 40 minutes, chute de la température à moins 62 degrés et pour la suite de l’ascension la sonde n’a plus affiché de températures cohérentes mais seulement des pressions atmosphériques, des directions et vitesses du vent.
Tous les jours de la semaine, deux navires de cette ligne naviguent sur l’Atlantique et transmettent, plusieurs fois par jour, des informations à Météo France. Informations qui viennent compléter et affiner celles recueillies par les satellites.
Ce rôle était jadis dévolu aux frégates météo de la Marine Nationale dont le dernier navire, le «France 1» a été retiré du service en 1985 pour devenir un navire musée à la Rochelle–la Palice son port d’attache. Le premier navire de ce type (un cargo) avait été mis en service par la France en 1938 pour aider à l’observation météo au profit de la navigation aérienne en Atlantique. Elle se développera de manière considérable pendant la seconde guerre mondiale.
Après 1985, des ingénieurs de Météo-France étaient embarqués à bord des navires de la ligne des Antilles et c’est plus tard que les équipages des navires CMA-CGM ont repris en charge ces tâches météo.
Aujourd’hui, à nouveau, le changement d’heure s’effectue à 16 h où nous passons directement à 17 H.
Cette méthode a été choisie car il n’y a pas au cours de cette traversée trop de travail à bord et ceci permet à l’équipage de ne pas rogner sur son temps de sommeil.
Le temps gris et humide s’est prolongé toute la journée avec des températures agréables. De temps en temps, aperçu entre la muraille des containers et le pont supérieur, le soleil tente, en vain, de percer la couche de nuages. La couleur de la mer d’un bleu profond contraste avec celle du ciel gris.
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Mercredi 20 mai 2015
Effet des trois premières heures rattrapées sur le décalage horaire ? Réveil tardif (par rapport aux jours précédents). Il fait grand jour et à 7 h 15, le soleil est levé depuis longtemps.
Après le petit déjeuner, visite à la passerelle.
Temps très agréable avec la température de l’air à 20°7, celle de la mer continue aussi à descendre à 20°8. Le vent toujours établi au secteur Sud, à force 5, nous pousse dans le dos. La mer, avec des creux de 2 mètres, reste calme car le Fort-Ste-Marie ne bouge presque pas. Pour le voilier Léo aperçu à notre proximité hier soir le confort ne semblait pas se situer au même niveau !
Le navire progresse à près de 22 nœuds cap au 50 (Nord-Est) «avalant» 2 932 km depuis la Guadeloupe. Environ 3 900 kilomètres nous séparent encore de Dunkerque. Nous approchons de l’archipel des Açores que nous devrions laisser par le Nord des iles de Florès et de Corvo demain.
Ce matin, une première pour moi, la découverte du souffle d’une baleine. Grâce à la vigilance de notre co-passagère, qui, la première, a aperçu le phénomène ensuite répété à trois reprises. Cela méritait que la position et l’heure de l’évènement soient relevées : 34°50 N – 40°27 W vers 9 h 08, heure du bateau.
Comme nous avançons chaque jour notre montre d’une heure, aujourd’hui le premier lancer de ballon météo a lieu peu avant 10 heures. Comme hier sur le côté bâbord, plus à l’abri du vent, le «Reeferman» prépare l’opération. En Français terrien, le «Reeferman» est un marin dont le travail consiste à s’occuper des installations électriques alimentant les containers réfrigérés (Reefers).
A la passerelle, préparation du lacement à proximité de l’ordinateur de la station météo, mise ee service du boitier contenant les capteurs et le module de transmission, préparation du ballon…
Sur le pont préparation du berceau (grand cercle métallique siglé Météo-France) où sera gonflé le ballon avec de l’hélium dont les bouteilles sont installés deux ponts plus bas, à proximité de la piscine.
Le ballon gonfle très rapidement et il ne reste contenu dans le berceau que grâce à la bâche solidement fixée sur sa partie supérieure.
Le « Reeferman » accroche le boitier et en soulevant la bâche tient d’une main le boitier et de l’autre le ballon avant de lâcher l’ensemble qui s’envole très vite dans le ciel gris. Le temps de rentrer à l’intérieur de la passerelle, le ballon a dépassé l’altitude de 500 m.
Les températures baissent très vite: lancé avec 20°6 au sol, la température de l’air n’atteint plus que 16°4 à 1 000 m d’altitude, puis 13°4 à 1 500 m, 9° à 2 000 m, 6°3 à 2 500 m, 3°2 à 3 000 m, 0°7 à 3 500 m avant de devenir négatives. A 4 500 m d’altitude moins 6 degrés, moins 9 degrés à 5 000 mètres, moins 14 degrés à 6 000 mètres. Le niveau le plus bas sera atteint à moins 68 degrés vers les 13 500 mètres d’altitude. Suivant les conditions météo et l’ensoleillement la vitesse d’ascension peut être différente entre 5 et 6 mètres par seconde.
Le reste de la matinée s’est passée à observer le trafic maritime sur les instruments du bord et en visualisation directe ou à la jumelle quand cela était possible… tout en tentant de repérer de nouveaux souffles de baleine ou la présence de dauphins. Vers 20 h, un des passagers présent à la passerelle aura la chance d’apercevoir une baleine en surface pas très loin de la route du navire.
Nous sommes voisins proches du STI YORKVILLE, pétrolier de 183m voguant en direction de Cristobal où il est attendu le 28 mai à 10 h UTC, mais aussi du LAUREL, yacht de 73 m en direction de Gibraltar et autre voisin plus éloigné (87 milles) le SERVET ANA.
En cours d’après-midi, le KSL SAPPORO naviguait à 15 milles de nous, le SCHWEIZ REFF à 29 milles et le FAIRCHEM FRIE à 36 milles. Ces informations sont apportées par le système A.I.S. qui permet aux radars de repérer et d’identifier tous les navires à leur proximité, d’indiquer leur cap, leur destination, leur vitesse de croisière, …
Dans l’après-midi les conditions de températures et de couleur du ciel n’évoluent que très peu.
Aujourd’hui nouveau changement d’heure à 16 h qui devient 17 h. Ainsi toute la journée de demain jeudi 21 mai nous serons sur l’heure de Temps Universel (GMT) et nous aurons toujours deux heures de retard sur l’heure de la métropole.
Le changement est provoqué depuis l’horloge de la passerelle par l’officier de quart qui lance l’opération une minute avant l’heure choisie. Un mécanisme fait avancer les heures de l’horloge du navire à la même vitesse que l’aiguille des secondes de l’horloge maitresse qui affiche l’heure en temps universel. Ainsi en une minute les deux horloges sont synchrones et aujourd’hui il est 17 heures à la fois, en heure locale du bateau et en heure Temps universel.
Cette nouvelle heure s’affiche instantanément sur toutes les horloges du Fort-Ste-Marie.
Et comme tous les jours, beaucoup de temps passé à la passerelle ou sur le pont autour de la piscine, à regarder la mer qui change tout le temps.
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Jeudi 21 mai 2015
A 7 h 30, nouvelle heure du navire, il fait grand jour et superbe luminosité du ciel. Le Fort-Ste-Marie, parfaitement stable, roulis et tangage inexistants, contourne actuellement l’archipel des Açores par le Nord de Florès et Corvo.
Ce matin à 8 h 24 UTC et heure du bateau, 2 059 milles (3 813 km) nous séparent de la Guadeloupe et le port de Dunkerque reste distant de 3 000 km. Nous devrions y être à quai lundi 25 mai 2015 dans la matinée.
Depuis Pointe-à-Pitre, la température de l’air a chuté de près de 8 degrés et à la place des bermudas, chemisettes,… les vêtements plus chauds sont de sortie.
Aujourd’hui le lancer de ballon s’est effectué dans des conditions de luminosité très satisfaisante. Ce qui a permis d’en filmer le départ et le début de l’ascension. Mais très vite ce gros ballon blanc se perd de vue au milieu des nuages blancs.
Ce matin personne n’a aperçu de baleine, par contre pratiquement tous, moi y compris, nous avons vu des dauphins patrouillant en groupe presque à la surface de la mer.
Dans l’après-midi, de nombreux dauphins circulent autour du navire, le plus souvent, arrivant en groupe face à la proue, ils passent, à grande vitesse, soit à gauche soit à droite, dans leur attitude si caractéristique ponctuant leur avancée de bonds successifs hors de la mer.
En soirée, alors que, sur l’aileron de la passerelle, nous sommes trois passagers en attente du coucher du soleil prévu à 22 h 17, heure actualisée du bateau, festival des baleines, se déplaçant deux par deux. Souffles fréquents et quasi simultanés des deux cétacés, et à plusieurs reprises leur dos apparaît furtivement à la surface. Ceci à une distance assez proche du bateau.
Hélas, il n’a pas été possible de photographier ces instants car les apparitions (souffles, dos des baleines, dauphins) si elles sont parfaitement visibles à l’œil nu, elles sont aussi toujours rapides, inattendues et éloignées du navire.
Comme les jours précédents à 16 heures, toutes les horloges du bord vont afficher 17 heures.
Coucher de soleil après 22 h, heure du bateau. Très belle luminosité avec, à l’opposé, vers l’Est, à l’horizon une étonnante bande d’un bleu très clair séparant le ciel de la mer.
Côté Ouest de superbes couleurs, dommage qu’une assez large bande nuageuse noire masque la descente finale du soleil sous la ligne d’horizon.
A 22 h 30, heure du navire, la nuit n’est pas encore entièrement tombée.
Au total journée magnifique, une des belles parmi celles que j’ai pu passer en mer.
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Vendredi 22 mai 2015
A 7 h 30, heure du navire, le temps est moins clair que lors de la matinée d’hier avec un brouillard que le soleil peine à percer.
Ciel plus nuageux, se découvrant progressivement dans la matinée. Le vent a changé de direction soufflant maintenant de plein Ouest au lieu du Sud les jours précédents. Mesuré en moyenne à 3 nœuds (force 1) cela se traduit par une mer encore plus calme, presque plate.
Néanmoins les températures continuent à baisser à 16°7 pour l’air et à 17°5 pour la mer.
Le Fort-Ste-Marie est maintenant, en plein Atlantique, à la latitude de Marseille, et il a parcouru 4 643 km depuis Pointe-à-Pitre et, 2 209 km nous séparent encore de Dunkerque. Tout ceci demeure très abstrait car autour de nous, en plein océan, les notions de distances et le temps (très présentes sur la terre ferme notamment au milieu de l’agitation des grandes villes) ont ici perdu beaucoup de leur contenu.
Visite de la machine commentée par le Chef Mécanicien ce matin. Trois passagers y ont participé et sont revenus enchantés du contenu de la visite, impressionnés par la salle des machines, sa taille, la chaleur et le bruit qui y règnent. Comme j’ai déjà effectuée cette très intéressante visite lors du voyage aller je n’y pas participé.
Temps couvert et faible visibilité l’après-midi.
Le vent reste très faible, quant à l’état de la mer il est tout à fait exceptionnel en Atlantique Nord sous ces latitudes : on ne peut la qualifier que de «mer d’huile» !
Dernier changement d’heures cet après-midi et nous serons enfin revenus à l’heure de la France Métropolitaine après avoir perdu 6 heures depuis la Guadeloupe. Dès demain nous vivrons à nouveau des journées de 24 heures.
En fin d’après-midi, un importante période de brouillard. La veille est assurée à la passerelle par l’officier de quart et le timonier effectuant tous deux de fréquentes observations de la mer à la jumelle.
Le timonier m’indique une baleine, presque en surface, vers l’avant gauche du bateau, mais elle s’éloigne très vite et comme le bateau file à 20 nœuds … pas le temps de réussir une photo.
La zone des Açores est très fréquentée par les baleines en cette période de l’année. Car cet archipel constitue actuellement l´un des plus grands sanctuaires de baleines au monde. Entre les espèces résidentes et migratrices, communes ou rares, il est possible d’observer ici 24 différents genres de cétacés.
Un peu plus tard, un oiseau vole juste au-dessus de la surface de l’eau. La mer est tellement plate qu’il s’y reflète.
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Samedi 23 mai 2015
A 8 h du matin, temps couvert, mer calme mais un peu moins plate qu’hier. Beaucoup d’humidité, les températures continuent leur descente à 13°9 pour la mer et 13°5 pour l’air. Le vent qui reste faible (force 1) est maintenant établi pratiquement au Nord, ce qui ne contrarie pas la marche du Fort-Ste-Marie qui avance, toujours à 20 nœuds de moyenne, au cap 62 (Est-Nord-Est). Le navire se situe sur une position proche en latitude Nord de celle de Montoir-de-Bretagne, mais toujours très à l’Ouest en plein océan Atlantique.
Ayant parcouru près de 5 500 km, 1 400 km restent à accomplir pour rallier Dunkerque.
Deux marins sont présents à la veille à la passerelle : le Lieutenant de quart et le Timonier et comme le brouillard bien installé est maintenant très épais, la corne de brume émet son long son plaintif toutes les deux minutes.
Par moments, le soleil tente une timide percée au cœur du brouillard, mais la visibilité demeure très réduite, à peine la longueur d’un container de 40 pieds !
Sur l’aileron de la passerelle l’humidité règne, aussi les passagers restent volontiers, bien au sec, à l’intérieur de la passerelle sauf pour une courte séquence permettant d’enregistrer le son de la corne de brume…
Mais après le brouillard et le Grand Gris du matin, revient, en milieu d’après-midi, le Grand Bleu. Grand Bleu sur la mer, Grand Bleu dans le ciel, superbe luminosité mais de la fraicheur car si le vent reste faible, il nous apporte le frais du Nord et les températures s’en ressentent avec à peine 14 degrés vers 15 h30.
Sur l’horizon se détachant bien sur le bleu de la mer et du ciel, une coque foncée surmontée de quatre grues et d’un château blanc. Le système AIS affiche son identité, sa destination, la distance qui nous sépare: à 12 Milles marins (22 km) le Stamina, cargo de 171 m vogue vers COA au Mexique où il est attendu le 12 juin 2015 à 12 h UTC.
En fin de journée, deux passagers ont réussi à photographier des dauphins juste vers l’avant du navire.
Ce soir plus de changement d’heure !
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Dimanche 24 mai 2015
Cette nuit a été ponctuée, à plusieurs et longues reprises, par le son de la corne de brume. Ce matin le brouillard règne en maître sur la Manche où le Fort-Ste-Marie est entré depuis quelques heures. Le soleil essaie timidement de s’immiscer… mais sans beaucoup de réussite. La visibilité est mauvaise, voire très mauvaise et la corne de brume ponctue notre navigation.
Il fait frais avec une température de l’air à 10,9 degrés, avec la sensation de froid accentuée par l’humidité. Le vent reste faible à 6 nœuds (force 1) soufflant de l’Ouest favorisant la marche confortable du navire qui file à plus de 19 nœuds (35 km/h) cap à l’Est. Nous sommes maintenant à environ 500 kilomètres de l’arrivée à Dunkerque après déjà parcouru 6 300 km en 7 jours où nous avons perdu 15 degrés de température.
Autour de nous, de très nombreux bateaux dont le nom et la distance qui nous sépare est visible sur l’écran AIS. Le Système d’identification automatique (SIA) ou Automatic Identification System (AIS) en anglais, est un système d’échanges automatisés de messages entre navires par radio VHF qui permet aux navires et aux systèmes de surveillance de trafic (CROSS en France) de connaître l’identité, le statut, la position et la route des navires se situant dans la zone de navigation.
Deux d’entre eux au moins possèdent un nom sympathique : à 7 milles Kelou Mad (Bonnes Nouvelles en breton) et Whiskey Trio … qu’il est inutile de traduire !
En fin d’après-midi et en fin de journée, le temps s’est éclairci et de nombreux navires naviguent dans le « rail montant ». La plupart moins rapides que le Fort-Ste-Marie, aussi nous avons rattrapé puis dépassé Jupiter Leader, puis Hornisse, puis BBS Surf….
Le rendez-vous avec le pilote est fixé à 4 heures du matin et l’arrivée à quai vers 6 h.
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11 – Escale à Dunkerque
Lundi 25 mai 2015
Le bateau ne vibre plus et n’avance plus, il est 7 heures ce matin dans le port des Flandres, assez loin de la ville de Dunkerque, où le Fort-Ste-Marie est amarré depuis maintenant une heure. Vers l’avant du bateau, la verdure de quelques champs, une petite forêt… et même une petite plage de sable blanc!
Nous sommes arrivés au terme de la traversée océanique après avoir parcouru 3 726 milles marins (un peu moins de 7 000 km) depuis le départ de Guadeloupe.
Temps gris à découvert, les températures sont plus élevées qu’hier sur la Manche. Mais assez rapidement ce soleil qui nous a fait tant défaut tous ces derniers jours sur l’océan Atlantique est ici bien présent dans le Nord. Il ne nous quittera pas (sauf la nuit) durant toute notre escale Dunkerquoise !
Les portiques commencent rapidement à décharger le navire, les containers d’abord, les panneaux de cale ensuite. Une fois ceux-ci enlevés les grutiers ont accès aux conteneurs stockés dans la cale, notamment les frigorifiques.
Au cours du déchargement des surprises se font jour, comme celle de la présence de deux camions vers l’avant du navire qui soudain apparaissent lorsque les conteneurs situés devant eux ont été enlevés par les portiques.
Mardi matin de nombreuses cales sont vides et le ballet des portiques reprend sans le sens du chargement du navire.
Parfois un container étant mal posé, le grutier pose à terre l’imposant système qui accroche les « boites » pour laisser monter un docker et le déposer délicatement sur le container incriminé pour débloquer un verrouillage récalcitrant. Quand l’opération est terminée, opération inverse pour récupérer le docker.
Ce soir appareillage de Dunkerque pour rejoindre le port de Rouen.
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12 – Retour à Rouen en remontant la Seine
Mardi 26 mai 2015
A 17 h, le Fort-Ste-Marie appareille et quitte le port des Flandres, à Dunkerque, accompagné d’un beau soleil et d’une température quelque peu fraiche… qui justifie, bien que nous soyons à la fin du mois de mai, de faire appel au ciré et à la casquette de marin.
Magnifique ciel bleu où flotte un pavillon rouge et blanc qui indique que le pilote se trouve à bord.
Pendant notre manœuvre de départ, un ferry de la compagnie DFDS, venant d’Angleterre, rentre au port et rejoint le terminal de Dunkerque sans que cela ne perturbe les pêcheurs à ligne installés sur le môle.
Dix minutes plus tard, le port est déjà loin. Sitôt au large, nous croisons ou dépassons de très nombreux navires, mais aussi des oiseaux de mer, d’autres pêcheurs à la ligne à l’arrière d’un remorqueur,… au large de Calais qui s’estompe dans la brume.
Une heure environ après l’appareillage, le pilote va quitter le navire de manière originale. Il va s’envoler à bord de l’hélicoptère de la station de pilotage de Dunkerque, avant d’aller tout aussi prestement servir un autre navire. Tout en décollant du pont du Fort-Ste-Marie il n’oublie pas le traditionnel salut des pilotes au navire (et à son équipage) qu’il vient de quitter.
Pour clore en beauté cette superbe sortie de Dunkerque, le soleil nous a gratifié d’un superbe coucher sur la côte Anglaise… avec plein de bateaux sur l’eau, des très gros comme CMA-CGM Alexander-Von-Humboldt (que nous retrouverons au Havre), des plus petits, et des encore plus petits comme de nombreux bateaux de pêche dont la présence s’explique par la proximité de la côte.
Spectacle magnifique à apprécier aussi depuis l’intérieur de la passerelle.
A 22 h 30, il fait encore très clair, mais la remontée de la Seine nous attend dès demain matin !
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Mercredi 27 mai 2015
Les jours se suivent sans se ressembler ! Peut-être en avions-nous abusé hier au départ de Dunkerque et le soir le long des côtes anglaises car le soleil a été porté absent pendant l’essentiel de la remontée de la Seine vers Rouen. Brouillard quasi permanent avec des séquences où la visibilité était quasi nulle.
Malgré tout le pilote et le commandant, suivant la route sur le radar, ont respecté le plan de marche à la vitesse prévue. Navigation tout à fait impressionnante quand la visibilité est nulle et que la Seine, depuis son estuaire jusqu’à Rouen, boucles après méandres, va dérouler son parcours sur 120 km, sans beaucoup de portions droites, avec des largeurs qui varient, des bancs de sable qui changent de place, trois pont sous lesquels passer et environ 20 bacs qui traversent le fleuve de manière régulière. Le train et la route ne vont cumuler que moins de 70 km pour rejoindre Rouen au Havre !
Pendant des périodes assez brèves, le brouillard cède à regret la place à une chiche luminosité qui permet d’apprécier la beauté des maisons, des berges, des cygnes que le passage du navire ne perturbe nullement, … avant de se refermer sur le fleuve et le navire.
A quelques encablures de l’arrivée au port des Moulineaux, comme un cadeau de bienvenue, tout s’éclaire et à l’approche de la Bouille le soleil s’installe nous permettant ainsi de constater que de beaux villages bordent le fleuve et que les bacs sont bien là.
Manœuvre impeccable, sans l’aide d’un remorqueur, le Fort-Ste-Marie effectue une volte à 180 degrés sur le fleuve et vient se ranger en douceur le long du quai à l’emplacement qui lui est réservé et où l’attend déjà le premier camion apportant les vivres pour l’ensemble du prochain voyage de 28 jours aller aux Antilles et retour à Rouen. Un second camion viendra le rejoindre plus tard.
Pendant ce temps, sous le soleil et sur le fleuve l’activité ne se dément pas. Un vraquier, le Solidarnosc charge de l’orge un peu en amont au terminal céréalier. Un autre navire de la même compagnie maritime, tiré par deux remorqueurs quitte ce même terminal.
En aval et poursuivant dans la direction de Rouen, le paquebot Japonais Akusa II, navire long de 240 mètres, aménagé en grand luxe car il n’accueille que 800 passagers. Spécialisé dans les croisières « Tour du monde » avec la possibilité de n’y embarquer que pour un mois, trois mois ou plus.
Deux de nos compagnons de voyage débarquent dans le port de Rouen dans l’après-midi en compagnie des quatre chevaux qui vont poursuivre leur voyage jusqu’à leur destination finale.
Nous profitons de ce superbe après-midi d’escale pour aller visiter le centre-ville historique de Rouen, la ville aux 100 clochers. Visite rapide autour de la cathédrale, l’abbatiale, les rues du vieux Rouen fortement peuplées de groupes de touristes parlant toutes les langues et encadrés par des guides portant des pancartes de reconnaissance.
Dans la majestueuse cathédrale, pour la première depuis très longtemps sans échafaudage nous précise une habitante du lieu, trône une superbe maquette d’un drakkar comme ceux qui ont fait accoster notamment les guerriers de Rollon, premier Duc de Normandie.
Au retour au navire, les opérations de chargement des conteneurs se poursuivent.
Devinette en forme « d’image d’Epinal » :
Sur la photo ci-dessous qui montre bien la taille du bateau, en cherchant bien, entre escaliers et ponts, il est possible d’y découvrir les deux tiers des passagers restant à bord ainsi que le marin de garde à la coupée. Saurez-vous les retrouver?
13 – Descente de la Seine vers le Havre
Jeudi 28 mai 2015
Après l’appareillage à 1 h du matin depuis le port de Rouen et plus de 130 kilomètres de navigation sur la Seine, le Fort-Ste-Marie, entré dans le port vers 7 h du matin, vient s’amarrer au bout du quai du bassin Hubert Raoul-Duval dans le port le Havre-Port 2000.
Inauguré en 2006, aujourd’hui ce nouveau port propose un quai long de près de deux kilomètres qui sera bientôt rallongé de plus d’un kilomètre supplémentaire, vers la sortie du port. Ce qui lui permettra d’accueillir simultanément trois porte-conteneurs supplémentaires. L’objectif fixé lors de sa création, était de supprimer toute contrainte de marée, et par là, de supprimer les temps d’attente pour les plus gros porte-conteneurs de dernière génération. Ce port apparait organisé de manière beaucoup plus rationnelle que les ports classiques (comme Rouen, Dunkerque, Montoir-de-Bretagne, Pointe-à-Pitre) car une voie privative, permet le déplacement sans risque des automobiles et des piétons le long du quai car séparée, sur toute sa longueur par une clôture, de la zone de manutention des conteneurs.
Sous la pluie fine et avec une visibilité très réduite, à l’arrivée face à l’entrée du port, nous croisons un des actuels «géants des mers» le porte-conteneurs CMA-CGM-Alexander-Von-Humboldt en route, avec son impressionnante cargaison, vers l’ile de Malte où il est attendu le dans le port MARSAXLOKK le lundi 1er juin à midi. Ci-dessous des liens permettent de visionner cette brève rencontre entre le Fort-Ste-Marie et le Alexander-Von-Humboldt.
A l’entrée de Port 2000,
Croisement de l’Alexander-Von-Humboldt et du Fort-Ste-Marie
Alexander-Von-Humboldt en route vers Malte
Avec ses deux «navires jumeaux», le Marco-Polo et le Jules-Vernes, il fait partie du cercle restreint des très gros navires avec sa capacité à transporter 16 000 « boites » ou EVP (Equivalent Vingt Pieds soit environ 6 mètres) de longueur).
Long de 396 mètres (l’équivalent de la longueur de 4 terrains de football !) , large de 54 mètres (environ la largeur d’un seul terrain de football), il vient d’être dépassé en taille par une nouvelle génération de porte-conteneurs dont le CMA-CGM-KERGUELEN, baptisé au Havre le mardi 12 mai 2015, qui, lui, peut porter près de 18 000 « boites ».
Alexander Von Humboldt, était un scientifique et explorateur allemand né en 1769 et décédé en 1859. Il est considéré comme le père de la géographie moderne, celui qui a fondé les bases des explorations scientifiques modernes.
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14 – – De la Normandie jusqu’en Bretagne
Vendredi 29 mai 2015
Partis à 5 passagers et 4 chevaux de Guadeloupe, nous nous sommes retrouvés à 3 passagers et plus aucun cheval à l’escale de Rouen. Poursuite des désertions à l’escale du Havre, et pour poursuivre la route jusqu’à Montoir-de-Bretagne, puisqu’il n’en reste plus qu’un, je suis celui-là.
Appareillage à 11 h 15 avec l’appui du remorqueur « Superenzo » .
Nous quittons le Havre port 2000 à bonne et allure et comme nous étions le dernier bateau dans la zone des grues de la «Générale de Manutention Portuaire», associée de la compagnie CMA-CGM, tout proches de l’extrémité intérieure du bassin, nous passons en revue les quatre navires (Rafaela, Miami et Uma, porte-conteneurs, St Sara petit pétrolier ravitaillant Uma) et une péniche (Bosphore) amarrés dans le port ainsi que les portiques inactifs dont on pourrait imaginer qu’ils nous présentent les armes !
Le vent souffle ce qui a pour conséquence de creuser un peu la mer.
En mer le vent est plus accentué et la mer un peu plus forte. Le brouillard semble vouloir s’installer. De nombreux voiliers sur l’eau dont deux d’entre semblent disputer une régate.
Le Havre et Ste-Adresse s’éloignent sous un ciel gris.
Ste-Adresse, grand sujet d’inspiration pour Claude Monet.
Sur les hauteurs de Ste-Adresse se situait, il y a encore peu de temps, une école de formation de la Marine Marchande aujourd’hui installée à proximité du port du Havre. Les trois autres écoles sont implantées à St Malo, Nantes et Marseille.
A midi, nous avons parcouru 10 milles marins ( 18 km) et, sa mission terminée, sonne l’heure du départ du pilote. La vedette chargée de le recueillir nous a rejoint dans une gerbe d’écume. En quelques secondes il quitte le Fort-Ste-Marie par « l’échelle du pilote » et, une fois qu’il est à bord, la vedette reprend la direction du Havre.
La mer est maintenant plus creusée et le brouillard se lève. De très nombreux navires (au moins une vingtaine) sont au mouillage, en attente de rentrer à quai. Notamment un imposant navire roulier.
Deux heures plus tard le brouillard est plus épais et le son de la corne de brume se fait entendre. Puis la Normandie arrose notre départ en nous gratifiant d’une pluie drue et froide accompagnée d’une visibilité réduite et d’une mer plus forte que le soleil, malgré plusieurs tentatives, ne réussit guère à rendre moins grise.
Le navire tape dans la mer et nous sommes un peu secoués.
Vers 18 heures, alors que le navire vient de dépasser la pointe de la Hague et se trouve au large d’Alderney ou Aurigny en Français, l’ile Anglo-Normande la plus proche du continent, le soleil revient et s’installe dans le ciel. Il ne nous quittera plus avant son coucher.
Beaucoup de bateaux sur la zone entre ceux qui fréquentent le rail descendant comme le Fort-Ste-Marie et ceux empruntant le rail montant vers le Nord : des cargos, des pétroliers, mais aussi des pêcheurs au travail en plein milieu du rail, comme le Marie-Catherine, petit bateau rouge et blanc immatriculé à Cherbourg qui traîne son chalut entouré d’une nuée d’oiseaux de mer comme on le voit bien sur la vidéo accessible en cliquant sur le lien ci-dessus. Il se situe alors à moins de 1 500 mètres de nous.
Vers 22 h, à l’Ouest, le soleil descend doucement vers la ligne d’horizon derrière laquelle il ne se cachera que dans plus de 15 minutes. A l’Est nous contournons l’archipel des iles Anglo-Normandes (Guernesey, Sercq, Jersey, …)
A 22 h 30 il fait toujours très clair mais la température incite fortement à se réfugier à l’intérieur du navire.
Notre navigation va se poursuivre cette nuit en direction de Montoir-de-Bretagne que nous devons atteindre samedi 30 mai après être passés sous le pont de St-Nazaire.
Samedi 30 mai 2015
A 6 h, le jour est déjà bien levé et le soleil ne tarde pas à s’installer dans le ciel sur une mer calme mais où une houle résiduelle provoque un peu de roulis. Le vent a considérablement molli à Force 1, les températures n’ont plus rien de tropical avec 12°3 pour l’air et 14° pour la mer. Le navire file à près de 18 nœuds (33 km/h).
A 7 h la salle à manger est baignée de lumière et la mer est visible depuis la plupart des hublots, car pour cette traversée, aucun conteneur n’a été posé sur la rangée bâbord devant le château laissant libre la vue sur la mer.
Pendant la nuit, le Fort-Ste-Marie a contourné la Bretagne et se trouve déjà dans la Chaussée de Sein, avant un prochain changement de cap qui permettra de longer les côtes et les iles du Morbihan avant de se présenter à l’entrée de l’estuaire de la Loire.
Le trafic maritime de ce matin est beaucoup
moins intense que celui d’hier soir, plus au Nord dans la Manche. Cependant quelques navires sont à notre proximité dont quelques bateaux de pêche.
Au déjeuner, gâteau d’anniversaire du maître mécanicien pour tout le monde.
L’arrivée au port de Montoir-de-Bretagne est prévue vers 22 h et la « prise du pilote » vers 20 h.
A 14 h nous voguons au large de Belle-Ile-en-mer jumelée avec Marie-Galante.
Vers 17 h, le navire qui naviguait à allure réduite (10 nœuds soit 18 km/h) modifie son cap. Plus tard il augmente sa vitesse à près de 16 nœuds et dans la phase d’approche du point de rendez-vous avec le pilote, elle descend à 5 nœuds.
Temps doux mais brumeux.
Vers 18 h mise en place de l’échelle du pilote côté tribord. Un petit voilier long de 7 m file à 11 nœuds (information AIS) et il traverse notre sillage.
Un roulier de couleur bleu foncé siglé Airbus, le Ciudad-Cadiz sort de St-Nazaire et ne tarde pas à prendre la direction du Sud.
Un second roulier
Airbus, le City of Hamburg, attend au mouillage son tour pour rentrer dans l’estuaire.
Le soleil tente une timide percée au milieu des nuages, à la hauteur du phare du Pilier, juste devant l’ile de Noirmoutier où le sablier Michel DSR remplit sa cale.
A 19 h, le pilote, venu de St Nazaire sur la vedette rapide Lambarde , est à bord. Le Fort-Ste-Marie entame aussitôt la rentrée dans l’estuaire de la Loire. La vedette Couronnée IV n’est pas présente à son mouillage habituel, ce qui contraint les pilotes à rejoindre ou quitter les navires à servir à bord de vedettes rapides. Quand la Couronnée est à son poste de mouillage, les pilotes dorment à bord. Ils sont ainsi plus proches du lieu où ils embarquent ou débarquent des navires rentrant ou sortant de l’estuaire.
Un pigeon voyageur, bagué et semble t’il épuisé, a trouvé refuge sur le Fort-Ste-Marie. Tout d’abord sur la grue centrale puis ayant récupéré, il se promène sur le navire à la recherche de nourriture.
La rentrée au port s’effectue tranquillement (et
traditionnellement) en passant sous le pont de St-Nazaire et en longeant le chantier naval où la construction du paquebot Harmony-of-the-Seas se poursuit.
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